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29/4/16 | Laurent Buffet |
Lettre ouverte aux hommes politiques qui
assassinent les travailleurs indépendants ! J’ai reçu une lettre recommandée de la cour d’appel de Poitiers m'informant qu’elle a l'honneur, oui j'ai bien lu, l'honneur, de me notifier l'arrêt qu’elle a rendu. Cette décision est susceptible de pourvoi en cassation. Je vais tout de suite vous annoncer que je ne ferai rien de tout cela, et pour les raisons que je vais vous expliquer. Je n'ai pas de voiture pour me déplacer, je n'en n'ai plus les moyens. Je n'ai pas non plus les moyens de prendre un avocat. Et surtout, surtout, je n'ai plus envie de me battre. Que me reproche-t-on ? D'avoir utilisé les deniers de l'Etat pour me payer des taxis ? Non. D'être atteint de phobie administrative ? Non plus. D'avoir omis de déclarer un compte à l'étranger et d’avoir été forcé de l’avouer, alors même que je l’avais précédemment nié ? Même pas. D'utiliser une caisse noire, sous couvert de l'Etat, pour des dépenses personnelles ? Perdu. D'avoir détourné de l'argent public alors ? Et non. Il m'est reproché de ne pas avoir payé le RSI, Régime Social des Indépendants, pour ma retraite et ma maladie. Il ne m'appartient pas de dire si le RSI est obligatoire ou pas, la France et l'Europe s'opposent. Même les tribunaux s'y perdent. Avant de poursuivre, petit retour en arrière. Inscription à l'Organic, ancêtre du RSI, le 8 janvier 2000. Cessation d'activité le 15 janvier 2014, suite à une liquidation
judiciaire. Procès en cours avec ma banque de l'époque. Le tribunal de
commerce jugera des responsabilités de chacun. Le jour ou un indépendant est obligé de cesser son activité, ce
jour-là, tout s'arrête ! Plus de revenu, mais le RSI, via un huissier, qui vous harcèle. Plus de couverture sociale passé 12 mois, mais le RSI, via un huissier, qui vous harcèle. Vous ne pouvez même pas vous inscrire à pôle emploi ! Véridique ! Et là, cette solidarité que l'on nous demande à nous, indépendants, eh bien elle n'existe plus. Vous avez juste le droit de crever dans votre coin. Il faudra un jour que l'on m'explique pourquoi mon ami d'enfance, qui a fait sa carrière à la SNCF, part cette année à la retraite à 52 ans. Toute sa carrière derrière un guichet. Il faudra également que l'on m'explique pourquoi mon cousin, qui a fait sa carrière à EDF, part l'année prochaine à la retraite à 55 ans. Toute sa carrière dans un bureau. Tout en conservant les avantages liés à leur profession. Et là, effectivement, la solidarité va fonctionner ! Ces deux entreprises cumulent à elles seules 20 milliards d'euros de déficit ! Merci, Français, de bien vouloir combler les égarements de cet Etat dispendieux ! Je n'oublie pas notre chère Sécurité sociale, qui à elle seule est en déficit chronique de 10 à 12 milliards par an. Il faudra également que l'on m'explique pourquoi sénateurs et députés cotisent 6 fois moins qu'un indépendant pour sa santé. Merci également de m'expliquer pourquoi un député bénéficie de 6 mois de « chômage » à la fin de son mandat. Et pourquoi députés et sénateurs disposent de leurs propres caisses de retraite, très avantageuses. Retraite par capitalisation, refusée aux indépendants. Merci, Français, de continuer à voter pour que nous puissions conserver nos avantages, avec votre argent bien sûr. Les exemples étant nombreux, je cesserai là mes énumérations. Malgré tout cela, je suis chanceux, et ai deux raisons d'être positif. La première, ma famille. Sans cette famille je serais tombé beaucoup plus bas. La deuxième, je n'ai plus rien. Je n'ai donc plus rien qu’on puisse saisir. Ni maison, ni voiture, ni compte en banque. Rien. L'unique solution qui s'offre donc à moi pour rembourser cette « dette solidaire », si toutefois elle est justifiée, l'unique solution donc reste la prison ! J'y vois plusieurs avantages. Etre pris en charge. Ne plus penser, ne plus éprouver l’angoisse du lendemain. Pouvoir faire trois vrais repas. Je pourrai même en profiter pour travailler mes langues étrangères et me faire soigner les dents et autres petites bricoles. J'aurai tout loisir de regarder la télé, de lire, et même de reprendre une activité physique. De plus, déchu de mes droits civiques, je n'aurai plus à me déplacer pour voter. Mais le pire n'est pas là. Nous sommes des centaines de milliers dans mon cas (il y a 3 millions d’indépendants en France), et aucun homme politique n'a le courage de remettre tout cela à plat... Aucun courage, aucune perspective pour notre pays. Rien d’étonnant : la France est gouvernée par des fonctionnaires. Un fonctionnaire ne sera jamais un entrepreneur. Et quand les
entrepreneurs auront disparu (c’est en très bonne voie), les Français
s’assassineront les uns les autres pour avoir de la nourriture. Laurent Buffet.
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