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	Plus de commerce, c’est plus d’emploi ! 
	 « Le commerce n’a jamais ruiné une nation », a dit Benjamin 
	Franklin. Il ajouta : « Même celui qui semble le plus désavantageux 
	». Franklin était convaincu que le commerce non entravé était bon pour tout 
	le monde. En ce début du 21ème siècle, nombreux sont les Américains et leurs 
	politiciens à croire le contraire car la mondialisation permet à des 
	entreprises de délocaliser des emplois. 
	 
	Au cours de la campagne de mi-mandat de 2010, le comité national des 
	démocrates organisa une campagne télévisée accusant plusieurs candidats 
	républicains de favoriser des politiques qui externalisent les emplois à 
	l’étranger. Plus récemment, le leader de la majorité au Sénat Harry Reid 
	(Démocrate, Nevada) déclarait : « Je pense que nous devrions en faire 
	beaucoup plus pour limiter la délocalisation des emplois à l’étranger. » 
	Au même moment, les négociations du cycle de Doha menaçaient de s’effondrer 
	et avec elles un système de libéralisation des échanges construit à la force 
	du poignet au cours des 50 dernières années. 
	 
	Une étude intitulée : « Commerce et chômage : que disent les chiffres ? 
	», de trois économistes européens, publiée dans le journal European 
	Economic Review de mars, pose franchement la question : le commerce 
	international est-il créateur ou destructeur d’emplois ? Leur réponse est 
	conforme à l’observation de Franklin, il y a 230 ans. « Une hausse de 10% 
	de l’ouverture au commerce extérieur réduit le taux de chômage de 0,75 à 1% 
	», concluent-ils. Plus précisément, ils trouvent qu’ « une 
	augmentation de 10% fait baisser le taux du chômage de 0,76%. » Le 
	commerce crée de l’emploi. 
	 
	De façon générale, plus le volume du commerce international d’un pays est 
	important, plus son degré d’ouverture est élevé. L’ouverture au commerce est 
	généralement mesurée en additionnant la valeur des importations et des 
	exportations et en divisant le tout par le Produit intérieur brut (PIB). Par 
	exemple, si un pays importe chaque année pour un montant de 10 milliards de 
	dollars, qu’il exporte pour un montant de 10 milliards également et que son 
	PIB est de 100 milliards, son degré d’ouverture sera de 20%. Il sera de 30% 
	pour un pays qui avec un PIB identique exporterait et importerait pour un 
	montant total de 30 milliards. 
	 
	Dans le cas des États-Unis, le PIB s’est élevé à environ 15 000 milliards en 
	2010. Ses exportations et importations cumulées s’élèvent à 4 000 milliards. 
	Son degré d’ouverture est donc de 27%. Sans aller dans les détails, les 
	auteurs de l’étude dérivent un index d’ouverture au commerce en tenant 
	compte des différences de niveaux de prix entre les pays. 
	 
	Les chercheurs comparent ensuite le niveau relatif d’ouverture au commerce 
	des 20 pays de l’OCDE avec leur taux de chômage. Ils prennent aussi en 
	compte des facteurs comme le taux syndicalisation, les politiques de 
	l’emploi, les niveaux de taxes sur les salaires et la générosité des 
	assurances chômage. 
	 
	Ils montrent une légère corrélation entre la générosité de l’assurance 
	chômage et un niveau de chômage plus élevé, corroborant l’idée que les 
	individus ont alors moins d’incitation à rechercher activement un emploi.
	 
	 
	Les auteurs analysent alors les effets d’un commerce plus libre sur une 
	sélection de 62 pays. Ils prennent en compte des caractéristiques comme la 
	taille du marché noir ou l’absence de littoral. C’est là qu’ils trouvent que 
	l’ouverture au commerce international a tendance à favoriser l’emploi. 
	 
	Comment expliquer cette tendance ? L’étude suggère que le commerce 
	international en améliorant la productivité permet aux entreprises 
	d’embaucher davantage. Une concurrence plus intense défavorise les 
	entreprises les moins efficaces et permet à celles qui le sont de grandir. 
	Comme l’efficacité moyenne des entreprises augmente, elles peuvent générer 
	davantage de revenus en produisant plus. Et cela permet l’embauche de 
	travailleurs. 
	 
	Pour avoir une petite idée de ce que l’ouverture au commerce international 
	peut apporter aux individus, des économistes de l’Institut Peterson à 
	Washington ont calculé que la réussite des négociations du cycle de Doha 
	pourrait augmenter le PIB mondial de 165 à 283 milliards par an. 
	 
	Alors pourquoi tant d’individus, et en particulier tant de politiciens, 
	sont-ils convaincus du contraire ? L’économiste français Frédéric Bastiat 
	l’a très bien expliqué dans son essai « Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit 
	pas ». Les gens ont tendance à sa focaliser sur les conséquences 
	visibles d’une politique – dans le cas qui nous occupe, les emplois 
	supprimés par la concurrence internationale. Mais, ils ratent les autres 
	conséquences moins visibles et pourtant bénéfiques de cette concurrence, les 
	emplois créés par l’amélioration de la productivité moyenne. Il est naturel 
	que les personnes qui perdent leur emploi soient soucieuses et mécontentes 
	et qu’elles appellent leur membre du Congrès pour se plaindre de cette 
	concurrence « déloyale ». Ces membres, craignant à leur tour de perdre leur 
	emploi, s’empressent de passer des lois visant à bloquer les importations ou 
	à favoriser les achats de proximité. 
	 
	La conséquence visible d’une telle dynamique politique est que quelques 
	travailleurs parviennent à garder leur emploi alors que plus nombreux sont 
	maintenant ceux qui n’en ont pas. De plus, les mesures protectionnistes 
	nuisent à tous dans la mesure où on leur refuse l’accès à des biens mois 
	cher et/ou de meilleure qualité venant de l’étranger.  
	Ronald Bailey 
	 
	
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