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Chirac vient de signer contre son gré l'acte de décès du communisme en France |
11/12/04 | Claude Reichman |
Au terme de dix années de manuvres souterraines, les politiciens
français vont devoir assumer leurs actes en matière de protection sociale. Tandis qu'ils
protestaient vertueusement de leur attachement à la Sécurité sociale, ils en sapaient
méthodiquement les bases en transposant - sous la pression européenne - les textes qui
abrogent son monopole et la privatisent purement et simplement. Car il n'y a pas à s'y
tromper : c'est bien d'une privatisation qu'il s'agit. Le dernier texte paru, l'ordonnance
signée le 12 novembre 2004 par le président de la République, Jacques Chirac, le
premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, et les deux ministres concernés, celui des
finances, Nicolas Sarkozy, et celui de la santé et de la protection sociale, Philippe
Douste-Blazy, a levé toute ambiguïté à cet égard. Désormais tous les organismes
gérant un régime d'assurance sociale (maladie, retraite, accidents du travail, chômage)
ne peuvent plus relever que du statut de mutuelle ou d'institution de prévoyance et font
partie, avec les sociétés d'assurance, du secteur financier. Celui-ci est composé d'une
part du secteur bancaire et des services d'investissement, et d'autre part du secteur des
assurances, dont font partie les entreprises d'assurance, les mutuelles et les
institutions de prévoyance, qui exercent leur activité en concurrence entre elles et
avec les entreprises d'assurance de l'Union et de l'Espace économique européen. Elles ne
peuvent en outre imposer leurs services à quiconque, en vertu d'une directive applicable
depuis le 9 octobre 2002. C'est la conséquence ultime et logique des directives
européennes de 1992 sur l'assurance, signées pour la France par M. Mitterrand, qui
disent très clairement ceci : Un système monstrueux La surveillance financière de tous ces organismes est assurée par une commission de
contrôle qui peut transmettre " les informations destinées à l'accomplissement de
leur mission " aux banques centrales des Etats membres de l'Union européenne et à
la Banque centrale européenne. Celle-ci est en effet chargée de la gestion de la monnaie
unique et les dépenses sociales sont incluses dans les comptes budgétaires au sens que
leur a donné le traité de Maastricht. Nous nous sommes beaucoup battus pour faire transposer et appliquer tous ces textes et sans notre action, qui a abouti à la condamnation de la République française par la Cour de justice des communautés européennes et à la transposition finale des directives par le gouvernement de M. Jospin, ils seraient encore à l'état de vux pieux. Nous ne l'avons pas fait par " européanisme ", mais dans l'intérêt national. La Sécurité sociale est un système communiste plaqué artificiellement sur le terreau français et totalement contraire à l'histoire et aux traditions de notre pays. Celui-ci est né et a vécu sous le signe du travail, du mérite et de l'effort individuel sublimé par le sentiment national. La Sécurité sociale est la négation même de ces vertus. Collectiviste et anonyme, elle distribue ses faveurs, obtenues par la spoliation des laborieux, sans le moindre souci du mérite de ses bénéficiaires. Elle crée un sentiment général de paresse, d'irresponsabilité et d'agressivité à l'égard d'autrui qu'on voit culminer aujourd'hui dans la violence qui marque les rapports sociaux. En un mot, la Sécurité sociale est une calamité nationale qu'il fallait abattre : c'est fait ! La France est désormais libre à la fois pour ce qui concerne les comportements personnels de ses citoyens, mais aussi pour plus de la moitié de ses dépenses communes. C'est la plus grande révolution qu'ait connue notre pays depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Bien entendu, les effets de ce séisme ne vont se faire sentir que progressivement, car la vie est faite d'hésitations et de pesanteurs, mais en fait tout va aller très vite, comme lors de l'effondrement du mur de Berlin. Les Français ont été privés de leur liberté par un système monstrueux et dès qu'ils en auront à nouveau humé l'air, ils en retrouveront le souvenir et le goût. L'amour de la liberté ne se perd jamais car il fait partie de la nature éternelle de l'homme. C'est pourquoi il survit même à la succession de générations qui ne l'ont pas connue. Les politiciens qui ont gouverné et gouvernent encore notre pays comptent parmi les plus médiocres et les plus malfaisants de son histoire. Pour trancher le mot, comme aimait à le dire le général de Gaulle, ils sont indignes de la France. S'ils avaient pu empêcher cette formidable réforme, ils l'auraient fait, de toute leur âme ou plus exactement de tout leur intérêt. Car ils savaient fort bien qu'ils ne tenaient leur pouvoir que de l'abaissement de la nation et de l'humiliation de ses citoyens. A la cour de l'Inca, l'étiquette exigeait que les sujets se présentassent courbés par une charge portée sur leur dos. C'est très exactement le protocole en vigueur dans notre " république ". Ses gouvernants n'aiment leurs sujets que courbés sous le poids de l'impôt et des charges. A votre avis, que vont faire les Français soudain libérés de leur fardeau ? Continuer d'obéir à leurs tourmenteurs ? Comme on dit au bistrot du coin, ça serait la meilleure de l'année ! Claude Reichman
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