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24/7/09 Claude Reichman

Attali assassine Sarkozy !

Voilà ce que c’est que d’embaucher des socialistes : ils finissent par vous adopter ! On se souvient que Jacques Attali avait été chargé par Nicolas Sarkozy, dans les premiers mois de sa présidence, de diriger une commission chargée de définir les grandes réformes à faire au cours de son quinquennat. Ce qui signifiait – tout le monde l’avait remarqué – que le nouvel élu était arrivé au pouvoir sans projets. La commission Attali a accouché de 316 « décisions », pas une de moins, susceptibles de « créer les conditions d’une libération de la croissance française ». Depuis, tout ce fatras est retourné au néant d’où il n’aurait jamais dû sortir et la croissance française s’est muée en récession, aidée en cela, il faut le dire, par la crise mondiale, que nous n’avions toutefois pas attendue pour être incapables de progresser économiquement.

Or voilà que dans L’Express du 22 juillet 2009, Jacques Attali se fend d’un éditorial intitulé « Avenir du socialisme », dans lequel il rend à Nicolas Sarkozy un hommage qui va aller droit au cœur des braves couillons qui ont cru élire un président de droite.
« L’autre question, écrit Attali, est celle de la pertinence de « socialiste » dans le nom du principal parti d’opposition en France, où le président de la République, supposé de droite, s’ingénie à tenir, sur bien des sujets, un discours que ne récuserait aucun idéologue de la gauche la plus exigeante. » Et comme si l’hommage n’était pas assez appuyé, l’ancien conseiller de François Mitterrand se risque, sur le ton le plus péremptoire qui soit à un pronostic : « S’ils continuent ainsi, dans trois ans, dix candidats de gauche seront battus par le seul candidat qui aura été, au moins dans son discours, ouvertement socialiste, et qui sera triomphalement réélu ! »

Beaucoup d’électeurs de Sarkozy ont fait, sans l’aide de Jacques Attali, le même constat et évoquent cette malédiction française qui veut que, depuis Giscard, tous les présidents de droite font une politique de gauche. Eh bien rassurons-les : il n’y a aucune malédiction, mais un simple problème de structures.

Quand vous arrivez au pouvoir dans un pays où le quart de la population active est fonctionnaire (soit deux fois plus que dans les pays de l’OCDE), où les prestations sociales représentent plus de la moitié des dépenses publiques, où le bulletin des lois – qui récapitule les lois votées – s’alourdit annuellement de 3 kilos de papier supplémentaire (contre 380 grammes il y a 25 ans), et où au moins 350 000 étrangers – non européens pour la plupart – viennent s’installer et ont droit à tout sans que les locaux d’habitation, les hôpitaux, les écoles, les prisons et les budgets aient été conçus pour un tel afflux, la seule chose que vous avez à faire quand vous êtes un président de droite nouvellement élu c’est de tailler aussitôt dans le vif de tous ces dispositifs. On pourrait appeler cela, voyons …la rupture. Sinon, c’est le système qui, en quelques mois, s’impose à vous et il ne vous reste plus qu’à devenir socialiste, ce qui n’a causé nulle peine même légère à Giscard et à Chirac et à quoi Sarkozy s’est résolu sans le moindre état d’âme, n’ayant au fond rêvé que de « faire président » sans avoir jamais eu la moindre ambition pour son pays.

Les observateurs sérieux – si, si, il y en a – n’ont pas encore commencé à analyser les conséquences de ce nouvel échec de la droite. Elles sont pourtant évidentes. Atterrés par l’échec de Sarkozy, les électeurs de droite vont forcément chercher des solutions. Au stade de décomposition où en est arrivée la classe politique, c’est en dehors d’elle que vont se situer les recherches. Cela signifie qu’une ou plusieurs forces de véritable alternance vont naître.

L’une d’entre elles existe déjà et n’a pas peu fait pour populariser l’idée de rupture : c’est la Révolution bleue. En moins de deux ans de publications et de manifestations, elle avait, à partir de l’automne 2005, imposé l’idée qu’il fallait changer de politique en France et popularisé les grands thèmes de cette indispensable rupture. Nicolas Sarkozy s’est emparé du mot mais non de la chose et nous voilà revenus au point de départ, l’écoeurement des citoyens en plus. Gageons que dorénavant ils se méfieront des ersatz et ne feront confiance qu’à l’original.

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

 

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