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21/9/08 Bernard Martoïa

C’est le socialisme et l’étatisme qui sont responsables de la crise financière

"Je préfèrerais être gouverné par les trois cent premiers noms dans l'annuaire téléphonique de Boston que par la faculté de Harvard."

William Buckley

Un an après le début de la crise immobilière aux Etats-Unis, on s’aperçoit tardivement du rôle néfaste joué dans cette affaire par deux sociétés d’économie mixte créées par deux administrations démocrates.

Neuf banques régionales ont fait faillite depuis le début de l’année. Cela a commencé en janvier avec la fermeture de la Douglas National Bank, à Kansas City dans le Missouri. Cette banque avait en dépôt 58.5 milliards de dollars. A partir de juillet, le rythme de faillite s’est accéléré : Indy Mac à Pasadena en Californie, First Heritage Bank à Newport Beach en Californie, First National Bank of Nevada, à Reno dans le Nevada. Le mois d’août a été aussi désastreux que le précédent avec trois fermetures de banques régionales : First Priority Bank à Bradenton en Floride, The Columbia Bank and Trust à Topeka dans le Kansas et Integrity Bank à Alpharetta en Géorgie.

Mais l’attention des médias a été attirée par deux établissements nationaux au statut très particulier (government sponsored enterprise) dont la faillite pouvait entraîner un krach mondial. C’est le risque systémique tant redouté des experts en raison de l’effet domino qu’il entraînerait pour le reste du monde. Les deux établissements en question sont : Federal National Mortgage Association (FNMA) et Federal Home Loan Mortgage Corporation (FHLMC) Pour des raisons de commodité, elles sont connues du grand public sous leurs sobriquets respectifs de Fannie Mae et Freddie Mac.

Grâce à la complaisance des pouvoirs publics américains, ces deux établissements garantissent plus de cinq billions de dollars de dette hypothécaire. Un billion, du préfixe bi, représente un million de millions, soit 10 à la puissance 12 (1.000.000.000.000) Pour donner un ordre de grandeur, cette dette hypothécaire représente grosso modo deux fois le PNB de le France ! Quand la crise a débuté, les experts évaluaient à 600 milliards de dollars les pertes probables des banques. Un an plus tard, c’est un montant dix fois supérieur qui était annoncé avec la faillite des sœurs jumelles du refinancement hypothécaire.

Rappel historique

Fannie Mae, l’aînée, est une agence gouvernementale, créée en 1938, par l’administration de Franklin Delano Roosevelt. Fannie Mae a joui d’un monopole jusqu’en 1968. En raison de la détérioration des finances publiques américaines pendant la guerre du Vietnam, une partie de Fannie Mae a été privatisée et a donné naissance à Freddie Mac. L’objectif officiel, présenté au congrès américain par l’administration de Lyndon Johnson, était de relancer le marché secondaire de refinancement des prêts hypothécaires.

Fonctionnement du marché secondaire des prêts hypothécaires

Dans un prêt traditionnel, une banque prête de l’argent à un particulier pour s’acheter une maison. La banque charge un intérêt jusqu’à l’extinction de la dette.
Deux problèmes se posent à la banque.
1) Le particulier veut un intérêt à taux fixe mais la banque doit se refinancer sur le marché où les taux fluctuent en fonction de la conjoncture économique. Cela expose la banque à payer plus à ses dépositaires qu’elle ne gagne du remboursement du prêt.
2) La banque ne peut avoir assez de fonds pour accorder des prêts.
La solution pour la banque est de vendre des obligations à des investisseurs en contrepartie des prêts hypothécaires qu’elle consent.
Dans ce modèle, le risque de non remboursement du prêt hypothécaire est transféré à l’investisseur. Pour attirer les investisseurs potentiels, l’administration de Franklin Delano Roosevelt eut l’idée de créer un marché secondaire des prêts hypothécaires avec la création de Fannie Mae.

