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16/7/09 Jean-Louis Caccomo

Ce n’est pas l’immigration qui sauvera nos retraites !

La théorie économique de la croissance élaborée par R. Solow (Prix Nobel d’économie en 1987) montre l’importance de la démographie comme source de croissance. Dans le modèle économique, il s’agit en fait de la « démographie active », c’est-à-dire de l’évolution de la quantité (effectif) et de la qualité (qualification, compétence, motivation) de la population active.

Certes, une démographie dynamique est la condition nécessaire du renouvellement de la population active, mais elle n’en est en aucune manière la condition suffisante : c’est bien plus le remplacement des générations d’actifs que le remplacement des générations en tant que telles qui est décisif pour la santé économique d’un pays. Si, pour avoir des actifs, il faut mettre au monde de nouvelles générations ou accueillir de nouveaux immigrants, les nouvelles générations et les nouveaux immigrants ne deviennent pas spontanément des actifs, surtout si le système d’éducation, de formation et d'insertion est défaillant. Faire des bébés est une chose, en faire des actifs en est une autre.

Il est vrai que la nature est bien faite. Quand un bébé vient au monde, il y a une bouche (consommation) à nourrir de plus ; mais un bébé normalement constitué est aussi - et heureusement - doté de membres (force de travail) et d’un cerveau (connaissances et compétences). Chaque être humain est donc dès sa naissance un créateur de richesse potentiel. Mais cela n’est qu’une potentialité tandis que les besoins sont immédiats.

La société (et les parents) a donc au moins 16 ans pour transformer cette potentialité en un travailleur actif et compétent alors qu’elle représente déjà et tout de suite un consommateur tyrannique et insatisfait. Et tous les jeunes parents savent combien un bébé qui a faim peut être tyrannique ou qu’un enfant capricieux un véritable dictateur…

Les flux migratoires ont aussi des conséquences sur la démographie active à l’intérieur d’un territoire car ils vont modifier le nombre de bouches à nourrir, le nombre de bras et le nombre de cerveaux dans des proportions variables selon les politiques en vigueur dans le pays d’accueil. Dans notre pays, les politiques sociales (financement des retraites, politiques familiales) et migratoires se conjuguent pour mettre en péril la base active de la population totale. Dans ce contexte, ce ne sont ni les naissances nouvelles ni l’immigration qui sont de nature à rééquilibrer notre système de financement des retraites.

Un pays se condamne quand sa population ne se renouvelle pas. En ce sens, les politiques malthusiennes sont à bannir. Mais c’est encore plus grave quand ce sont les générations d’actifs qui sont fragilisées. Avoir des bébés, vivre plus longtemps, accueillir de nouveaux immigrants ne devraient pas être une mauvaise nouvelle. Ce sont des mauvaises nouvelles dans le cadre d’un Etat-providence dont les politiques aboutissent à démultiplier les bouches dans le même temps qu’elles paralysent les bras et neutralisent les cerveaux.

Jean-Louis Caccomo

 

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