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17/5/09 Jean-Louis Caccomo

Sans capitalistes, pas d’entreprises donc pas d’emplois

Une entreprise qui ne fait pas de profits n’est pas viable à long terme, sauf si elle reçoit des aides publiques. Mais il faut avoir à l’esprit que les aides publiques seront financées, d’une manière ou d’une autre, en prélevant une partie de la richesse créée par les acteurs viables de l’économie, donc les entreprises qui font du profit.

L’objectif d’une entreprise est de produire des richesses. Le profit est l’indicateur de sa capacité à créer de la valeur, source de croissance. Pourtant, quand les entreprises réalisent des profits, elles suscitent suspicion voire opprobre.

Il est vrai que le terme même de profit a une connotation fortement péjorative. Profit vient de profiter : s’il y a du profit, c’est qu’il y a des profiteurs. Ce terme fut en effet consacré par l’analyse marxiste du fonctionnement de l’économie capitaliste qui considère que le capitalisme est un processus d’exploitation des travailleurs par les capitalistes, les seconds profitant des premiers.

On pourrait considérer plus prosaïquement que s’il n’y a plus de capitalistes, alors les travailleurs eux-mêmes sont menacés car il n'y aura plus d'entreprises. Les gens le ressentent naturellement quand ils s’inquiètent des délocalisations ou de l’absence de repreneurs d’entreprises, lorsque ces dernières tombent en faillite. En effet, si personne n’apporte de capitaux, si personne ne prend le risque économique d’utiliser ces capitaux pour combiner les facteurs de production dans une entreprise viable (en un mot pour financer un projet d’entreprises), alors les emplois des travailleurs sont menacés. Pourtant, personne, et surtout pas les ménages qui sont à l’origine de l’épargne, n’est prêt à investir dans une affaire qui n’est pas viable !

De ce point de vue, le profit est un objectif et un revenu légitimes. Le terme « bénéfice », même s’il a un sens comptable différent, est plus approprié. Le bénéfice est, au sens propre, le résultat d’une action bénéfique. Au lieu de considérer le profit comme le résultat d’un processus d’exploitation, on définira le bénéfice comme une mesure de la performance.

Ainsi, le profit, ou le bénéfice, sont des objectifs non seulement souhaitables, mais qu’il convient d’encourager. Car, à la différence des précédents revenus, son caractère résiduel en fait un revenu hautement incertain. Lorsque l’entrepreneur a rémunéré ses travailleurs, ses actionnaires, sa banque, il se doit de payer ses impôts. Etant lié par des contrats qui le lient aux travailleurs, aux actionnaires, à ses banquiers, l’entrepreneur est dans l’obligation de payer ses revenus, honorant ainsi ses engagements contractuels. De la même manière, les prélèvements qui financent le secteur public étant obligatoires, l’entrepreneur doit évidemment payer ses impôts.

Tous ces paiements sont légitimes, puisqu’ils lui permettent d’engager des facteurs de production (capital, travail) et de profiter des infrastructures et services publics (secteur public). Cependant, l’entrepreneur doit faire en sorte qu’il reste un bénéfice au terme de tous ces paiements successifs, sinon à quoi bon entreprendre ?

Cette capacité à dégager un bénéfice sera en quelque sorte la mesure de ses qualités et compétences de gestionnaire. Comme il est dans l’intérêt de la collectivité que les entreprises prospèrent, que de nouvelles entreprises soient créées et que les gestionnaires soient compétents, le bénéfice apparaît comme un ingrédient indispensable du fonctionnement de l’économie moderne.

Jean-Louis Caccomo

 

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