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14/6/03 | Claude Reichman |
On aurait grandement tort de ne voir dans la série de grèves et de
manifestations de ces dernières semaines que l'expression d'un égoïsme catégoriel de
la part des salariés du secteur public. Certes, les revendications exprimées portent le
plus souvent cette marque, ainsi que celle d'une complète inconscience de la véritable
situation économique et sociale de notre pays. Revendiquer " trente sept ans et demi
pour tous ", pour les cotisations de retraite est surréaliste quand on sait que
notre système de répartition n'aura plus, dans quelques années, qu'un cotisant pour un
retraité et qu'il ne dispose pas des moindres réserves pour faire face à ce cataclysme
depuis longtemps annoncé. De plus, en se conduisant ainsi, les salariés du secteur
public, dont les retraites - faut-il le rappeler ? - ne baisseront pas, si le plan Fillon
est finalement adopté, alors qu'elles sont beaucoup plus généreuses que celles des
salariés du secteur privé, se rendent coupables, vis-à-vis de ces derniers, d'une
authentique provocation. Du coup, le piège se referme sur la société française, qui se
trouve plongée dans les prémisses d'une guerre civile dont on peut aisément prévoir
qu'elle va rapidement s'aggraver et conduire notre pays au chaos. Or les causes du mal français sont fort simples et ne tiennent qu'au système social adopté par notre pays. Elles peuvent se résumer en une seule formulation : monopole de la sécurité sociale. C'est le monopole qui est responsable du surcoût monstrueux de notre protection sociale. Et de l'excessive modicité des salaires qui en découle, tant dans le public que dans le privé. C'est lui aussi qui est coupable de l'effondrement de notre système de retraite, car aucun dispositif alternatif n'a jamais été mis en place qui aurait pu pallier les conséquences désastreuses de la crise démographique. Les choix sociaux de la France ont été faits en fonction de critères idéologiques et sans aucun souci de l'intérêt des hommes, des femmes et des enfants de notre pays. C'est le collectivisme, qu'il soit communiste ou socialiste, qui y a présidé et qui continue de le faire, alors que partout dans le monde il a été abandonné au profit de solutions privilégiant le libre choix des citoyens. Escroquerie politique L'impasse actuelle est due à la plus grave escroquerie politique que la France ait
jamais connue. Depuis 1974, date d'entrée en fonction de Giscard à la présidence de la
République, la droite modérée est dirigée par la caste technocratique. Or celle-ci a
un impérieux besoin des structures socialistes pour asseoir et augmenter son pouvoir.
Sans elles, cette coterie dénuée de toute assise sociale serait balayée par
d'authentiques représentants des idées de liberté. Il est vital pour les technocrates
de maintenir en esclavage les éléments les plus dynamiques de la population, qui, sans
cela, pourraient légitimement aspirer à diriger le pays. Claude Reichman |