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5/5/09 Jean-Louis Caccomo

La vague anticapitaliste

La crise économique est décidément un alibi commode pour ressortir les vieilles lunes anticapitalistes. Les médias nous parlaient déjà de la crise dans les années 70. A cette époque, le président Giscard d’Estaing entrevoyait le « bout du tunnel », tandis que la gauche se proposait de « changer la vie ». François Mitterrand a rassemblé la gauche pour conquérir le pouvoir en 1981. Mais durant les années 80, le refrain de la crise n’a jamais cessé, ce qui a donné lieu à des alternances et des cohabitations. Sur fond de crise permanente, les Français ont aussitôt chassé du pouvoir ceux qu’ils avaient élus avec enthousiasme. A chaque fois, c’est le même constat d’échec, c’est la même déception. A vouloir tout confier à l’Etat, on a peut-être poussé les hommes et femmes politiques en dehors de leur domaine de compétence. Peut-on changer l’économie ? En tout état de cause, on a moins de chance d’améliorer l’économie si on ne prend pas en compte son fonctionnement et ses ressorts et si l’on se refuse a fortiori à en comprendre les mécanismes profonds.

N’y a-t-il pas en effet un vice de forme à vouloir élire nos dirigeants sur des programmes et sur des objectifs économiques ? N’y a-t-il pas un problème de fond à faire des sondages d’opinion sur des programmes et des objectifs économiques ? La majorité des Français aimeraient toucher un salaire sans avoir à travailler et la majorité des étudiants aimeraient obtenir un diplôme sans avoir à passer des examens. Est-ce pour autant raisonnable, réaliste et réalisable ? Tout le monde s’accorde à vilipender le libéralisme, mais c’est pourtant à ceux qui ont l’intention d’intervenir dans l’économie qu’il revient de démontrer la justesse de leur raisonnement. C’est normalement celui qui accuse qui doit fournir la preuve. La question n’est pas anodine, car l’économie n’est pas seulement une question d’opinion ou de politique. Les lois de l’économie ne se décident dans aucun parlement et ne peuvent se plier sous le poids d’aucune majorité.

Pourtant l’anticapitalisme surfe sur cette méconnaissance arrogante de notre condition économique, elle-même profondément liée à l’insupportable condition humaine. La montée de l’anticapitalisme en France a de quoi laisser perplexe. C’est à croire que la gauche n’a jamais été au pouvoir. Si un projet anticapitaliste était possible, il existerait déjà car le capitalisme ne date pas d’aujourd’hui et son effondrement imminent est annoncé depuis que le capitalisme existe. Mais tous les pays qui ont tenté une expérience anticapitaliste l’ont payé au prix fort. Aucun pays ne prospère sur les ruines de l’économie capitaliste. D’ailleurs l’expression « économie capitaliste » est un pléonasme, car le moteur de l’évolution économique est fondé sur l’accumulation du capital, ce qui est la définition technique du capitalisme.

Il faut donc être clair avec ses idées quand on mène un combat politique, en cessant de mentir aux gens. Le discours anticapitaliste se nourrit chez nous de la haine viscérale qu’inspirent le libéralisme et toutes ses déclinaisons. Pourtant, quelle est cette alternative ? Que nous propose-t-on pour sortir de l’enfer capitaliste ? Pour le savoir, il faut remonter aux écrits de Marx, car les idées ne sont pas nouvelles. Et tous ceux qui se réclament de l’anticapitalisme se réfèrent implicitement ou explicitement au marxisme. Pour sortir du capitalisme, il faut collectiviser les moyens de production, supprimer la propriété privée et sortir de la démocratie pour confier le pouvoir à un parti unique (animé par une pensée unique) qui mettra en œuvre une dictature – la dictature du prolétariat – seul instrument pour concrétiser le projet anticapitaliste. Tel est le projet anticapitaliste.

Jean-Louis Caccomo

 

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