www.claudereichman.com |
A la une |
27/1/09 | Jean-Michel Aphatie |
La purge est terrible et en France tout
continue comme avant ! Avons-nous vraiment conscience de l’ampleur et de la profondeur de la crise économique qui étreint les pays occidentaux ? « Lundi noir », diagnostique ainsi le Figaro-économie qui évoque « les 50.000 suppressions d’emplois en un jour » constatés dans des entreprises aussi diverses que l’opérateur des télécoms américain Sprint Nextel, le banquier néerlandais ING, la multinationale Philips, le constructeur US Général Motors, auxquels s’ajoutent des entreprises japonaises moins connues. Hier encore, des nouvelles alarmantes concernaient Airbus. L’avionneur devrait enregistrer cette année moins de commandes qu’il n’effectuera de livraisons, ce qui a incité les pouvoirs publics à étudier un plan d’aide chiffré à 5 milliards d’euros. Si l’on ajoute à ces difficultés celles de l’automobile et du bâtiment, on peut constater que c’est l’ensemble de l’armature de l’économie française qui menace de s’écrouler. Un constat, hélas, identique à celui que l’on peut faire dans les autres pays européens et aux Etats-Unis. Hier toujours, un lecteur attentif des journaux pouvait lire un compte rendu proprement hallucinant de l’état du débat en Grande Bretagne. Conservateurs et travaillistes ferraillaient sur l’intervention possible ou non, probable ou non, du FMI, ce fonds monétaire international dont personne n’aurait imaginé, voilà six mois, qu’il pourrait intervenir dans l’économie d’un pays dit développé. Pourquoi ce débat en Grande Bretagne ? Parce que les finances publiques du royaume se déglinguent à vitesse grand V, que sa monnaie, la livre, orgueilleux outil de ce peuple formidable, plonge dans les profondeurs des marécages des marchés des changes. Si rien ne vient contrarier la tendance de ces dernières semaines, l’Etat britannique sombrera dans la banqueroute, naufrageant dans son sillage une économie naguère prospère. Cela rend compte de la terrible maladie qui nous frappe. Certes, les gouvernements s’agitent, ils multiplient les plans, ils accumulent les milliards. Mais tout paraît vain tant la purge est sévère. Convenons que personne en France, aucune autorité, aucune personnalité, aucune institution, n’alerte sérieusement l’opinion publique sur la gravité du péril auquel nous sommes confrontés. On pourra dire qu’il est criminel, dans cette période, de tenir un langage de vérité, lequel ne ferait que noircir les esprits et débander les énergies. Prisonnier de cette logique, le gouvernement français est d’ailleurs le seul du monde occidental a faire figurer dans ses prévisions officielles une croissance modeste sans doute, mais tout de même de 0,2 % à 0,5 %. On en rirait, si cela n’était qu’un jeu, comme on rirait de ces députés représentant la Nation qui ont voté une telle fadaise. Une autre conception intellectuelle du débat public pose comme principe que dans une démocratie, les élus du peuple, les dirigeants d’une société ne puisent la confiance qui autorise l’action que dans un discours de franchise et de vérité. Décrire le plus justement la situation à la population, au peuple, aux citoyens, apparaît comme l’unique manière de légitimer le mécanisme de la représentation et de préparer, pour les surmonter, à la cruauté des épreuves. Mais en France, pays singulier et même unique, nous vivons tellement dans les mensonges de l’intellectualisme que nous ne sommes plus capables, et depuis longtemps, de voir le monde tel qu’il est et tel qu’aujourd’hui il nous agresse. Jean-Michel Aphatie
|