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15/7/12 Thierry Desjardins
                        L’autruche de l’Elysée !

Il y avait quelque chose de dérisoire, pour ne pas dire ridicule, dans l’attitude de François Hollande, le 14 juillet, lors de sa première grande interview depuis son entrée à l’Elysée.

On l’attendait évidemment sur le dossier PSA, l’annonce de la fermeture de l’usine d’Aulnay et la suppression de 8.000 emplois. Il s’est contenté de répéter, à plusieurs reprises, que le plan de la direction de Peugeot-Citroën était… « inacceptable ».

Le mot « inacceptable » est absurde. Le plan de PSA est certes dramatique, mais il répond à une situation catastrophique qu’on ne peut pas nier. Peugeot et Citroën ne vendent plus leurs voitures, les stocks débordent de partout, les comptes sont dans le rouge, il n’y a donc plus aucune raison de continuer à produire des véhicules qui vont s’amasser à perte de vue dans les parkings des usines et chez les concessionnaires.

Quand on ne peut plus vendre, on ne peut plus fabriquer et on doit, inévitablement, licencier son personnel. C’est bien sûr cruel, mais tout le monde ne peut qu’accepter cette loi élémentaire et sans pitié de l’économie, qui est d’ailleurs valable pour toutes nos entreprises.

Nier les réalités, refuser l’évidence, taper du pied et donner des coups de menton n’a jamais été une politique responsable. François Hollande n’a pas le choix, il ne peut que s’incliner devant cette catastrophe industrielle qui inaugure bien mal son quinquennat, accuser éventuellement ses prédécesseurs de n’avoir pas su « faire quelque chose à temps », et annoncer, mais avec précision, comment il compte amorcer le « redressement productif » de notre économie. Avoir affublé un ministre de ce vocable inédit est loin d’être suffisant. Et faire faire une « expertise » est évidemment inutile.

En jugeant le plan de PSA « inacceptable », Hollande veut faire preuve de volontarisme. C’était le mot préféré de Nicolas Sarkozy. Le nouveau président a-t-il déjà oublié que l’ancien n’avait pas pu sauver un seul emploi, pas même chez Arcelor-Mittal dont il avait pourtant fait un symbole ? Il est dommage que le président ait aussi oublié la phrase célèbre de Lionel Jospin (qu’il ressort de sa boite de naphtaline) : « L’Etat ne peut pas tout. »

En économie, l’Etat peut brimer à coup de textes, écraser à coup d’impôts, massacrer à coup de démagogie, éventuellement retarder une catastrophe à coup d’aides, mais il ne peut pas inventer des produits, trouver des clients.

Le redressement productif que nous a promis le candidat Hollande exige une gigantesque révolution. Il suppose une totale remise à plat du code du travail, de toute notre fiscalité, une métamorphose de nos syndicats, une reconstruction de l’école et de l’apprentissage…

Affirmer son volontarisme et déclarer la guerre aux patrons, comme il l’a fait hier, relève tout simplement de la politique de l’autruche. Hollande se met la tête dans le sable alors qu’il devrait mettre les mains dans le cambouis.

On attendait aussi Hollande sur la pitoyable affaire du tweet de Valérie Trierweiler. Il avait là l’occasion de fermer définitivement le piètre feuilleton ouvert par sa compagne et relancé par son fils. Il a préféré, là aussi, faire l’autruche en déclarant : « Les affaires privées se règlent en privé. Les Français sont comme moi, ils veulent qu’il n’y ait aucune interférence entre la vie privée et la vie publique ».

Malheureusement pour lui, ni la compagne affichée du chef de l’Etat, ni la candidate officielle du PS aux législatives de La Rochelle, mère des quatre enfants du président, ni le candidat dissident soutenu publiquement par la compagne et finalement élu ne sont des personnages privés.

Le 14 juillet, François Hollande avait l’air d’une autruche qui botte en touche.

Thierry Desjardins

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