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3/2/09 Jean-Michel Aphatie
  Sarkozy commence à prendre peur

Qu’attendre de l’intervention de Nicolas Sarkozy, jeudi soir ? Le plus important, le plus probant, se trouve dans le journal Le Monde daté d’aujourd’hui. Le premier ministre affirme qu’il faut « résister à la démagogie » de ceux qui réclament une relance de la consommation. Au moins, les choses sont dites. Est-il imaginable que, sur ce point, le président de la République contrarie son premier ministre ? Il ne faut pas l’exclure par principe, tant les relations entre les deux hommes sont particulières, et tant la gestion de l’action publique présidentielle peut parfois se révéler déroutante. Mais ce n’est évidemment pas le plus probable, et cela pour une raison de fond.

Un article du Figaro ce matin, signé par Charles Jaigu, nous renseigne sur l’état d’esprit de Nicolas Sarkozy, à trois jours de son intervention décisive. Ces papiers ont un statut particulier. Ils sont alimentés par l’Elysée pour faire passer des messages, commencer à préparer l’opinion. En ce sens, ils sont précieux car informatifs. Que lit-on ? Que « le président ne cache pas à ses interlocuteurs, depuis une semaine, que la situation économique atteint des niveaux d’alerte particulièrement sérieux. » Comment contester cela ? Chacun peut le voir à l’amoncellement constant de mauvaises nouvelles concernant les entreprises, ce qui finit par susciter des inquiétudes sur la situation de plus en plus difficile de plus en plus de pays. Ceux qui décrivent la situation au Japon et en Grande-Bretagne sont proches de l’alarmisme. Inquiétudes croissantes aussi en Chine, et à bien lire des papiers sur les USA, on perçoit la désagrégation continue du tissu industriel, le déséquilibre profond du secteur des services, les faillites proches de collectivités territoriales telles que la Californie ou New York.

C’est dans ce contexte que Le Figaro cite les réflexions du chef de l’Etat sur les menaces dans la zone euro. Les problèmes de la Grèce, proche de la banqueroute, sont une source d’inquiétude. Mais il y a plus, et plus neuf aussi, dans ce papier. Pour la première fois, il est prêté ce souci au président : « Il redoute également la perte de crédibilité de la signature de la France, qui peut être obligée d’emprunter de l’argent aux bailleurs de fonds étrangers à des taux de plus en plus élevés si elle multiplie les appels de fonds. »

Éclaircissons la phrase. Le financement de la dette va devenir de plus en plus complexe. Il s’agit là d’ailleurs de la découverte de la lune, puisque trente ans continus de déficits de toutes natures ne peut qu’aboutir à cela, crise ou pas crise. Ceci signifie donc que ce qui menace, en plus des problèmes actuels, c’est plutôt la rigueur budgétaire que l'expansion des dépenses. Il y a là quelque chose de mécanique, d’inexorable, que seuls les esprits faux pénétrés du primat de la politique sur l’économique peuvent nier. Hélas, les esprits faux pullulent en France. Et l’une des uniques portes de sortie, nous la connaissons aussi : la crise monétaire, l’hyperinflation, qui est une solution autant qu’un échec puisqu’alors, outre l’appauvrissement collectif, c’en serait fini de la monnaie unique européenne, donc d’une certaine façon de l’Europe.

Enfin, n’anticipons pas l’histoire en gestation. Nous nous contenterons d’attendre l’intervention du président de la République, jeudi soir, dont il est faible de dire qu’elle se fera dos au mur.

Jean-Michel Aphatie

 

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