Les représentants, syndicaux notamment, de la fonction publique, sans
aucun complexe, et bien relayés comme il se doit par les grands médias, prétendent
justifier les privilèges dont bénéficient les agents du secteur public en affirmant que
" ceux-ci sont en moyenne beaucoup plus diplômés et qualifiés que les travailleurs
du secteur privé ".
C'est une contre vérité manifeste. De plus, malicieusement, elle sous
entend qu'en raison d'études et de formations plus longues et plus élevées, les
fonctionnaires aborderaient la vie professionnelle plus tard et, en conséquence,
notamment que leurs droits à retraite s'ouvriraient plus tard. C'est ainsi que par
exemple la minoration d'annuités pour obtenir une retraite par répartition à taux plein
par rapport au secteur privé s'avèrerait parfaitement justifiée. Sans être
exhaustifs, faisons quelques mises au point.
1. Défaillances professionnelles
Les révélations des défaillances professionnelles de tous ordres, techniques,
financières, administratives, éducatives, etc., du secteur public sont couramment
révélées par la Cour des comptes, les commissions d'enquête parlementaires, l'Institut
Français pour la Recherche sur les Administrations Publiques, Contribuables Associés, la
Presse . Certes le système public induit passivité et irresponsabilité, mais, à y
regarder de plus prés, ce sont des femmes et des hommes et non des robots qui le font
fonctionner et ils ne peuvent pas s'exempter de compétence et de responsabilité.
Bornons nous à trois exemples dans des domaines tout à fait différents:
" L'armée des enseignants et agents de l'Education nationale (1 100 000 personnes au
total) fournit chaque année des cohortes d'illettrés et de futurs chômeurs. Les
enseignants peuvent-ils se prévaloir d'être pour la plupart bien diplômés et
qualifiés ?
" Les ingénieurs et techniciens des Constructions et armes navales et des arsenaux
ayant conçu et construit le porte avions Charles de Gaulle, dont les hélices se
détachent au premier tour de turbine, peuvent-ils honnêtement se prévaloir d'être
mieux diplômés et formés que les ingénieurs et techniciens des chantiers privés ?
" Les médecins et scientifiques du Centre national de transfusion sanguine
(organisme public) et du ministère de la santé qui ont permis la contamination par le
virus du SIDA de milliers de transfusés oseront-ils se prévaloir de diplômes et de
qualifications supérieures à leurs confrères attachés aux grands laboratoires
pharmaceutiques ?
2. Les grandes écoles
Chacun s'accorde à considérer que nos grandes écoles d'ingénieurs et de gestion
pratiquant une sévère sélection à l'entrée forment les véritables élites qui
rivalisent avec les meilleures écoles et universités étrangères.
Or à l'exception évidemment des grandes écoles militaires : Polytechnique, Navale,
l'Air, Saint-Cyr et bien entendu de l'E N A, une infime minorité des diplômés des
grandes écoles s'oriente vers la fonction publique. Pour ces diplômés la double
formation supérieure est courante, par exemple Centrale + Sup. Elec, H E C + expertise
comptable, Arts et Métiers + Sup. Moteurs, Mines + maîtrise de droit. Nombre d'entre eux
n'hésitent pas à acquérir une formation complémentaire dans des universités ou
écoles étrangéres les plus renommées, américaines notamment. Ils sont bilingues,
quelques fois trilingues. Ils constituent les équipes dirigeantes de nos entreprises les
plus prestigieuses et les plus performantes, à la condition que ne " pantouflent
" pas à leur direction des énarques ou autres hauts fonctionnaires comme on l'a vu
chez Vivendi, à France Télécom, au Crédit Lyonnais et dans bien d'autres sociétés.
Grâce à eux et à leurs collaborateurs, malgré le poids de la "charrette
publique" à traîner, notre économie privée n'est pas en faillite et rivalise
encore avec l'étranger. La productivité des travailleurs du secteur privé français est
l'une des meilleures du monde, mais lorsqu'on intègre le secteur public, notre
productivité rétrograde au vingtième rang.
Pour ces diplômés, les 35 heures s'effectuent deux fois par semaine !
Malheureusement certains d'entre eux s'expatrient, fuyant le matraquage fiscal et
administratif de " l'exception française " au caractère nettement
soviétoïde.
3. Annuités ouvrant droit à retraite
Limitons-nous aux cas des fonctionnaires de catégorie A. Prenons deux jeunes gens
faisant leurs études de droit et ayant obtenu la licence. Le premier ressent une vocation
de traque des chefs d'entreprises dynamiques. Il présente et réussit l'examen d'entrée
à l'Ecole nationale des impôts (E N I). Le second, au contraire, entend se destiner à
une carrière de juriste-fiscaliste d'entreprise. Tous deux passent leur maîtrise de
droit des affaires et de fiscalité. Le second se spécialise en fiscalité en passant un
D E S S.
Le premier, dés son entrée à l'E N I, perçoit une rémunération tout en poursuivant
ses études de maîtrise et acquiert immédiatement des annuités pour sa retraite.
Le second, à condition de trouver immédiatement un emploi en fin de son cycle d'études,
prendra au moins deux annuités de retard sur le précédent.
4. Agents de catégorie B et C
Il s'agit des gros bataillons de la fonction publique et des entreprises nationalisées
ayant reçu, comme pour les travailleurs du secteur privé, des formations et diplômes
techniques et généraux de base : Bac, C A P, B P, et fréquemment, hélas, n'ayant
aucune formation en raison du naufrage de notre système éducatif. Comme les travailleurs
du secteur privé, ils remplissent des tâches essentielles. L'inconvénient est qu'ils
sont deux fois trop nombreux pour les accomplir par rapport au secteur privé français et
au secteur public des autres pays développés : Angleterre, Etats-Unis, Allemagne, Japon
et même aujourd'hui Russie !
Ce n'est pas en leur attribuant des titres " ronflants " d'inspiration
syndicalo- technocratique que l'on élève automatiquement leur niveau de qualification.
C'est ainsi qu'on emploie le titre d'agent de salubrité pour un cantonnier, d'agent
spécialisé des écoles maternelles pour une animatrice, de préposé des postes pour un
facteur, d'agent technique qualifié pour un mécanicien poids lourds, d'opérateur des
activités physiques et sportives pour un gardien de gymnase etc.
5. Promotion par concours et examens internes
Souvent il est fait référence aux concours et examens permettant la formation et la
promotion interne des agents du service public. Effectivement des organismes tels que par
exemple les centres de gestion, le centre national de la fonction publique territoriale,
les instituts de formation des maîtres dispensent les formations permettant de passer ces
concours et examens.
Deux observations s'imposent :
- Leurs niveaux sont loin d'approcher ceux des organismes de formation principalement à
destination du secteur privé, tels que les centres de formation des chambres de commerce
et d'industrie, le conservatoire national des arts et métiers, le centre de
perfectionnement aux affaires, le centre de recherche des chefs d'entreprises.
- Du fait de la main mise des syndicats sur les organismes de formation de la fonction
publique, on pourrait même considérer, en exagérant à peine, que ceux qui ne
réussissent pas leurs concours ou examens sont les meilleurs parce qu'ils ont résisté
à l'encartement syndical !
Ces mises au point doivent permettre aux travailleurs du secteur privé de
n'éprouver aucun complexe
François Richier
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