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2/12/08 Claude Reichman

     Arrestation à l’aube : la dictature est en marche !

L’interpellation à l’aube d’un journaliste et sa mise en garde à vue dans une banale affaire de diffamation présumée soulève à juste titre l’émotion médiatique. Tous les articles publiés ont eu raison de préciser que les journalistes ne réclamaient pas un traitement particulier et que cette affaire concernait tous les citoyens dans leurs rapports avec la justice et la police. De nombreux observateurs n’ont pas manqué de faire remarquer qu’il est plus facile à un journaliste de se défendre en de telles circonstances qu’à un individu isolé et inexpérimenté et ont fort opportunément posé le problème des procédures judiciaires françaises. Au point que le président de la République a été obligé de désavouer les ministres concernés, Mme Dati à la Justice et Mme Alliot-Marie à l’Intérieur, qui avaient l’une et l’autre considéré que tout s’était passé de façon régulière, et a chargé une commission de réfléchir à «une procédure pénale plus respectueuse des droits et de la dignité des personnes ».

Il y a chaque année 560 000 gardes à vue en France, et leur nombre n’a pas cessé d’augmenter. Les conditions dans lesquelles elles se déroulent sont indignes d’un Etat de droit et d’un pays civilisé : fouilles au corps, cellules infectes, policiers trop souvent goguenards voire insultants, on ne compte plus les témoignages accablants sur cette survivance des pratiques moyenâgeuses. Certains affectent de croire que la lutte contre l’insécurité est à ce prix. Ils se trompent. Les malfaiteurs endurcis se soucient comme d’une guigne de ces humiliations, qui ne sont pour eux que de petits incidents de parcours. Les délinquants occasionnels subissent ces traitements comme la marque d’une société dont ils ont raison d’enfreindre les lois, puisqu’elle les méprise plus encore qu’elle ne les condamne. Quant aux personnes qu’on soupçonne à tort et qui sont parfaitement innocentes, elles sont traumatisées à vie et maudissent les lois qui les maltraitent au lieu de les protéger. Rien de tout cela ne fait avancer la sécurité et la citoyenneté.

Tout se passe comme si le docteur Knock avait trouvé ses meilleurs émules dans le système répressif : tout innocent est un coupable qui s’ignore. En fait de tels procédés sont caractéristiques des régimes dictatoriaux, dont la survie passe par la peur qu’ils inspirent aux citoyens. Dictature, diront certains, vous y allez fort ! Eh bien non, je maintiens : dictature !

Dictature, mais de qui ? Voilà enfin la bonne question. Des politiciens ? Même pas, ils ne commandent pas grand-chose ni à grand monde et ont aussi peur que n’importe qui – voire plus, bien souvent, et parfois à juste titre – de tomber entre les mains d’un système judiciaire que personne ne contrôle plus et qui vit de sa propre vie. Alors ? Alors, la réponse est fort simple : la France est un Etat gouverné par son administration, par ses fonctionnaires pour ses fonctionnaires. Le maintien d’un tel système exige que toute contestation soit réprimée. Ce n’est donc pas un hasard si l’Etat mène actuellement une chasse aux journalistes, tout comme il a soumis la vie économique aux lois pénales et réduit à l’impuissance, par la fiscalité et le monopole de la sécurité sociale, tous ceux que leur réussite économique risquait de transformer en de redoutables concurrents pour la direction de la société.

Voilà pourquoi il est vain d’espérer d’une commission Théodule ou d’un président de la République «une procédure pénale plus respectueuse des droits et de la dignité des personnes ». Cette réforme ne peut passer que par celle de la fiscalité et par l’abrogation dans les faits du monopole de la sécurité sociale, tant il est vrai qu’il n’est pas de citoyenneté sans qu’existent les moyens de l’assumer.

Je serais en droit de dire aux journalistes qui font obstinément silence sur la liberté sociale - quand ils ne militent pas contre elle - et sur l’indispensable allègement de la fiscalité que la perte de leur indépendance professionnelle est le prix qu’ils paient pour leur inconscience, leur irréflexion, et parfois leur aveuglement idéologique, mais je ne le ferai pas. Face aux menaces qui pèsent sur la liberté de tous, il faut savoir choisir son camp. Le nôtre ne sera jamais celui des petits hommes gris, dont chacun devrait savoir qu’ils n’ont besoin que d’un exalté à leur tête pour faire passer le pays de l’oppression bureaucratique à la terreur sanglante.

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

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