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11/11/11 Matthew Dalton
             Croissance en panne pour l’Europe !

L'Union européenne a réduit ses prévisions de croissance pour l'année à venir et a dit qu'elle ne peut pas exclure la possibilité d'une « récession profonde et prolongée ». La Commission européenne, organe exécutif de l'UE, a déclaré jeudi dans ses prévisions semestrielles que l'économie du bloc des 27 pays se bat avec une faible confiance au milieu de la tourmente financière, des mesures d'austérité des gouvernements et du ralentissement des échanges commerciaux entre partenaires européens.

Le P.I.B. de l’Union européenne, ajusté en tenant compte de l'inflation, devrait croître de seulement 0,6% en 2012, a déclaré la Commission, en forte baisse par rapport à sa prévision de 1,9% il y a six mois. Pour les dix-sept membres de la zone euro, la croissance sera de 0,5% en 2012, contre 1,8% de croissance prévue en mai.

Depuis mai, la crise de la dette souveraine s'est intensifiée, sapant les investissements et la confiance des consommateurs, selon la Commission. Les mesures d'austérité ont supprimé la croissance. La demande du secteur privé, dont les économistes avaient espéré un rebond, n'a pas réussi à prendre la relève.

"La probabilité d'une période prolongée de stagnation est élevée", a déclaré Marco Buti, le directeur de la division de l'économie au sein de la Commission. «Étant donné l'incertitude inhabituellement élevée concernant les décisions politiques clés, une récession profonde et prolongée, aggravée par les turbulences du marché, ne peut pas être exclue."

Le commissaire responsable des affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a lancé une mise en garde importante concernant les projections de la Commission : "Cette prévision repose sur l'hypothèse que des mesures efficaces contre la crise de la dette souveraine vont conduire à un retour progressif à la confiance." (1) L’issue est encore incertaine, alors que les gouvernements de la zone euro sont à la recherche d'un moyen pour sauver l’Italie par la mise en place d’un levier du Fonds européen de stabilité financière.

Les prévisions de la Commission pour le chômage sont aussi sombres. Le chômage devrait augmenter légèrement l'année prochaine, à 10,1% contre 10% en 2011. La prévision du printemps prédisait que le chômage tomberait à 9,7% en 2012. La croissance ne sera pas assez forte dans les prochaines années pour améliorer le marché du travail. «La croissance de l'emploi en 2013 devrait rester relativement maigre. En conséquence, le chômage ne devrait pas baisser dans l'UE à l'horizon prévisionnel", a déclaré M. Rehn.

La Commission s'attend à ce que les disparités déjà importantes entre les pays membres s’accroissent l'année prochaine. La croissance de l'économie allemande devrait atteindre 2,9% cette année et 0,8% en 2012, avec un taux de chômage tombant à 5,9% l'année prochaine, selon la Commission.

Les dirigeants politiques européens cherchent des moyens pour contenir la crise en Grèce et éviter une contagion dans d'autres pays. À l'autre extrémité du spectre, l'économie portugaise devrait se contracter de 3% l'an prochain, avec un taux de chômage de près de 14%. (2) L'économie grecque devrait se contracter de 5,5% cette année et de 2,8% l'an prochain. Le taux de chômage du pays devrait atteindre 18,4% l'année prochaine, nettement supérieur aux prévisions antérieures de la Commission de 15,3%.

Les problèmes que rencontre l'Italie devraient se poursuivre, avec une croissance prévue à 0,1%, en forte baisse par rapport aux prévisions de printemps de 1,3%. Cela aggravera le fardeau de la dette, désormais la principale menace pour l'euro.

La Commission estime que la croissance de la France sera de 0,6% l'année prochaine et que le chômage progressera lentement jusqu'à 10%. Mais ces chiffres n’intègrent pas les mesures d'austérité du gouvernement français qui sont susceptibles de ralentir la croissance et d’augmenter le taux de chômage. (3)

Malgré la vague d'austérité que traverse l'Europe, la dette publique en pourcentage du PIB devrait atteindre un pic en 2013 à 90,9% du PIB. (4) La dette grecque devrait s'élever à 198% du P.I.B. l'année prochaine. Il y a six mois, les planificateurs avaient prévu un ratio de 166% seulement...

Matthew Dalton

Notes du traducteur :

(1) Jusqu’à présent, les dirigeants européens sont toujours dans le déni. Tant qu’ils n’auront pas admis que c’est l’État-providence qui est la cause de leur malheur, il n’y aura pas de cure possible. « Si la première étape dans la guérison d’un drogué est de reconnaître sa dépendance, il y a peu de signes que cela soit le cas des Européens », écrivait le Wall Street Journal dans son éditorial de mercredi.
(2) La contraction de l’économie du Portugal est un très bon signe. Elle signifie que la purge tant retardée des mauvais investissements est en cours. Lire l’article de Frank Shostak sur ce site.
(3) Le S.M.I.C va être revalorisé de 2.1% en décembre. Cela va aggraver le chômage et obérer une croissance déjà atone. Il faudrait supprimer le S.M.I.C pour donner du travail aux jeunes des banlieues. On préfère l’assistanat dans notre Etat-providence, avec une myriade d’allocations croisées qui donnent seulement du travail aux fonctionnaires et aux politiques.
(4) Le seuil de 90% est fatidique selon l’étude de Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff. Au-delà de ce seuil, un pays n’est plus capable d’honorer sa dette. Sans prendre en considération un naufrage de l’Italie, la zone euro est condamnée.

 

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