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10/2/09 Jean-Michel Aphatie
     Et si on nationalisait l’économie française ?

Ce matin, Christian Streiff, président du directoire de PSA Peugeot-Citroën, était l’invité de RTL, à 7 h 50.

La veille, à l’Elysée, le président de la République avait apporté le soutien de l’Etat aux constructeurs automobiles français. Un prêt de 3 milliards d’euros à chacun leur a été consenti pendant cinq ans, au taux de 6 %, un taux préférentiel par rapport à ceux du marché bancaire aujourd’hui.

Question simple à Christian Streiff : Pourquoi avez-vous besoin de cet argent de l’Etat ? Et réponse très directe, très simple elle aussi, ce qui est rare dans ce genre de situation : Parce que les banques ne nous prêtent pas l’argent dont nous avons besoin, a-t-il dit.

Du coup, les éléments du puzzle ne s’emboîtent plus. Avant de prêter de l’argent aux constructeurs automobiles, l’Etat en a prêté aux banques. Au passage, extraordinaire, tout de même. L’Etat français, endetté depuis trente ans, prête à des banques qui gagnent des milliards depuis des années. C’est quand même compliqué, l’économie. Sans doute ne sommes-nous pas assez intelligents pour en saisir le sel et l’essence.

Enfin, bref, les banques à qui l’Etat prête ne prêtent pas aux entreprises auxquelles elles devraient prêter. Et du coup, que doit faire l’Etat: il doit prêter aux constructeurs automobiles. Hallucinant.

En tout cas, l’aveu de Christian Streiff était saisissant ce matin. Il donnait envie de tout nationaliser d’un coup, les banques, les constructeurs automobiles, les entrepreneurs du bâtiment, TF1, Marianne, Pierre Péan, les journaux, les radios, Serge Dassault et son empire, kolkozes partout, planification et centralisation, militarisation de l’économie et tout ce qui s’en suit, Le président à la manoeuvre, notre grand président, Olivier Besancenot à Bercy et à Matignon, pourquoi pas, Jean-François Kahn, vu qu’il commence une nouvelle vie politique et que quand même, le parlement européen, c’est sans doute un peu étroit pour lui.

Je blague, je blague, parce que tout ça c’est de la blague, imaginez la tête d’Etienne Mougeotte si Besancenot s’installait à Bercy, mais il y a des matins où l’on ne comprend plus trop ce qui se passe. Je ne doute pas que certains esprits fins raconteront le monde et décriront avec précision sa réorganisation, la fin du capitalisme, le je vous l’avais bien dit, et j’en passe des plus méchantes. Mais s’il fallait attirer l’attention de tous sur un point, ce serait celui ci. L’intervention de Christian Streiff, ce matin, sur RTL, témoigne de la persistance de la méfiance entre les grands acteurs économiques et cela, hélas, n’annonce rien de bon pour les semaines et les mois qui viennent.

Jean-Michel Aphatie

 

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