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23/2/09 Marc Mennessier
Procès AZF : Chirac et Jospin refusent                       de témoigner

C’est maintenant officiel : Jacques Chirac et Lionel Jospin, les deux têtes de l'exécutif au moment de l'explosion de l'usine AZF en 2001, ne viendront pas témoigner au procès AZF qui s’ouvre le lundi 23 février à Toulouse.

L’ancien président de la République et l'ancien premier ministre socialiste l’ont fait savoir par écrit au juge Thomas Le Monnyer, qui présidera le tribunal.

Me Laurent de Caunes, l'avocat de Monique Mauzac, dont le mari, ingénieur à AZF, est décédé lors de la catastrophe, et qui est à l'origine de cette demande de citation, a expliqué à l’agence Reuters que "Jacques Chirac a invoqué la Constitution pour ne pas honorer les débats de sa présence et Lionel Jospin a seulement précisé qu'il n'avait 'rien à dire'".

L’ancien premier ministre n’avait pourtant pas hésité à « dire » quelques heures seulement après le drame, lors d’une conférence de presse improvisée aux abords de l’usine dévastée, que l’explosion était un « accident dramatique ». Sept ans après, on a du mal à imaginer que Lionel Jospin ait pu formuler de tels propos comme ça, à partir de « rien ».

On aimerait aussi savoir pourquoi juste avant, à 12 h 31 exactement, une dépêche de l'Agence France Presse, diffusée dans le monde entier, affirmait que "selon les premières constatations effectuées par la police", l'explosion "serait probablement d'origine accidentelle". Or, comme je l'ai démontré dans mon livre, les policiers toulousains n'avaient pas encore eu matériellement le temps, à ce moment précis, de procéder à la moindre "constatation"...

En fin d’après-midi, Jacques Chirac avait été encore plus explicite en déclarant que « les données actuelles permettent de penser » que l’explosion est due à un « accident » même s’il est « probablement trop tôt pour l’affirmer avec une totale certitude ».

Sur quelles « données » l’ancien chef de l’Etat s’appuyait-il pour privilégier à ce point une hypothèse accidentelle que les experts judiciaires ont été incapables ensuite de confirmer au bout de cinq ans d’instruction ? Voilà qui aurait été de nature à éclairer les zones d’ombres et les lacunes de ce dossier dont le gigantisme (7500 pièces, 50 000 pages) n’a d’égal que sa vacuité.

Les victimes d’AZF, auxquelles Jacques Chirac avait pourtant fait part, le 21 septembre 2001, de sa « compassion » (l’ancien président n’avait-il pas créé un secrétariat d’Etat aux Victimes ?), mais aussi les Toulousains et les Français n’auront pas le droit de savoir. Silence d'Etat toujours...

La réponse des deux anciens chefs de l’exécutif aurait été "d'autant plus intéressante que, par la suite, l'hypothèse de l'accident chimique a bénéficié de la part de la justice du statut de piste unique et exclusive " argumente Me de Caunes qui « doute que le président du tribunal décide de les faire venir par la force publique. » Il en a pourtant le droit. Au moins vis-à-vis de Lionel Jospin qui, à ma connaissance, ne bénéficie pas de la protection de la Constitution.

Me Stella Bisseuil, l'avocate de l’Association des familles endeuillées, présidée par Gérard Ratier, dont le fils, Alain, a perdu la vie lors de l’explosion voit dans l'initiative de Mme Mauzac et de son défenseur « une énième manœuvre de diversion destinée à alimenter la thèse du complot d’Etat ». On ne peut que s'étonner. N’est-il pas normal, dans une démocratie comme la nôtre, que deux anciens gouvernants soient invités à venir s’expliquer sur la teneur de leurs propos tenus dans des circonstances aussi dramatiques ?

En revanche, la venue lundi à Toulouse de José Bové qui, pour le coup, n'a jamais mis le nez dans le dossier d’AZF, ne suscite aucune réaction indignée. Après un petit tour en Guadeloupe, la semaine dernière, aux côtés des manifestants de Pointe-à-Pitre, le leader altermondialiste, candidat aux élections européennes en Midi-Pyrénées, tiendra en effet une conférence de presse à quelques encablures de la salle Jean Mermoz où le procès doit se dérouler pendant plus de quatre mois. Dans une interview accordée, il y a quelques jours à Libé Toulouse, José Bové a déclaré qu'il « souhaite que Total soit cité à comparaître». Ceci explique-t-il cela ?

Une chose en tout cas semble parfaitement claire : ceux qui auraient des choses à dire se désistent, tandis que ceux qui n’ont rien à dire s’invitent. Voilà qui promet...

Marc Mennessier

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