Cahuzac
n’est que la partie émergée de l’iceberg !
Il n’y a pas d’affaire Cahuzac. Il y a une affaire de la politique
française. Cahuzac n’est que la partie émergée de l’iceberg. Sous la surface
de l’eau, il y a tout un monde qui « grouille, grenouille, scribouille »,
comme le disait le général de Gaulle, et c’est le monde de l’argent et du
mensonge.
La politique, en France, est devenue ce qu’elle est en raison de deux
facteurs déterminants : la Constitution de la Ve République, qui donne tout
pouvoir à l’exécutif, et le socialisme régnant dans notre pays depuis deux
tiers de siècle, qui n’a cessé de réduire la rémunération de l’activité au
profit de la redistribution des ressources.
Il n’est plus possible dans notre pays d’accéder à l’aisance et à
l’acquisition de quelques biens par les fruits de son travail. Les chiffres
démontrent que 4500 euros par mois est la rémunération au-delà de laquelle
tout est confisqué. Il n’y a que deux façons d’échapper à ce blocage.
Réussir en affaires, ce qui n’est donné qu’à très peu de gens, ou se
consacrer à la politique. Un parlementaire dispose de trois fois plus
d’argent que celui qui exerce une activité privée et gagne 4500 euros par
mois. Mais le parlementaire n’est pas le seul à tirer son épingle du jeu. Le
cumul de mandats de moindre importance et la vie associative subventionnée
offre d’intéressantes perspectives financières qui, si elles n’atteignent
pas officiellement des sommets, s’en approchent de très près par le jeu des
exonérations fiscales et autres avantages non comptabilisés. Pour nous
résumer, la politique est devenue, en France, le seul moyen d’accéder à
l’aisance sans vraiment se fatiguer, et pour quelques milliers de ténors de
s’enrichir vraiment, voire de faire fortune.
Nos 600 000 élus (au nombre desquels il y a quand même quelques personnes
désintéressées, surtout dans les endroits où ne circule pas beaucoup
d’argent, mais ces derniers sont de plus en plus rares étant donné
l’accroissement exponentiel de la sphère publique) constituent une véritable
armée d’occupation qui vit du pillage des activités privées et qui a fini
par les étouffer au point que l’économie française s’est littéralement
effondrée. Du plus petit jusqu’au plus grand, aucun de ces élus ne veut
céder sa place. Or cette place dépend du pouvoir exécutif, qui est également
maître des partis politiques dont toute investiture dépend.
Comme il y a quand même, de temps en temps, des élections, et que la
conquête de l’opinion en est le préliminaire obligé, les élus du sommet -
qui portent les espoirs des élus de leur bord désireux de conserver leurs
prébendes - s’affrontent en permanence dans une bataille de mots (une
logomachie, pour citer à nouveau le général De Gaulle) où ce n’est pas la
justesse de l’argument qui compte mais son effet sur le peuple. Ce qui
signifie qu’on ment à langue rabattue et que le mensonge, soutenu front
contre front par l’ensemble de la classe politique, mais qui n’en reste pas
moins un mensonge, est devenu la seule activité des politiciens français. Si
vous y ajoutez le fait que les médias se font fidèlement l’écho de tous ces
mensonges et y ajoutent volontiers les leurs, vous avez devant vous le
navrant tableau de la vie publique dans notre pays.
Et Cahuzac dans tout cela ? Eh bien il a porté la recherche de l’argent et
la pratique du mensonge à un degré d’excellence qui lui aurait permis de
couler des jours prospères et heureux jusqu’à sa mort si, grisé d’impunité,
il n’avait poussé l’imprudence bien au-delà des pratiques habituelles de ses
pairs. C’est cette imprudence qu’il paie aujourd’hui, mais pour tous les
autres, la fête continue. « Quo usque tandem, Catilina, abutere patientia
nostra ? »
Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.
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