Un
massacre à la Charlie Hebdo chaque mois !
Voici quelques semaines, 17 personnes sont mortes sous les balles de
fous-furieux. Suscitant une émotion que nous avons tous partagée.
Immédiatement nos hommes politiques ont réagi, les médias se sont dressés et
la France s'est unie pour dire à ces malades de l'intégrisme et de la
gâchette que nous n'avions pas peur d'eux.
Pendant ce temps de recueil, qui a duré une semaine, 4 artisans,
agriculteurs et petits chefs d'entreprise se sont suicidés.
Ruinés, saignés, écrasés, bafoués par une montagne de
charges telle qu'ils n'ont pas pu la porter.
Laissant une famille dans le deuil et des dizaines
d'ouvriers sur le carreau.
180 artisans et petits chefs d'entreprise se donnent la mort chaque année,
dont personne ne parle jamais. Un seul postier met fin à ses jours et la
presse et la télévision en font des confitures et des couvertures. Mais un
petit artisan au fond de la province, quelle importance, n'est-ce pas. Après
tout ce n'est qu'un salaud de patron. Il n'avait qu'à mieux calculer.
Ils voulaient seulement faire vivre leur famille, voir leur entreprise
prospérer. En Suisse, en Hollande, en Angleterre, au Portugal, ils auraient
effectivement prospéré. En France c'est interdit. L'Urssaf et toutes les
caisses d'assurance monopolistiques se chargent de vous le rappeler chaque
fin de mois, en vous escroquant 54% de ce que vous avez gagné, afin de vous
garantir une " protection sociale " que vous n'avez jamais demandée et qui
vous protège tellement de tout qu'elle vous en fait crever.
Il faut aussi se souvenir que ce " modèle social ", élaboré en 1945, au
sortir de la guerre, censé assurer à tous les citoyens une sécurité et un
revenu même en cas d'accident de la vie (c'est inscrit dans le marbre de la
Constitution), en est arrivé 70 ans plus tard à les ruiner et les jeter à la
rue quand il ne peuvent plus payer leurs " cotisations sociales ". Ah,
j'oubliais, une fois sur le trottoir, le petit artisan pourra mendier le RSA...
Dans ce combat plombé, certains tiennent le coup, difficilement, et sont
toujours à la limite de la survie, d'autres quittent le pays, les plus
jeunes n'y rentrent même pas après leurs études. Mais 180 pauvres bougres,
un tous les deux jours, n'y arrivent pas. Un massacre à la Charlie Hebdo
chaque mois, et personne ne lève le poing pour dire « ça suffit ».
Les assassins de ces gens courageux, qui ont déjà fait leurs 35 heures dès
le mercredi, nous les connaissons tous. Ils fleurissent sur les panneaux à
l'entrée de nos villes, au premier rond-point. Levez la tête et vous les
verrez : CAF, CPAM, URSSAF, RSI, MSA, Pôle emploi, etc. Afin d'indiquer au
bon peuple l'endroit où il peut aller quérir ses " droits " et ses
allocations diverses pour boucler le mois sans trop travailler. Aux yeux de
ceux qui portent le pays à bout de bras, il ne manque que le panneau STASI.
Ces sigles abscons désignent un ensemble de caisses "sociales" qui n'ont de
social que le nom, dont la critique est quasi-interdite, au pouvoir
discrétionnaire et illimité, et qui vous mènent à la ruine si vous avez le
malheur de ne pouvoir verser leur obole obligatoire et solidaire.
La suite, nous l'avons tous connue dans notre entourage : il n'y a pas de
Restaurant du Cœur pour un petit artisan parvenu au bout de sa fatigue.
Hors ceux qui ont préféré le suicide, il y a les centaines de milliers
d'autres, agriculteurs, artisans, commerçants, professionnels libéraux, qui
ont un jour jeté l'éponge, fermé leur entreprise, laissé les employés au
bord du chemin, perdu toutes leurs économies, et aussi perdu dans le même
naufrage toutes leurs illusions. Il ne faut pas oublier, dans cette sinistre
statistique, les enfants, les amis, les voisins de ceux qui ont cessé le
combat, qui ont vu la fatigue, l'angoisse, la désespérance, et qui de ce
fait jamais, jamais ne créeront une entreprise.
Derrière ce découragement des entrepreneurs, c'est un champ de ruines que
nous pouvons contempler en ce début 2015 : 6 millions de chômeurs, 8
millions de pauvres, 3 millions de personnes assistées. La conséquence de la
disparition des centaines de milliers de petits artisans, voici quelques
années, ce sont les chômeurs d'aujourd'hui. Et la promesse de ceux qui nous
quittent aujourd'hui, désespérés, ce sont les chômeurs de demain, nos
enfants et petits-enfants qui nous regarderont dans les yeux dans quelques
années et nous demanderont : « Qu'avez-vous fait du pays ? ».
Toutefois dormez bien, bonnes gens qui haussez les épaules à la lecture de
ces lignes. Il paraît que la France possède le meilleur modèle social, que
le monde entier nous envie. Alors relisez, vous qui avez traversé en
diagonale le paragraphe précédent : 6 millions de chômeurs, 8 millions de
pauvres, 3 millions de personnes assistées.
Mais ne craignez rien, on va l'améliorer encore ce modèle. Il suffit de
détruire le libéralisme, de mener une vraie politique sociale, de travailler
moins, de pressurer les riches, de faire payer les entreprises. Puisqu'on
vous le dit !
Jacques Clouteau
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