La France est prise dans une
mécanique infernale
Nicolas Sarkozy, déjà deux ans, encore trois ans. Un bilan ?
En deux ans, beaucoup de réformes, trop disent certains, mais quand il
n’y en a pas, les mêmes alertent l’opinion sur les risques de l’immobilisme.
Des changements annoncés pour certains, la fin des régimes spéciaux de
retraites par exemple, mais dans de telles conditions financières que la
collectivité n’y trouve pas son compte (à signaler tout de même que les
régimes spéciaux de retraite des parlementaires demeurent solidement
installés). D’autres changements imprévus, pas annoncés, mal préparés, on
pense surtout et essentiellement à la fin de la publicité sur les chaînes de
service public, intervenue dans la précipitation et compensée par la
multiplication des parrainages, parfois camouflés (« Victoires de la musique
»), et même désormais par la citation des marques dans les films et
téléfilms, manifestation tangible des ressources de l’hypocrisie humaine
quand l’excès de vertu entraîne l’insuffisance financière.
D’autres réformes encore en deux ans : l’Université, où tout fout le camp,
la fiscalité avec le fameux bouclier, les trente réformes de Rachida Dati,
pas une de moins, pas une de plus,et la justice qui marche de plus en plus
mal, la preuve par Colonna, Burgaud, Dray, pour ne parler que de celles dont
on parle ; la Constitution qui revalorise le Parlement, il ne reste plus
qu’à faire venir les parlementaires ; la loi LME, modernisation de
l’économie, qu’est-ce qu’on nous a bassiné avec la LME, qui donc jamais nous
en dira les effets ? L’immigration réformée avec une loi sur l’ADN dont les
décrets d’application s’empoussièrent dans un tiroir. J’arrête la liste qui
est colossale, à défaut que les conséquences soient efficaces.
En effet ce qui manque encore et toujours, c’est une réflexion, et donc des
décisions, dans des domaines qui n’intéressent pas grand monde et dont
dépend pourtant notre avenir collectif. D’abord, la compétitivité des
entreprises françaises qui ne cesse de se dégrader depuis dix ans. Nous
exportons moins, nous importons plus. Pourquoi ?
Comment y remédier ? Les Allemands se sont posé ces questions au tournant du
siècle. Pas nous. Notre protection sociale, ou plutôt l’originalité de notre
protection sociale, solidarité face à la maladie et au vieillissement, n’est
plus financée depuis des années. Pourquoi ? Comment y remédier ? Enfin, la
dépense publique excède régulièrement et de manière croissante, la ressource
publique. La dette collective s’amoncelle et le péril croît sur l’épargne
individuelle. Comment sortir de cette mécanique infernale ?
Tout projet politique qui ne répond pas à ces questions ne répond pas aux
problèmes de la Nation et à ceux des citoyens. Aujourd’hui - mais les choses
peuvent changer en trois ans - aucun des titulaires du pouvoir, et aucun de
ses postulants sérieux, ne font reposer leur réflexion ou leurs projets sur
ces piliers- là. Au contraire, la mode demeure à la célébration d’un
particularisme français, d’un modèle unique, dont nous pensons avec une
naïveté qui nous détruit que le monde finira par l’adopter. Et pourquoi donc
? Parce que c’est la France, monsieur, madame, et que ceci ne se discute
pas.
Un sondage Sofres indique ce matin que 63 % des sondés jugent négatif le
bilan des deux années de l’actuelle présidence. 28 % le jugent positif. Et
vous ?
Jean-Michel Aphatie
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