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22/5/09 Jean-Louis Caccomo

Comme la mauvaise monnaie chasse la bonne, les mauvais hommes politiques chassent les bons !

La France est perpétuellement en campagne électorale et les Français perpétuellement empêtrés dans les conflits sociaux. Au lieu de laisser les gouvernements en place agir et gouverner comme s’ils n’étaient pas légitimes, comme si les équipes en place se seraient retrouvées au pouvoir par le fait du hasard, de la chance ou de la force brute, les Français regrettent les anciens gouvernants (alors qu’ils les détestaient quand ils étaient en fonction) ou se prêtent à rêver d’un homme ou d’une femme providentiels subitement révélé à la prochaine échéance. On a tellement espéré en 2007, et maintenant on nous parle déjà de l’horizon 2012 sur fond d’élections européennes, comme si plus rien n’était possible.

Quand un fumeur prétend qu’il arrêtera de fumer demain, c’est qu’il n’arrêtera jamais. Notre pays a tellement reporté des réformes que d’autres pays ont affrontées dès les années 80 que l’on est en droit de se demander si elles se feront un jour. Et à force de ne pas faire les choses en leur temps, on prend aussi le risque de faire tout à la va-vite, dans la précipitation et l’incompréhension générale. Peut-on sérieusement penser que le gouvernement actuel a décidé de détruire le meilleur système d’enseignement supérieur au monde ? Tout le monde s’accorde à observer la catastrophe en cours dans l’éducation nationale et l’université, qui se produit depuis des décennies. Et il ne faudrait rien faire au nom du sacro-saint statu quo, de la dictature du consensus, qui aboutit à l’immobilisme et donc au déclin dans un monde en perpétuelle évolution ? Et l’on peut faire le même constat dans le système de santé, dans la police ou l’administration en général.

Si les hommes politiques ne font rien, on le leur reprochera, mais s’ils agissent et quand ils agissent, alors c’est la coalition des mécontents qui s’agite en criant à la conspiration bruxelloise ou au complot mondialiste. Peut-on toujours incriminer la classe politique, ce qui semble être le sport préféré de ceux qui ont le monopole de la parole médiatique, et en particulier de ceux qui se pensent intelligents ? Le fonctionnement de la démocratie implique l’existence de partis politiques. C’est incontournable. Si on exècre à ce point les responsables politiques, alors il faut vivre dans une dictature gouvernée par des militaires, des technocrates ou un superordinateur. Ou alors il faut installer des régimes communistes qui ne tolèrent aucun débat.

Ne croyez pas cependant que je voue une dévotion subite et aveugle au personnel politique français, pétri dans l’ensemble d’étatisme et de dirigisme. Mais je crois (sans m’en réjouir) à la loi du marché et celle-ci fonctionne aussi dans le monde politique quoi qu’en pensent ses pourfendeurs. Comme la plupart des gens sont demandeurs de toujours plus de droits, plus de revenus et moins de contraintes, moins de devoirs et moins d’efforts, alors les hommes et femmes politiques développeront des discours politiques toujours plus démagogiques - façonnés à l’audimat des bons sentiments - pour coller au mieux à la demande de la majorité des électeurs en tentant de rassembler les éternels mécontents. Comme les gens n’aiment pas entendre le discours libéral (qu’ils connaissent à peine), les rares hommes politiques qui ont osé afficher leur sensibilité libérale ont été exclus du marché politique français. Et c’est ainsi que les Français se retrouvent face à une classe politique qu’ils ont contribué à façonner et qu’ils exècrent dans le même temps. Ils plébiscitent la « malbouffe » pour la vilipender ensuite.

Il convient donc sans doute de retrouver le sens profond de termes comme « république », « citoyen », « démocratie », « nation », « peuple » ou « Etat ». Car au nom de la démocratie et de la solidarité citoyenne, on se dirige vers une société peuplée d’individus totalement asservis à un Etat qui leur proposera un « contrat social » funeste : en échange de sa providentielle protection, nous devrons lui accorder un jour notre plus totale soumission. C’est ainsi que les peuples s’enchaînent eux-mêmes et se condamnent dans le même temps.

Jean-Louis Caccomo

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