La confusion volontairement entretenue à propos du statut juridique des deux sœurs jumelles

L’action Fannie Mae qui valait 68.60 $ le 8 août 2007, tomba à 3.53 $ le 16 juillet 2008. Jusqu’à ce jour où la panique gagna Wall Street lorsque la rumeur se propagea que Fannie Mae et Freddie Mac pouvaient faire faillite, la confusion a régné à propos du statut hybride des sœurs jumelles du refinancement hypothécaire. Cette crise pourrait se résumer ainsi : « Quand le mot de non garantie en dernier ressort de l’État fédéral équivaut en fait à une garantie. » Craignant un krach du marché, le Trésor et la banque fédérale américaine se sont empressés d’apporter leur soutien aux deux sœurs jumelles.

La mission des sœurs jumelles est d’encourager les ménages américains à devenir propriétaires de leur logement. La technique utilisée est de se porter simultanément vendeur et acheteur des prêts hypothécaires négociés sur le marché secondaire. Mais contrairement aux autres corporations, elles sont exemptes de taxes locales ou fédérales, et également de se conformer à certains critères de la SEC (Security Exchange Commission) en matière de comptabilité. Il n’y avait pas de raison, sinon idéologique, à ce que cette mission soit confié à une société d’économie mixte. Le marché de l’assurance maritime fut créé au café d’Edward Llyod, en 1688 à Londres, par des marchands, des marins et des propriétaires de navires.

Si les sœurs jumelles étaient des sociétés privées, elles n’auraient jamais pu prendre autant de risques. Les sociétés lourdement endettées sont sanctionnées par le marché à travers les agences de rating qui émettent une note négative. Les investisseurs avisés sont plus réticents à leur prêter de l’argent. Ce n’est pas leur cas puisqu'elles ont bénéficié de la présomption, maintenant établie, que l’État fédéral se porterait in fine à leur rescousse. Jouissant de cette impunité, elles se sont lancées dans une folle fuite en avant. Elles ont construit une pyramide de dette. A partir d’une base réduite de capital de 80 milliards de dollars, elles ont apporté leur garantie à plus de cinq billions de dollars ! Cela représente un ratio (fonds propres/garantie) de 1,6%. Pour mémoire, les banques privées ont été soumises au ratio Cooke de 8% après la faillite des banques américaines dans les années 1980. Ce ratio avait été devisé par les gouverneurs des banques centrales, réunis sous l’égide de Peter Cooke à Bâle en 1988, pour conjurer un risque systémique du marché financier.

La leçon du marché

Cette crise des subprime met, une fois de plus, en exergue le rôle néfaste joué par l’État dans une économie de marché. Premièrement, la pyramide de dette hypothécaire n’aurait pu se produire si Fannie Mae et Freddie Mac étaient deux sociétés privées. Deuxièmement, l’État fédéral a incité les ménages à s’endetter plus qu’ils ne le devraient, à travers les déductions d’impôt des intérêts contractés pour l'achat d'un logement.

Ce n’est pas par hasard que deux administrations démocrates - celles de Franklin Delano Roosevelt et de Lyndon Johnson - sont responsables, in fine, de cette débâcle financière. L’étatisme conduit invariablement à déresponsabiliser les acteurs économiques.

L’État doit rester neutre en n’accordant aucune déduction d’impôt pour une quelconque dépense d'un contribuable. Dans le cas particulier de la France, il fausse gravement le fonctionnement du marché par ses innombrables et contradictoires interventions. La solution est de fermer l’ENA (l’Ecole nationale d’administration) et de ne recruter que des gens ayant fait leur preuve dans le secteur privé avec, bien entendu, un contrat à durée déterminée.

Tant que le Minotaure n’aura pas été mis hors d’état de nuire, on aura toujours plus d’impôts et d’usines à gaz. La taxe annoncée de 1,1% sur le capital pour financer le revenu de solidarité active (RSA) n’a-t-elle pas été inventée par l’énarque Martin Hirsch ? A la clé, c’est la ruine assurée de la France pour satisfaire les chimères de cette pseudo élite.

Bernard Martoïa

 

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