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20/6/09 Claude Reichman

La crise française a franchi le point de non retour !

« Tranchons le mot », aimait à dire le général de Gaulle. Eh bien, suivons son précepte : la France ne se sortira pas de la crise actuelle. L’affirmation peut surprendre alors que bruissent les rumeurs de reprise économique. Celle-ci aura forcément lieu, à un moment ou à un autre, plus tôt ou plus tard que prévu, mais elle n’aura aucun effet sur notre pays, dont la chute va inéluctablement se poursuivre et s’accélérer.

La raison de cette catastrophe programmée est simple : nos structures sont à ce point captatrices et destructrices de richesses qu’elles interdisent toute reconstitution de l’épargne et donc tout redressement économique. Il est habituel d’entendre vanter, dans les milieux officiels, le taux d’épargne des Français. Or une chose est de constater le tempérament relativement économe de nos compatriotes, une autre de comprendre qu’en réalité le produit de ces longs efforts n’est plus disponible.

L’essentiel de l’épargne des Français a été prêté à l’Etat, qui l’a englouti dans ses déficits. Si bien que nous ne sommes riches que des promesses de l’Etat de nous rembourser, ce que personne de sensé ne peut croire aujourd’hui. Si une majorité de Français se présentait aux guichets des banques, des sociétés d’assurance et des caisses d’épargne, ils ne tarderaient pas à se heurter à des portes fermées, autrement dit à une banqueroute généralisée.

Or dans le même temps, loin de faire des économies, l’Etat laisse filer toutes ses dépenses tandis que les recettes diminuent dramatiquement. Voici ce que le ministre du Budget et des Comptes publics, Eric Woerth, a déclaré sur BFM Radio le 26 mai dernier :

« Les recettes fiscales de l’Etat en 2009 ne seront pas bonnes. Nous serons, par rapport à 2008, en retrait. On voit bien par exemple que l’impôt sur les sociétés ne rentre pas. L’année dernière, à la même époque, on avait dû encaisser 10 à 12 milliards d’euros. Aujourd’hui, on est peut-être à 1 milliard d’euros. »

Rappelons que dans le budget 2009, la recette prévue de l’impôt sur les sociétés était de 37,4 milliards. Ce qui veut dire qu’au rythme actuel il manquera plus de 30 milliards dans les caisses publiques.

Le même Eric Woerth avouait, pour compléter le tableau, que l’effondrement des recettes de la Sécurité sociale allait l’obliger à porter le plafond de découvert de celle-ci de 18,9 milliards « à 30 milliards avant le 10 octobre, faute de quoi les retraites ne pourront pas être versées ».

Où que l’on se tourne en France, il n’y a plus que déficits vertigineux et fuite en avant. Jusqu’à quand ? Jusqu’au moment où l’Etat ne trouvera à emprunter qu’à des conditions telles qu’il devra y renoncer. C’est alors que l’argent manquera dans tous les domaines où l’Etat le dispense et que les Français, dont les prestations sociales représentent 44 % de leur revenu disponible, recevront la crise en pleine figure, tandis que les fonctionnaires et autres agents publics guetteront chaque jour leur compte en banque dans l’attente anxieuse d’une paie qui n’arrive pas.

La banqueroute de l’Etat est d’ores et déjà programmée, dans la mesure où les entreprises, exsangues, ne sont plus capables de produire la richesse dont le système a besoin pour continuer de fonctionner et où aucune mesure leur permettant de le faire n’est prise.

Le gouvernement est pris dans un piège fatal. S’il économise sur ses dépenses, il aggrave la crise en diminuant les ressources des Français qui en vivent et provoque une explosion sociale. S’il ne le fait pas, il condamne à mort une majorité d’entreprises et aboutit au même résultat … mais un peu plus tard. C’est cette dernière option qu’il a choisie, mais cela ne changera rien à l’issue finale.

Il y aurait pourtant une solution : ne s’endetter que pour alléger les impôts et les charges des entreprises de façon à leur permettre de se redresser, d’investir et d’embaucher. Pour cela il faudrait que le gouvernement ait le courage d’annoncer aux Français que la manne des allocations et des subventions va se réduire afin de permettre de sauver l’économie de notre pays. Il est clair que ce courage manque à nos gouvernants, comme il a manqué à ceux qui les ont précédés.

De ce naufrage collectif de nos présumées élites, va naître le plus grand choc que la France ait eu à subir depuis la dernière guerre mondiale. C’est seulement sur les routes de l’exode, en 1940, que les Français ont réalisé les conséquences de l’impéritie de l’Etat. Bien entendu, celui-ci n’a pas survécu à la catastrophe. La suite est connue. Préparons-nous à des jours difficiles.

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

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