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21/11/10 | Claude Reichman |
La Ve
République finit dans la corruption financière ! Les scandales se succèdent à un rythme de plus en plus rapide. L’affaire Bettencourt n’a pas quitté l’actualité qu’éclate celle de l’attentat de Karachi. La Ve République, comme tous les régimes fatigués, finit dans la corruption financière. Car enfin le point commun de ces deux affaires est bien qu’elles mettent en lumière les rapports étroits entre le pouvoir et l’argent. « Nous allons faire une immense fortune, une immense fortune », se répétait Talleyrand à l’aube de son ascension. Ses lointains successeurs n’ont pas d’autre ambition, même si les circonstances les obligent à plus de modestie. Il faut le dire et le répéter si l’on veut comprendre quelque chose à la « démocratie » telle qu’elle est pratiquée chez nous : en France la politique enrichit. Chacun peut en faire, près de chez soi, le constat. Dans son livre « Souvenirs à contre-courant »*, René de Laportalière, qui, à la tête de « Printemps 86 » tenta d’insuffler les idées libérales à la droite française, raconte comment, à l’occasion d’un voyage en province, il passa voir un ami député « dans le modeste appartement où il m’avait jadis reçu ». Il n’était pas là, mais sa femme l’accueillit avec beaucoup de gentillesse et à son départ lui glissa : « Au fait, René, j’ai oublié de vous le dire : la prochaine fois où vous passerez, ne venez plus ici. Nous serons installés dans le château de X. que nous venons d’acheter ! » Tous les politiciens n’achètent pas de château, mais tous, sans
exception, s’enrichissent. Il suffirait qu’on publie les déclarations de
patrimoine que les élus nationaux doivent remplir dès qu’ils accèdent à leur
fonction et l’état de leur patrimoine actuel pour en faire le constat. C’est
une des premières mesures qu’un nouveau pouvoir devra prendre, non pour
exciter le peuple mais pour dissuader les nouveaux élus de céder à leur tour
à la tentation. Les scandales politico-financiers ne sont que des bulles remontant de ces profondeurs empoisonnées et qui viennent crever à la surface de l’eau. Depuis « la nuit du Fouquet’s » et le séjour sur le yacht de Bolloré, le quinquennat de Sarkozy porte le signe indélébile du concubinage délétère qui s’est établi entre la représentation élective et l’argent, même si, personnellement, l’actuel président de la République ne s’est pas vraiment enrichi. Mais il a choisi d’arborer tous les stigmates de ce mariage contre nature dans l’esprit du peuple et il les porte, contre toute prudence et toute raison, avec une volupté que rien ne peut venir démentir, si ce n’est une citation latine ou un imparfait du subjonctif dans sa dernière intervention télévisée. La politique ne doit pas enrichir. Mais ce ne sont pas des leçons de
vertu qui rétabliront ce précepte élémentaire de toute démocratie. C’est
l’Etat qu’il faut purger, car c’est de lui et en lui que se bâtissent les
richesses illégitimes. Quand l’Etat ne prélèvera plus que l’argent
strictement nécessaire, il n’y aura plus de fortune à faire à ses dépens.
Claude Reichman
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