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29/9/09 Jean-Michel Aphatie

          La France va vers l’une des pires purges            économiques et financières
de son histoire !

Ce matin, Christine Boutin était l’invitée de RTL à 7h50.  Dans la matinée d’hier, lancer une invitation à l’ancienne ministre du logement nous est apparu comme une évidence. Souvent en effet, des élections partielles opèrent comme un révélateur d’un climat jusque là diffus. La législative dont le second tour s’est déroulé dimanche dans la dixième circonscription des Yvelines entre dans cette catégorie de scrutin dont les enseignements dépassent largement le territoire où elle se situe.

Pendant plus de vingt ans, l’électorat a majoritairement choisi des candidats de droite. Il s’en est fallu de cinq voix, dimanche soir, pour que le député de la circonscription ne soit de gauche. Comment expliquer ce spectaculaire renversement de tendance ? Voilà ce que s’est efforcée de faire, ce matin, Christine Boutin.

Raisons locales, a-t-elle dit. Bien sûr. Le projet de construction d’un circuit de Formule 1 sur l’un des terrains de ce territoire suscite de nombreuses oppositions, y compris probablement de la part de ceux qui regardent les courses automobiles, le week-end, dans leur salon. Raisons nationales aussi, a ajouté l’ancienne ministre. Ce qui, là encore, semble pertinent.

Au chapitre de ces dernières, Christine Boutin a évoqué l’affaire Clearstream, qui divise la droite. Peut-être. Il est clair en tout cas que Nicolas Sarkozy en a trop parlé, et mal, avec trop d’agressivité, et que tout ceci finit par créer un climat qui lui est préjudiciable.

Le plus important, cependant, est ailleurs, dans la succession de taxes qui apparaissent ces derniers jours comme des champignons après la pluie. Taxe carbone, fiscalisation des indemnités journalières, augmentation du forfait hospitalier: l’impression s’installe d’un siphon directement branché sur les poches des contribuables qui n’attendent que l’occasion de se transformer en électeurs pour signifier que cela ne leur plaît pas beaucoup.

Ce matin, Christine Boutin a relayé ces sentiments. Elle a expliqué qu’en continuant sur ce chemin, la majorité, à laquelle elle assure continuer à appartenir, perdrait le contact avec ceux qui jusqu’ici la soutiennent. Le raisonnement se comprend, et il doit restituer à peu près fidèlement ce que ressentent bon nombre de Français vis-à-vis de la politique conduite : de l’incompréhension ou de la déception, une perte d’adhésion devant ce qui semble être une avalanche de décisions secondaires susceptibles de compliquer encore une vie déjà pas facile.

C’est sans doute ici que nous touchons au drame de la politique actuelle. Personne, ni le premier ministre, ni le président de la République, le premier cité ne pouvant d’ailleurs se risquer à l’exercice que si le second cité l’y autorise ou l’y encourage, personne donc ne prend la peine de concevoir un discours expliquant vraiment la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui la France. Et il faut bien dire que personne, ni vous ni moi, selon la formule consacrée, encore que moi c’est un peu différend, personne ne semble prêt à entendre un tel discours.

Plutôt que de nous empailler sur l’hyperprésidence et l’hyperparlement, nous ferions mieux de parler de l’hyperendettement qui est aujourd’hui la réalité de la France. En 2009, puis à nouveau en 2010, nos déficits publics feront exploser les records de déficits. Aux 250 milliards d’euros, environ, de déficits cumulés sur ces deux seules années, nous ajouterons une facture d’environ 50 milliards d’euros pour le grand emprunt que prépare la commission Rocard-Juppé.

Que cet endettement colossal soit une conséquence de la crise peut s’entendre à défaut de s’admettre. Car vraiment, comme décomplexé par la situation de désordre mondial dans lequel nous a plongés la planète financière, nous allons nettement au-delà du maximum dans ce domaine. Mais surtout, une telle politique d’endettement n’est admissible que si le pouvoir qui la décide réfléchit en même temps à la période suivante, c’est-à-dire celle de la maîtrise de cette folie, de sa réduction, et d’un retour nécessairement rapide à une situation plus normale.

Or, aucun indice ne montre que cette préoccupation existe au sommet de l’Etat. L’exécutif paraît engagé dans une prodigieuse fuite en avant qui ressemble aussi à un formidable déni de réalité. Et il semble que seules quelques bouffées d’angoisse trouvent à s’exprimer de loin en loin, qui donnent des projets d’apparence baroques, car situés au milieu de nulle part, telles que ces fiscalisations d’indemnités ou ces augmentation des forfaits.

Aujourd’hui encore, le président de la République va tenir un discours sur la jeunesse et annoncer à cette occasion des initiatives financées par l’Etat. En procédant ainsi, il trompe deux fois l’opinion publique. La première en laissant croire que l’Etat peut demeurer le financier de la vie sociale qu’il a été. Ce qui est évidemment faux. La seconde en rendant incompréhensible les maigres efforts de rigueur financière annoncés isolément.

La conduite gouvernementale est aujourd’hui une ligne brisée. Les citoyens commencent à la percevoir ainsi, si l’on en croit les électeurs des Yvelines. Il est plus qu’urgent qu’enfin un discours sombre et réaliste vienne éclairer la scène nationale sous peine de se voir projeter, soit avant la prochaine élection présidentielle, soit rapidement après, dans l’une des pires purges économique et financière que ce pays ait jamais affronté.

Jean-Michel Aphatie

 

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