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27/1/09 | Bernard Martoïa |
Quand un boulanger veut s’acheter des chaussures … Le président Barack Obama a déclaré que son plan de relance de 825 milliards de dollars va créer deux millions et demi d'emplois dans le secteur privé d'ici 2011. Des esprits grincheux font valoir que chaque emploi va coûter 275 000 $. Dans un article intitulé "Bad Faith Economics" (l'économie de mauvaise foi) et paru dans l'édition du 25 janvier 2009 du New York Times, Paul Krugman écrit : "C'est faux de dire que le plan d'Obama va coûter 275 000 $ par emploi. Pourquoi est-ce faux ? Parce qu'on ne prend pas en compte que le plan aura des répercussions sur le long terme, créant ainsi des millions d'emplois chaque année, et en le divisant par le nombre d'emplois créés non pas sur deux ans mais sur une période plus longue. Le vrai coût par emploi du plan Obama sera plus proche de 100 000 $ que de 275 000 $. Et le coût net sera aussi faible que 60 000 $ si vous prenez en compte qu'une forte économie engendrera des recettes fiscales élevées." A court d'argument, le prophète keynésien en est réduit à se référer à la parabole de la multiplication des pains par un autre prophète... La pompe keynésienne Christina Romer est la nouvelle présidente du Conseil économique de la Maison Blanche. Elle a affirmé au Congrès qu'un dollar investi dans le plan de relance allait accroître le produit national brut de 1.57 $. C'est l'effet multiplicateur keynésien. Dans ce canevas, une production pourrait générer, sans causer d'inflation, une production dénommée « potentielle » avec un pool de ressources tels que le travail, les outils, les machines et la technologie. Plus grand sera ce pool de ressources utilisées, plus grande sera la production. Si, pour une raison quelconque, la demande de produits finis n'est pas assez forte, cela entraîne un déclin de la production. Une demande inadéquate conduit à une utilisation partielle de la main d'œuvre disponible et des biens de production. La théorie keynésienne n'envisage que la moitié du problème Elle ignore que dans le monde réel le gouvernement ne peut pas injecter de monnaie dans l'économie sans en retirer ailleurs. Plus précisément, la théorie keynésienne ne regarde que la moitié de l'équation. L'argent que le gouvernement emprunte sur le marché obligataire, c'est autant d'argent qui est retiré à l'investissement privé. Il n'y a pas d'accroissement dans ce que les Keynésiens appellent la demande agrégée. Le keynésianisme ne stimule pas la demande nationale, il redistribue simplement la richesse. Le gâteau est coupé différemment mais il n'est pas plus gros. D'où le très grand succès de cette théorie auprès des socialistes et des politiciens qui se repaissent sur la bête. On aurait beaucoup moins de keynésiens dans les arcanes du pouvoir en France s'ils étaient frugaux comme Michael Bloomberg, le maire de New York, qui se verse un salaire symbolique d'un dollar ! L'investissement est lié à l'épargne disponible Prenons le cas d'un boulanger. Admettons que pour s'acheter une paire de chaussures, il doive faire cuire cent pains. Le marchand de chaussures contribuera lui-même à cet achat en consommant du pain tous les jours. Le boulanger décide d'accroître sa production avec un autre fourneau. Pour réaliser cet investissement, il fait appel à un constructeur de fourneau à pain. Comment va-t-il financer cet investissement ? Avec l'épargne préalable qu'il a constituée et par un crédit complémentaire si celle-ci est insuffisante. Sur la centaine de pains que le boulanger produit chaque jour, une vingtaine sert à payer la farine au minotier. Il paiera donc le constructeur de fourneau avec le pain qu'il produit. La construction du fourneau est financée par la production d'un produit fini : le pain. Si pour une raison quelconque, le flot de production de pain est rompu, le boulanger ne sera plus capable de payer le constructeur de fourneau. De cet exemple simple, nous pouvons déduire que ce qui compte pour la croissance