Comment perdre une élection (et faire perdre son camp)...

Un entraîneur sportif a eu une idée originale. Plutôt que de prodiguer à son équipe des conseils visant à l’amener à la victoire, il a préféré lui détailler tous les moyens susceptibles de la faire perdre. Devant les excellents résultats obtenus par cette méthode, qui devrait valoir la célébrité à son auteur, nous avons jugé intéressant de l’adapter à la vie politique et de la proposer à tous les candidats.

Les articles et les livres ne manquent pas qui, par l’analyse des campagnes électorales réussies, dégagent les conditions à remplir pour obtenir une victoire, abordant les aspects politiques, techniques, mentaux etc., mais avec des résultats rarement atteints si l’on en juge par le nombre des échecs électoraux.

Devant la faible efficacité de cette approche, nous aborderons la démarche opposée : que doit-on faire pour perdre une élection ?

Ainsi, chacun d'entre nous pourra essayer de prendre le contre-pied de cette approche et trouver une solution personnelle pour arriver à l'accomplissement de ses rêves politiques.

Première règle incontournable : Soyez une pomme de discorde dans votre équipe de campagne. Favorisez des relations humaines exécrables entre les membres de votre garde rapprochée, de façon à élargir, par contagion, cette approche à l’ensemble de votre équipe (secrétariat, colleurs d’affiches, distributeurs de tracts etc.). Dès qu'un membre de l’équipe prend une initiative, dénigrez-la, surtout si elle est bonne.

Deuxième règle : Agitez-vous sans cesse et en vain au cours de la période précédant la campagne électorale et surtout dès le début de celle-ci. Avec un peu de chance vous arriverez sans peine à être stressé, énervé, agressif, intolérant.

Troisième règle: Si malgré cela, vous parvenez à gagner, car une réussite est vite arrivée, vous devez pouvoir être capable, dans la perspective de la campagne suivante, de vous mettre à l'abri de ce succès imprévu.

Comment y arriver ?

Essayez de cultiver l'art d'avoir des ennuis quelles que soient les circonstances. Evitez tout sursaut intempestif de lucidité.

Réprimez tout réflexe de fierté Gardez toujours à l'esprit que perdre est une chose mais n'est qu'un premier objectif. Ensuite il s'agira de ne pas s’en remettre.

Si vous courbez l'échine, si vous mettez un genou à terre, encore faudra t il ne plus pouvoir vous relever.

Adopter la méthode des 3 C : Soyez Cruel, Charitable, Chagrin.

Faites entrer votre équipe politique dans ce système sans qu'elle ne s'en rende compte. Une fois lancée, cette technique ne peut plus s'arrêter.

Soyez parano. Rendez coup pour coup et même frappez le premier à titre préventif, au cas où ...

Soyez gentil: c'est un bon moyen pour perdre rapidement.

Soyez malheureux. Faites des drames d'un rien. Exagérez vos échecs, provoquez les adversaires et les amis pour qu'ils vous renforcent dans votre malheur.

Cette méthode n'est toutefois pas un plaisir solitaire. Efforcez-vous de vous entourer de conseillers incompétents.

S'ils sont difficiles à trouver, vous pourrez vous contenter de persuader ceux que vous avez qu'ils sont des incapables notoires. Cela peut faire l'affaire. Attention toutefois au dosage. Si vous donnez des responsabilités, gardez un rôle opérationnel et faites tout pour que vos assistants ne soient pas efficaces.

Vous pouvez essayer aussi d'avoir réponse à tout. Vous deviendrez vite insupportable, ce qui est excellent pour le rôle de « looser » que vous faites tout pour interpréter

Soyez méfiant. Dites-vous que rien de bon ne pourra venir de votre entourage car il n’est constitué que de gens susceptibles de vous trahir à tout moment, voire de devenir des rivaux. Critiquez tout ce qui est proposé.

Si vous adoptez cette méthode, ce serait à désespérer si vous ne parveniez pas à détruire votre équipe et votre carrière politique.

En revanche, si vous faites l'exact contraire, vous risquez fortement de réussir vos campagnes et de franchir des paliers dans le cursus honorum politique.

C’est vous qui voyez !

(D’après D. L.).