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16/12/08 Claude Reichman

Face à la chienlit qui vient, Sarkozy doit prendre des initiatives !

La France subit un double effondrement. Celui que provoque la crise mondiale. Et celui de son propre système économique et social. Comme ils se produisent sur le même terrain, on pourrait les confondre. Mais il faut les distinguer si l’on veut avoir une vue claire de l’avenir.

La crise est venue frapper un système paralysé et vermoulu, qui n’aurait pas tardé à s’effondrer de son propre mouvement. Elle va l’achever plus rapidement. Que va-t-on trouver dans les décombres ? C’est toute la question.

Tout dépendra de la réaction politique des Français. La première épreuve qui les attend, c’est les émeutes, le désordre et la chienlit. Elle est inévitable. Sarkozy se trouve dans une solitude tragique, qu’il a d’ailleurs en grande partie voulue, tant il était victime de l’ivresse du pouvoir qui, comme Jupiter, rend fous ceux qu’elle veut perdre. Son gouvernement est fantomatique, les partis politiques ne valent pas mieux, les syndicats ne représentent que les fonctionnaires, et la société civile a été broyée par des décennies d’étatisme. Quand la situation sociale va commencer à dégénérer, le président de la République n’aura personne sur qui s’appuyer. Son recul précipité sur la réforme de l’éducation nationale est un signe qui ne trompe pas : face à la rue, Sarkozy est un homme qui a peur. De même la fronde d’une partie de sa majorité parlementaire sur le travail du dimanche l’a contraint à négocier avec ses députés, pourtant rompus depuis des lustres à la soumission, alors qu’il assurait la veille vouloir imposer sa réforme.

Sarkozy ne pèsera pas lourd face à une foule rendue furieuse par la dégradation de ses conditions de vie et par l’absence totale de perspectives de redressement et d’avenir. Et cette foule que personne n’est aujourd’hui capable de canaliser et de contenir commettra inévitablement de graves débordements. Comme en 1968, on verra disparaître le pouvoir politique et il n’y aura cette fois-ci ni le génie stratégique ni le prestige du général de Gaulle pour sauver provisoirement les meubles du régime.

Il faut d’ores et déjà se préparer à cette perspective. Tous ceux qui, en France, sont attachés à la démocratie et à la liberté doivent se mobiliser sans attendre. Si l’on veut éviter la guerre civile, il faut que puissent se mettre en place immédiatement des solutions politiques. Face au désordre et à l’anarchie, seule une large union des citoyens peut avoir de la crédibilité. Il ne faudra pas hésiter à oublier les traditionnels clivages politiciens et à constituer un gouvernement provisoire, si possible à l’appel de ce qui restera encore debout de l’appareil républicain, et notamment du président de la République s’il n’a pas été contraint de démissionner. Ce gouvernement aura pour mission de préparer aussi vite que possible des élections législatives. La majorité qui en sera issue devra jeter les bases d’un Etat enfin modernisé, qui ne traitera plus les citoyens en incapables majeurs, ne les accablera plus d’impôts et de charges et mettra l’administration au service du pays et non à celui de ses propres intérêts.

Nicolas Sarkozy serait d’ailleurs bien inspiré de prendre de telles décisions dès à présent. Son gouvernement est privé de toute crédibilité, ses conseillers ne savent que répéter les erreurs qu’ils ont commises tout au long de leur carrière, les journalistes qu’il inspire traquent implacablement toute expression contraire à la vulgate présidentielle, tandis que les autres, en écho, récitent pieusement la vulgate collectiviste. Or la France, ce n’est pas cela. C’est un pays qui a été ruiné par des politiques désastreuses mais qui porte en lui des richesses humaines, morales et économiques capables d’assurer sa renaissance. Encore faut-il en appeler à elles plutôt que de tenter en permanence de les brider pour se maintenir au pouvoir.

Tel est l’enjeu des prochaines semaines. Pendant sa campagne présidentielle victorieuse, Nicolas Sarkozy a su s’inspirer des idées qui, comme l’amour dans la célèbre chanson, « flottent dans l’air à la ronde ». Il ne s’attendait assurément pas à devoir recourir à nouveau à cette méthode. Mais il n’a vraiment pas le choix : sa propre survie politique en dépend, et le pays, à qui il a tant promis, lui ferait payer cher sa défaillance.

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

 

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