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21/1/09 Jean-Michel Aphatie
      Dansons sur le volcan, darling !

C’est fait. Barack Obama est devenu hier le 44e président des Etats-Unis. Il a loupé son premier discours, on en a entendu des meilleurs dans les comices agricoles. Pas grave, il se rattrapera. Il a savonné au moment de prêter serment. Pas grave, les Américains lui ont quand même filé le job. Hier soir, il a dansé avec sa femme, il a plaisanté avec ses potes. Tout ça a bien agacé notre président à nous. Il est temps qu’il se mette au boulot, a-t-il lâché en substance au détour d’une escapade banlieusarde. C’était le premier jour d’Obama.

A l’Assemblée nationale, il s’est passé un truc extraordinaire hier soir. Les députés socialistes ont chanté la Marseillaise. Il paraît que ça ne s’était pas produit depuis des années et des années, ils ont dit la date sur RTL, ce matin, premier jour d’Obama, mais j’ai oublié. Pourquoi ont-ils chanté ? Pour protester contre la « poutinisation rampante » de la société française. Manuel Valls, député socialiste, l’a bien expliqué tout à l’heure, sur France Inter. Grâce à la réforme de l’audiovisuel, le président de la République contrôle les médias, à vos ordres chef. Il a aussi mis au pas la justice, et donc il veut museler le parlement en restreignant le droit d’amendement. D’où la Marseillaise. Pas mal vu comme réponse. Je ne sais pas si en Amériques, ils ont le même problème que nous, si la « poutinisation » rampe aussi chez eux, c’est comme un parasite, ça rampe, vous ne le voyez, vous chantez la Marseillaise, il s’arrête, scotché, et puis il repart.

A Moscou, en revanche, la poutinisation ne rampe pas. Un avocat qui défendait la mémoire d'une Tchétchène a été assassiné dans la rue. Une journaliste qui se trouvait à ses côtés a été assassinée aussi. La police recherche le meurtrier, un homme, selon les témoins, qui a tiré avec un pistolet muni d’un silencieux. Elle ne le retrouvera pas, le meurtrier. C’est ça la différence entre une "poutinisation" qui rampe et une « poutinisation » qui ne rampe pas.

Sinon, c’est la crise. Il faut à nouveau prêter de l’argent aux banques. Le gouvernement va débourser 10 milliards supplémentaires. A propos des banques, quelques-unes sont à nouveau au bord du gouffre en Grande Bretagne et les pires rumeurs circulent sur les comptes des banques allemandes qui planqueraient, est-ce possible?, des pertes abyssales - le chiffre de 300 milliards d’euros est évoqué - dans les colonnes de chiffres que des experts dépassés par les évènements essaient de décortiquer.

Ajoutez donc à cela les déficits qui se creusent partout, dans tous les pays, Etats-Unis, Grande Bretagne, Allemagne, Espagne et Grèce - dont la note de confiance vient d’être dégradée - paieront leurs emprunts plus chers, l’Italie, pas loin de la dégradation, et la France aussi, bien sûr. Quelques lignes plus haut, il est écrit que le gouvernement français va prêter dix milliards d’euros aux banques. Rajoutez en six pour l’automobile, rien que ça, six milliards d'euros. En fait, le système est en train de se déglinguer, ici et ailleurs.

Actuellement, les gouvernements maquillent autant qu’ils le peuvent. Ils empruntent à tire larigot de l’argent pour boucher des trous qui ne cessent de s’agrandir. On évoque la somme astronomico-gigantesque de 3000 milliards de dollars qui seront empruntés par les Etats occidentaux au cours de cette seule année 2009. Les papiers fleurissent dans la presse économique sur le risque de voir les marchés financiers se tarir, ne plus pouvoir répondre à la demande de crédits des Etats, ou alors le faire à des taux tels que les remboursements deviendront hypothétiques.

Bref, tout le monde serre les fesses. Le volcan chauffe comme une bouilloire. Pendant ce temps là, M.et Mme Obama dansent. Bienvenue au club, M. Obama.

Jean-Michel Aphatie

 

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