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23/7/11 Claude Reichman
        La France face à une crise sans précédent !

La zone euro n’a été sauvée, le 21 juillet 2011 à Bruxelles, que d’un éclatement imminent. Les problèmes de fond demeurent. Au premier rang d’entre eux, il y a la dette massive de la zone : 8500 milliards. Et celle-ci s’aggrave chaque année de 600 milliards, soit plus que les 440 milliards du Fonds européen de stabilité financière chargé de venir en aide aux Etats en difficulté. Autrement dit, au rythme actuel, il ne faut que neuf mois au déficit supplémentaire pour égaler le montant dudit Fonds !

Certains observateurs avancent l’argument selon lequel on est plus fort quand on fait face ensemble, et non séparément, aux difficultés. C’est vrai, mais à condition d’additionner forces et faiblesses. La zone euro, aujourd’hui, n’a à additionner que des faiblesses !

C’est la raison pour laquelle le point majeur des décisions du 21 juillet n’a pas été le soutien à la Grèce mais celle de « ramener les déficits publics dans tous les pays, à l’exception de ceux bénéficiant d’un programme [de soutien] sous le seuil de 3 % d’ici 2013 au plus tard ».

Rappelons toutefois, pour bien mesurer les enjeux, que même à 3% de déficit, on continue de s’endetter lourdement. Dans le cas de la France, par exemple, cela consiste à ajouter 60 milliards aux 1650 milliards de la dette publique !

Or même une réduction des déficits limitée à 3 % paraît inaccessible à la quasi-totalité des Etats membres de la zone euro, à l’exception de l’Allemagne, qui y est presque déjà. Sauf à décréter partout une rigueur aussi impitoyable que celle que subit actuellement la Grèce qui a vu son déficit reculer de 7 points de PIB (ce qui, à l’échelle française représente 140 milliards d’euro, soit la moitié des recettes fiscales !).

Eh bien, c’est précisément le programme que veut imposer l’Allemagne, pour prix de son soutien, à ses partenaires de la zone et qu’elle a fait acter dans la déclaration finale du sommet de Bruxelles.

Nous sommes donc prévenus : il ne doit y avoir au menu des pays de la zone euro que du sang et des larmes, et ce dès les prochaines semaines, sans quoi l’Allemagne montrera les dents, ranimant aussitôt la plus vive inquiétude sur l’avenir de l’euro, ce qui déclencherait inévitablement la crise finale de la monnaie unique.

Quel est l’observateur prêt à parier que Nicolas Sarkozy, qui s’est depuis son élection refusé à baisser sérieusement les dépenses publiques, va soudain, à quelques mois de l’élection présidentielle, changer son fusil d’épaule et tailler à coups de hache dans les mille milliards qu’elles représentent ? L’euro ne survivra pas à l’incapacité de la France de se réformer !

Il n’est dès lors pas difficile de prévoir que la vie politique française, comme celle des autres pays de la zone euro, va vers des bouleversements encore inimaginables il y a trois ou quatre ans.

Nous l’avions écrit dès l’éclatement de la crise mondiale : financière au début, elle allait devenir économique, sociale et enfin politique. Nous y sommes.

Le cas de la France est le plus dramatique de tous. Il n’y a en effet pas une seule force politique qui soit capable de définir, de défendre et d’appliquer le programme de salut public qui s’impose à notre pays si l’on ne veut pas le voir sombrer dans le chaos. Et aucun des hommes ou des femmes politiques actuels n’a l’envergure indispensable.

Dès lors il n’y a plus que deux hypothèses. Ou bien le lamentable petit ballet politicien que l’on connaît continue jusqu’à la chute finale. Ou bien, dans un sursaut de conscience et par un réflexe vital, les Français appellent à leur tête une équipe nouvelle, qu’on n’aura aucun mal à recruter parmi les innombrables talents qui ont été réduits au silence par les politiciens et les médias et qui, comme toutes les fois où la patrie a été en danger, surgiront comme par miracle, jeunes et aînés confondus, avec à leur tête ces « soldats aux cheveux gris contraints pas la nécessité » dont parlait Homère et qui mettront leur expérience et leur absence d’ambition personnelle au service d’un peuple qui, malgré ses lâchetés et ses abandons, mérite mieux, ne fût-ce qu’à la lumière de son glorieux passé, que de disparaître dans les poubelles de l’histoire.

Ne soyons, comme le disait De Gaulle, « jamais las de guetter dans l’ombre la lueur de l’espérance », elle finira par briller dans les ténèbres.

Claude Reichman



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