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16/2/10 Claude Reichman

Retraites : « La France aux ordres d’un cadavre » !

C’est le sondage qui dérange. Au point que personne n’en a parlé. Même le quotidien gratuit Métro qui l’a commandé à l’institut Opinion Way ne l’a publié, le 15 février 2010, que sous forme d’un petit encart, préférant titrer sur le fait que « seuls 21 % des Français font confiance au gouvernement pour sauver les retraites ». Mais ce n’est pas, et de loin, le principal enseignement de cette enquête. Car ce que disent les Français sondés, c’est qu’ils ne font confiance, « pour sauvegarder le système de retraite », ni au gouvernement, ni aux syndicats de salariés (24 %), mais seulement à eux-mêmes dans une proportion de 45 % ! Oui, vous avez bien lu : près de la moitié des Français veulent se constituer eux-mêmes leur retraite ! Autrement dit, pour eux, la capitalisation est la seule solution pour échapper au désastre de la répartition !

Voilà qui jette un jour cruel sur les déclarations du gouvernement, des partis politiques et des médias réunis, proclamant à la fois que le système actuel n’est pas tenable et qu’il est hors de question de toucher à la répartition. Autant crier à une personne qui se noie qu’elle va bientôt couler mais qu’il est totalement exclu qu’on lui jette une bouée !

Les Français doivent le savoir : M. Sarkozy veut préserver les retraités actuels, qui constituent son dernier bastion électoral, et les syndicats de salariés ont comme unique souci de veiller à ce qu’on ne touche pas un cheveu de la retraite des fonctionnaires, qui forment le gros de leurs troupes. Et que périssent tous les autres, à commencer par les jeunes générations, qui se voient prélever 29 % de leur salaire au titre de l’assurance vieillesse et qui sont assurées de ne jamais rien toucher, puisqu’au moment où elles arriveront à l’âge de la retraite, le système aura depuis longtemps affiché des déficits mortels, comme l’a indiqué sans ambages le ministre du Travail, Xavier Darcos, lors de plusieurs interventions médiatiques récentes.

De tout cela, les Français sont conscients et désormais ils ne comptent plus que sur eux-mêmes pour assurer leurs vieux jours. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Comment les classes moyennes et populaires pourraient-elles capitaliser quand les prélèvements obligatoires leur enlèvent l’essentiel de leur pouvoir d’achat et que ces mêmes prélèvements rendent la vie si chère que de plus en plus de gens ne s’en sortent plus, quand ils ne sombrent pas dans la misère ?

La France est donc entrée dans une impasse dont elle ne pourra sortir que par une véritable révolution. Il n’y a en effet que deux hypothèses. Ou nos compatriotes laissent se dérouler l’actuelle politique du chien crevé au fil de l’eau : on augmentera la durée de cotisation, on diminuera le montant des pensions, jusqu’à transformer celles-ci en misérable aumône. Les gouvernements, qu’ils soient de gauche ou de la fausse droite, feront cotiser les plus jeunes aussi longtemps que possible (c’est-à-dire jusqu’au moment où ils se révolteront ou voteront avec leurs pieds en allant chercher meilleure fortune à l’étranger) et laisseront progressivement mourir de faim les retraités au fur et à mesure de la baisse des cotisations des actifs, pour cause de choc démographique et économique.

Ou bien, seconde hypothèse, on adopte la seule solution susceptible de préserver autant que possible l’intérêt général : le passage à la capitalisation. C’est ce qu’a réussi José Pinera au Chili, par l’abandon de la répartition pour les personnes volontaires pour le faire (solution choisie par 90 % des Chiliens), et par la garantie par l’Etat des pensions des personnes à la retraite ou près d’y entrer. José Pinera a d’ailleurs été l’invité de REICHMANTV dans une émission au cours de laquelle il a pu détailler ses solutions, qui valent aujourd’hui au Chili de bénéficier d’une épargne atteignant la valeur du PIB annuel du pays, alors que la France, qui a fait le choix dramatique du tout-répartition, a une dette qui va bientôt dépasser le montant de sa production annuelle !

On mesure la difficulté du chemin à parcourir quand tous ceux qui ont le droit de s’exprimer dans les grands médias plaident follement pour le maintien de la répartition, qui n’est somme toute qu’un avatar du communisme. Cela s’appelle une politique suicidaire : France Télécom à l’échelle de toute la nation !

La seule question que doivent donc désormais se poser les Français est la suivante : vaut-il mieux vivre ou mourir en restant « aux ordres d’un cadavre » ?

Claude Reichman
Président du Mouvement pour la liberté de la protection sociale (MLPS),
porte-parole de la Révolution bleue.


 

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