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29/10/08 | Jean-Michel Aphatie |
Nous avons élu un
vendeur de vent ! « Plan plan contre le chômage ». Ce titre est celui du journal Libération, ce matin. Il concerne, évidemment, les mesures pour l’emploi présentées hier, dans les Ardennes, par le président de la République. Pour une part, ce titre, drôle, est juste. Le retour des contrats aidés, s’il peut faire sourire venant de celui qui les a méchamment dénoncés durant sa campagne électorale, n’a rien de très original, on n’est même pas sûr que ce soit efficace. Si l’économie réelle est déprimée, si la croissance descend en dessous du niveau de la mer, il n’y aura pas grand monde pour signer des contrats, aidés ou pas. Pour une autre part, ce titre est instructif. Qu’attendait-on donc de la politique aux prises avec l’économie réelle ? Une idée géniale, à laquelle personne n’avait jamais pensé, susceptible de modifier profondément les comportements des acteurs économiques ? A sa façon, ce titre, bienvenu et talentueux encore une fois, renseigne sur une psychologie collective profondément ancrée dans les esprits. Nous continuons de regarder la politique comme un miracle potentiel. C’est pour cette raison que nous avons élu un illusionniste en 1981, un marchand de sable en 1995 et un vendeur de vent en 2007, lequel a triomphé d’une négociante en miracles. Personne ne sait ce que nous sortirons de notre chapeau en 2012, mais rien n’indique pour l’instant que nous soyons redescendus du nuage sur lequel nous vivons depuis plusieurs siècles. La composante psychologique est évidemment une donnée importante des temps de crise économique. Frédéric Oudéa, directeur général de la Société générale, invité de RTL, ce matin, à 7h 50, a tenu un discours optimiste. Les chefs d’entreprise qu’il voit sur le terrain, a-t-il assuré, ont des projets, font des projets, et sa banque, a-t-il réassuré, verbe de circonstance, est prête à les soutenir. Discours volontairement optimisme? Peut-être pour l’immédiat. Mais on peut aussi noter que depuis la nuit des temps, quelques esprits dans les communautés ont la capacité de se projeter au delà de la conjoncture et cherchent, très tôt, dans le tâtonnement et avec un important risque d’erreurs, à construire l’après crise. C’est ainsi, avec cette psychologie, que l’espèce humaine a traversé les pires épreuves, et leur a survécu. Nous avons appris cela dans les livres d’histoire, mais l’évidence de ces lectures ne procure pas les mêmes sentiments que l’expérimentation directe dans laquelle nous plonge l’actualité de la crise économique et financière mondiale. Jean-Michel Aphatie |