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4/4/10 | Claude Reichman |
Il faut un candidat de vraie rupture en 2012 ! La France s’est souvent retrouvée avec un régime politique déconsidéré. Elle a généralement résolu ce problème en faisant appel à un homme qu’elle avait placé en réserve. Aujourd’hui, la Ve République est dépourvue de toute solution de ce type. C’est d’ailleurs moins la Ve République qui est en cause que ce que les politiciens du système en ont fait. Car si par Ve République on entend élection du président au suffrage universel, existence d’un premier ministre responsable devant le parlement, droit de dissolution du président, possibilité du référendum, il n’y a aucune raison de changer de constitution, ces dispositions étant parfaitement à même d’assurer le fonctionnement régulier des institutions. Ce qui ne fonctionne pas, en revanche, c’est l’expression de l’opinion publique et sa prise en compte par la représentation politique. Profitant de la stabilité donnée à l’exécutif par la Constitution, la caste des hauts fonctionnaires a confisqué tous les pouvoirs. Elle domine le gouvernement, le parlement, les partis politiques, les médias et, évidemment, l’administration. Animée du sentiment de son universelle compétence (ce qui signifie que selon elle tout problème peut trouver sa solution dans des mesures administratives), elle est parvenue à neutraliser tous les contre-pouvoirs démocratiques. Seuls les syndicats de salariés peuvent encore gêner l’action technocratique, mais seulement parce qu’ils ne représentent plus que les fonctionnaires, autrement dit le corps de manœuvre du pouvoir politique, ce qui est de nature à entraver l’action de celui-ci et procure un avantage décisif à la fonction publique, ainsi assurée du maintien de ses privilèges et, du coup, alliée objective de l’actuel pouvoir, quels que soient les partis qui le détiennent. C’est ainsi que la France se trouve aux mains de son administration alors que le monde n’a jamais changé aussi rapidement qu’aujourd’hui. Ce dont notre pays a besoin, c’est de porter au pouvoir la partie la plus dynamique de son corps social, c’est-à-dire ses entrepreneurs, quel que soit le domaine où ils agissent. C’est ce qui explique la victoire de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2007. Les Français avaient alors adopté à une nette majorité l’idée de « rupture » portée par le candidat, y voyant la politique qui remettrait l’administration à sa place et rendrait le pouvoir aux éléments les plus actifs et efficaces du pays de façon à permettre à celui-ci de reprendre sa marche en avant et de faire face à ses engagements sociaux, notamment à l’égard de ses 12 millions de retraités, appelés en outre à devenir de plus en plus nombreux. L’échec de Nicolas Sarkozy est aujourd’hui consommé. Il est arrivé à l’Elysée sans avoir la moindre idée de ce qu’il fallait faire pour réussir cette fameuse « rupture » et n’a su, en trois ans, que s’agiter sans alléger en quoi que soit la charge insensée que fait peser sur la France l’omnipotence de son système administratif. Il n’y a, au sein de la majorité présidentielle ou à sa marge, aucun homme capable d’incarner et de porter une rupture qui en serait une. De même, à gauche, même parmi ceux qui se disent « réformistes », personne n’exprime la moindre idée concrète de réforme, et l’on voit bien que les socialistes sont incapables d’imaginer une société où la production de richesses prendrait le pas sur leur redistribution, tandis que les écologistes ne sont que des gauchistes peints en vert et dont toute l’action vise à piéger les bourgeois-bohêmes des grandes villes, plus connus sous le nom de « bobos », afin de parvenir au pouvoir et d’être en mesure de les plumer sur l’autel du collectivisme. Le problème de la France, si elle veut échapper au drame que représente son effondrement économique aujourd’hui avéré, avec toutes ses conséquences sociales, est donc de se donner un nouveau pouvoir politique apte à réaliser les réformes indispensables. L’élection présidentielle de 2012 doit en être l’occasion. Il faut qu’y soit présent un candidat de vraie rupture. Le moment est venu de le décider et de s’y préparer. Que chacun s’exprime donc à ce sujet. Nous n’avons pas trop de deux ans pour entreprendre et réussir la révolution pacifique qui débarrassera la France des scories du passé, la remettra dans le sens du progrès et lui redonnera la place qu’elle mérite dans l’histoire de notre temps. Claude Reichman
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