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16/12/07 Claude Reichman

La visite de Kadhafi : un désastre pour Sarkozy et pour la France !

La visite en France de M. Kadhafi a tourné au désastre pour Nicolas Sarkozy et par conséquent, puisqu’il s’agit de diplomatie, pour notre pays. Ecartons d’emblée le faux débat consistant à savoir s’il convient de commercer avec des Etats comme la Libye. Tout le monde le fait et la France n’a pas de raison d’être plus intransigeante à cet égard que l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et tant d’autres. Mais aucun de ces Etats n’a jusqu’à présent jugé opportun de dérouler le tapis rouge sous les pas du dictateur arabe, même si leurs dirigeants acceptent de le rencontrer et vont même lui rendre visite.

La terrible erreur commise par le président français a consisté à donner l’impression – sans doute fondée – que l’accueil de Kadhafi était le prix à payer pour la libération des infirmières bulgares et du médecin palestinien. Le preneur d’otages se voyait ainsi gratifié d’un formidable cadeau diplomatique par un pays qui n’était même pas directement concerné – sinon à titre humanitaire – puisque ces malheureuses personnes ne sont pas de nationalité française. Tout à sa recherche effrénée de gloire médiatique, M. Sarkozy n’a même pas aperçu le piège qui lui était tendu. Il semble qu’il ne s’en soit rendu compte qu’en voyant Kadhafi, qu’il accueillait sur le perron de l’Elysée, tendre le poing vers le ciel en signe de triomphe. Dès lors il ne restait plus à notre président et à notre pays qu’à boire le calice jusqu’à la lie, et Dieu sait si la coupe était abondamment remplie : pas moins de cinq jours de présence en France pour le Libyen !

Et notre hôte de se pavaner partout comme en pays conquis, de fulminer des jugements péremptoires sur le comportement de la France en matière de droits de l’homme (domaine où le dictateur de Tripoli a bien entendu une autorité morale incontestable), ou bien encore au sujet de la situation affreuse, selon lui, des femmes en France, de faire interdire la circulation sur les ponts de Paris afin de goûter les charmes d’une promenade en bateau sur la Seine. N’en jetons plus, la cour est pleine …

Pour Kadhafi, cet accueil royal en France est un triomphe. Pour l’opinion arabe du monde entier, il est celui qui a fait plier un grand pays occidental. Les croisés ont dû se rendre à l’évidence : ils n’ont plus d’autre choix désormais que de baiser la babouche des chefs arabes, à commencer par le plus glorieux de tous, Son Excellence Mouammar Kadhafi, ambassadeur plénipotentiaire du monde musulman. Poitiers est effacé, Charles Martel rayé de l’histoire !

Dans nos banlieues, les islamistes triomphent. Que reste-t-il du prestige du président français qui se vantait de « nettoyer la racaille au Kärcher » ? Et de quelle autorité l’élu du 6 mai dispose-t-il désormais pour réformer en profondeur et contre tous les conservatismes un pays qui l’a vu se faire rouler dans la farine par un personnage grotesque mais finalement plus intelligent que celui qui avait cru ne faire qu’une bouchée de lui ?

M. Sarkozy a tout misé sur son exposition médiatique permanente et le spectacle jamais interrompu de ses succès. Il vient de se prendre un bide - comme on dit au théâtre – dont il n’est pas certain qu’il puisse se remettre. Tant il est vrai qu’un prestidigitateur ne doit rater un tour qu’à condition de le faire exprès et pour mieux mettre en valeur le suivant. Sur la scène où il se produit, M. Sarkozy, d’un mouvement preste de la main, a fait surgir Kadhafi sous les yeux du public ébahi, puis il a lamentablement échoué à le faire disparaître. Abracadabrantesque, dirait Jacques Chirac !

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

 

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