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La défaite des syndicats est aussi celle de Chirac |
21/6/03 | Claude Reichman |
On a appris le même jour le non-lieu définitif accordé aux directeurs
de cabinet et conseillers de ministres dans l'affaire du sang contaminé et la relaxe des
hauts fonctionnaires de la direction du Trésor dans le scandale du Crédit Lyonnais. Il
ne pouvait pas y avoir de pire gifle à " la France d'en bas ", celle qui
souffre et que la justice n'hésite jamais à condamner. Cette journée marque une date :
la France a eu la révélation brutale que décidément la caste au pouvoir est
inguérissable et qu'il va falloir d'urgence la chasser si l'on veut que la vie publique
retrouve de la dignité. Bien entendu, on nous a expliqué qu'il ne fallait pas " tordre le droit " pour donner satisfaction aux victimes. Comme si le droit n'était pas tordu en permanence par les tribunaux quand il s'agit de châtier ceux qui contestent les agissements illégaux de l'Etat ! Nous applaudirions des deux mains la prise en compte par la justice, dans ces deux affaires, de preuves de culpabilité insuffisantes et du doute qui doit bénéficier à l'accusé si ce type d'arguments était la règle dans les affaires judiciaires. Il n'en est évidemment rien, et il y a bien, en France, une justice pour les faibles et une autre pour les puissants. Encore faut-il savoir qui sont aujourd'hui les puissants. Les chefs d'entreprise ? Que nenni : on n'hésite pas à les jeter en pâture à l'opinion et à les embastiller. Les riches ? Combien de jugements respectent-ils le droit de propriété, qui a pourtant valeur constitutionnelle ? Non, les puissants, les seuls à l'être, sont les hauts fonctionnaires et accessoirement les dirigeants syndicaux adeptes de la violence et toujours absous. A cette nouvelle noblesse d'Etat, tout est permis. Les hauts fonctionnaires peuvent bien fermer les yeux sur " la transmission administrative du sida ", la justice dira qu'on n'est pas certain qu'ils aient été instruits de ce risque. Ils peuvent bien laisser se dilapider par milliards l'argent public, la justice dira qu'ils n'en ont pas vraiment été informés. Coupables ? Non, bien sûr. Et même pas responsables ! Et l'on voudrait que le peuple éprouve du respect pour un régime où de telles murs ont cours ! Le peuple ? Il est tellement écoeuré qu'il se refuse de plus en plus à voter. Ce qui veut dire qu'il se réserve le moyen suprême de la contestation : la rue et la violence. Voilà où nous ont conduits le régime et sa presse aux ordres. On ne réforme pas le communisme Où est le débat démocratique qui pourrait conduire aux réformes ? On n'autorise à
débattre que ceux qui sont d'accord avec le système. Les médias audiovisuels sont la
propriété de marchands d'armes, d'entreprises de travaux publics ou de fournisseurs
d'eau qui ont l'Etat et les collectivités locales, autrement dit la classe politique,
pour seuls véritables clients. Ils ne vont tout de même pas tuer la poule aux ufs
d'or pour de futiles idées telles que la liberté, l'honnêteté, la démocratie, le
droit. Quant aux médias écrits, ils ont également, pour la plupart, les mêmes
propriétaires. Claude Reichman |