www.claudereichman.com |
A la une |
20/7/11 | Frédéric Bastiat |
Au bout de la
déception, l’inévitable révolution !
La prétention de faire intervenir le pouvoir et l'impôt, outre qu'elle
est oppressive et spoliatrice, implique encore cette hypothèse préjudicielle
: l'infaillibilité de l'organisateur et l'incompétence de l'humanité. Dès qu'on part de cette idée, admise par tous nos publicistes et si énergiquement exprimée par M. L. Blanc en ces mots : « La société reçoit l'impulsion du pouvoir » ; dès que les hommes se considèrent eux-mêmes comme sensibles mais passifs, incapables de s'élever par leur propre discernement et par leur propre énergie à aucune moralité, à aucun bien-être, et réduits à tout attendre de la loi ; en un mot, quand ils admettent que leurs rapports avec l'État sont ceux du troupeau avec le berger, il est clair que la responsabilité du pouvoir est immense. Les biens et les maux, les vertus et les vices, l'égalité et l'inégalité, l'opulence et la misère, tout découle de lui. Il est chargé de tout, il entreprend tout, il fait tout ; donc il répond de tout. Si nous sommes heureux, il réclame à bon droit notre reconnaissance ; mais si nous sommes misérables, nous ne pouvons nous en prendre qu'à lui. Ne dispose-t-il pas, en principe, de nos personnes et de nos biens ? La
loi n'est-elle pas omnipotente ? En créant le monopole universitaire, il
s'est fait fort de répondre aux espérances des pères de famille privés de
liberté ; et si ces espérances sont déçues, à qui la faute ? En réglementant
l'industrie, il s'est fait fort de la faire prospérer, sinon il eût été
absurde de lui ôter sa liberté ; et si elle souffre, à qui la faute ? En se
mêlant de pondérer la balance du commerce, par le jeu des tarifs, il s'est
fait fort de le faire fleurir ; et si, loin de fleurir, il se meurt, à qui
la faute ? En accordant aux armements maritimes sa protection en échange de
leur liberté, il s'est fait fort de les rendre lucratifs ; et s'ils sont
onéreux, à qui la faute ? Frédéric Bastiat
|