www.claudereichman.com


Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme

A la une

30/7/11 Claude Reichman
    La catastrophe est imminente, préparons-nous !

La société française est en équilibre précaire. Le moindre incident peut la faire basculer. Son handicap majeur est le mensonge public. Même si les Français savent qu’il y a des problèmes, ils n’en mesurent pas l’ampleur. Et cela faute de véritables débats dans notre pays. Certes la partie la plus lucide de la population est très bien informée par les nombreux canaux que la technologie moderne met à la disposition de tous, au premier rang desquels figure évidemment Internet, mais même s’il est vrai que ce sont les minorités qui font bouger les choses, il n’en reste pas moins que l’entrée en action de la masse est indispensable au basculement final.

Dans son excellent ouvrage « La régression intellectuelle de la France » (Editions Texquis), Philippe Nemo écrit : « L’esprit collectif d’un pays ne se forge vraiment que sur l’agora, cet espace qui se définit par le fait que toutes les informations qui y circulent deviennent publiques, c’est-à-dire non pas seulement connues de tous, mais telles que tout le monde sait que tout le monde les connaît. » Cela fait mesurer la responsabilité des médias de grande diffusion dans la crise actuelle de la France.

Le directeur d’un grand hebdomadaire à qui je reprochais la timidité de son journal me répondit : « Nous sommes des journalistes, pas des militants. » Il ne m’était nullement venu à l’idée de lui demander de céder à l’esprit de parti, mais de l’exhorter à respecter ce qui devrait être l’idéal de tout journaliste : la recherche de la vérité, et le combat pour la faire connaître. Il est évidemment plus confortable de laisser filtrer quelques bribes de vérité pour soulager sa conscience, et de laisser les « militants » se débrouiller avec le mensonge officiel. C’est l’attitude des meilleurs détenteurs de la carte de presse, et je ne cite pas par charité tous les autres, qui sont la majorité écrasante de la corporation !

Autrement dit : la France, à cause de ses médias, perd du temps et surtout des chances. Et le basculement que je citais, au lieu de se faire vers la réforme de la société et pour le bien des Français, présente désormais tous les risques de l’entraîner dans le chaos.

On sent bien, chaque jour, qu’il va suffire d’un fait divers pour que la violence se déchaîne. Car à force de constater que quoi qu’il dise et quoi qu’il vote, le pouvoir, quel qu’il soit, n’en tient pas le moindre compte, le peuple éprouve aujourd’hui l’intime conviction qu’il va lui falloir passer à l’acte pour faire prévaloir ses vues. S’il se retient encore, c’est faute d’une information complète sur l’étendue du désastre provoqué par les politiciens et, il faut le dire aussi, en raison de l’esprit d’abandon que la société d’assistance répand partout comme un gaz toxique.

Il n’empêche que ce qui doit arriver arrivera. A commencer par la crise financière européenne. Le prétendu sauvetage de l’euro, le 21 juillet dernier à Bruxelles, n’en a évidemment pas été un. Les taux d’emprunt à dix ans de l’Espagne et de l’Italie ont augmenté immédiatement après et atteignent un niveau qui les empêchera bientôt d’emprunter sur les marchés, ce qui les fera dépendre du Fonds européen de solidarité financière, dont les capacités sont bien loin d’être adaptées à un tel enjeu. La panique saisira alors à nouveau la zone euro, et l’économie mondiale à sa suite. « Ce qu’on constate de manière répétée dans l’histoire des crises financières, c’est que lorsqu’un accident menace de se produire, il finit par se produire », écrivent les universitaires américains, Reinhardt et Rogoff dans « Cette fois, c’est différent » (Editions Pearson). Qui peut sérieusement en douter ?

Pour la France, le résultat immédiatement tangible sera que les taux auxquels elle emprunte pour financer sa gigantesque dette augmenteront au point d’être insoutenables, ce qui obligera l’Etat à tailler sauvagement dans les dépenses publiques (56 % du PIB !) - oui, pour la première fois, les politiciens français y seront obligés -, déclenchant une crise sociale et politique d’une extrême violence, à laquelle la bombe à retardement des frustrations et des colères ajoutera sa terrible déflagration.

La simple recommandation que je voudrais faire aujourd’hui à ceux qui me font l’honneur de me lire et de m’écouter est de ne pas perdre une seconde dans la mobilisation de leur énergie et la mise en alerte de leurs contacts. On ne s’organise pas quand la catastrophe est survenue, car la tempête vous ballotte alors comme un fétu de paille. Construisons d’urgence nos digues et nos redoutes. Demain il sera trop tard !

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.



Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme