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7/10/08 Jean-Michel Aphatie

Quand on construit sur des sables mouvants, un jour tout s’enfonce

Que dire de plus que ce qui a déjà été dit sur la crise qui nous assaille ? Que dire d’utile, qui ne soit ni pessimiste, ni apocalyptique, ni défaitiste ? Que dire de sensé, d’intelligent, sur ce monde qui déraille ?

Oui, certainement, il y aura des leçons à tirer de tout ceci. L’argent pas cher par exemple. Qu’est-ce qu’on nous a gavé, et pendant des années, avec cette politique américaine des taux d’intérêts bas, de l’emprunt facile des ménages. Je me souviens de responsables politiques français qui jugeaient drôlement formidable les présidents de banque centrale américaine, eux au moins ils savaient baisser les taux d’intérêts alors que notre Jean-Claude Trichet était dépeint comme un benêt, accroché à l’inflation, alors que l’inflation, ah, ah, ah, ce n’est pas le problème...

Avez-vous oublié les noms de ces stratèges financiers qui ont accablé le débat public de leurs certitudes ? L’argent pas cher aux Etats-Unis a eu une vertu : les années d’expansion et de croissance. Il n’a qu’un défaut : à un moment, pour une cause mal identifiée ou pas anticipée, tout explose. L’économie a ceci de certain : quand on construit sur des sables mouvants, un jour tout s’enfonce.

La France vit à crédit depuis trente ans. L’Etat vit à crédit depuis trente ans. Des batailles sémantiques épuisantes ont fini par faire triompher l’idée dans le public que ce n’était pas grave, que l’Etat ce n’est pas les ménages, et qu’il faut être sot pour s’alarmer de la situation. Ben voyons...

L’Etat, justement, devra s’endetter bientôt, très bientôt, et beaucoup, très beaucoup. La dernière idée à la mode, qui n’est pas fausse, c’est bien le drame, concerne ce « fonds de garantie » que l’Europe devra bien finir par créer pour ramener de la confiance sur les marchés. Notre « plan Paulson » à nous. L’argent public achètera des obligations pourries pour nettoyer les marchés. Les banquiers peuvent dormir tranquilles, leurs fautes seront rachetées, et cher.

Pour alimenter ce fonds, il faudra verser des sous. Of course. Beaucoup de sous. Of course. Chaque Etat devra verser environ 3% de son PIB dans ce fonds sans fond. Pour la France, ce sera de l’ordre d’une cinquantaine de milliards d’euros. D’où les sortirons-nous ? De quel chapeau de magicien ? Abracadabra... emprunt ! C’est, et de loin, ce que nous savons faire de mieux en France. Et dans l’urgence, il se trouvera toujours des docteurs « tant pis » pour nous faire avaler la potion.

Jean-Michel Aphatie

 

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