économique, ce n'est pas seulement un stock disponible d'outils, de machines et de main d'œuvre, comme l'affirme la théorie keynésienne, mais un flot adéquat de produits finis et de services que s'échangent entre eux les individus pour maximiser leur bien être. Même en admettant l'hypothèse keynésienne que la « production potentielle » est supérieure à la « production réelle », cela n'induit pas qu'un accroissement de la dépense du gouvernement conduira à un accroissement réel de l'économie. Il n'est pas possible d'accroître la production globale sans le nécessaire support de produits finis, de services ou d'une épargne préalable. Dans le cas du boulanger, on a vu que pour fabriquer cent pains, il en consomme vingt. Précisons au passage que la monnaie n'est qu'un instrument d'échange. Elle sert à faciliter le flot de biens mais elle ne peut pas remplacer les produits finis. Personne ne mange de la monnaie. Comment un plan de relance pourrait-il raviver l'économie ? Il y a d'abord la méthode éprouvée de créer des structures administratives. Le gouvernement taxe davantage les individus qui produisent des richesses pour couvrir les dépenses de nouveaux fonctionnaires. Il affaiblit le secteur privé et compromet la reprise. C'est le cas de la France avec un quart de la population active employée dans le secteur public. Pour qu'un plan de relance ait une chance de réussir, il faudrait que l'épargne disponible soit suffisamment large pour financer le plan du gouvernement tout en maintenant un taux positif de croissance du secteur privé. Notons au passage que l'accroissement global de l'économie sera imputé, à tort, à la politique de relance du gouvernement alors qu'il s'agit d'un sacrifice non consenti du secteur privé. Si l'épargne disponible n'est pas assez grande pour maintenir un taux positif de croissance du secteur privé, et ce quelle que soit la taille ou l'allocation du plan de relance, la machine économique va se gripper. Plus un gouvernement dépense, plus il taxe les forces vives de la nation, et plus il compromet les chances d'une reprise de la croissance. Ainsi notre boulanger sera contraint de payer plus de taxes pour financer le plan de relance. L'achat d'un autre fourneau est condamné. Au rythme des dépenses de l'État, il arrivera un jour où le boulanger ne pourra même plus payer l'entretien du four existant. Quand son fourneau tombera en panne, il cessera son activité. Le marchand de chaussures sera, lui aussi, touché par la fermeture de la boulangerie. Il n'aura plus de pain, sauf à se déplacer dans un autre village. Il perdra un bon client jusqu'au jour où il sera lui aussi contraint de cesser son activité. Cela se produira lorsque les charges (fixes) absorberont ses maigres bénéfices. A quoi bon travailler si l'État lui prend tout pour subventionner un secteur public pléthorique? Un plan de relance n'augmentera que très peu ou pas du tout la production globale et il se fera au détriment de l'activité du secteur privé. Il n'y a pas non plus d'effet multiplicateur de richesse comme le prétendent les keynésiens. Il y a au contraire un effet multiplicateur de pauvreté dans l'exemple simple du boulanger et du marchand de chaussures. Mais la micro-économie n'a jamais intéressé les énarques ! Dans son essai intitulé « L'Action Humaine », Ludwig von Mises écrivait : «Il n'y a pas besoin de souligner le truisme qu'un gouvernement peut dépenser ou investir seulement s'il prend cet argent aux citoyens, et que ces dépenses ou ces investissements étatiques restreignent à hauteur égale les dépenses et les investissements du secteur privé. » En 1969, alors que le gouvernement américain était confronté à un grave déficit budgétaire induit par la guerre du Vietnam, Milton Friedman déclara : «La taille d'un budget n'a pas d'effet significatif sur la croissance nominale, l'inflation, la déflation ou les fluctuations cycliques. Seule compte une politique monétaire accommodante.” Avec la Fed, on est bien servi ! Bernard Martoïa
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