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12/3/13 Thierry Desjardins
Hollande tente de vendre sa camelote en province !

Ce voyage de François Hollande en Côte d’Or a quelque chose de dérisoire, de pitoyable, voire même de pathétique. On nous dit que le président de la République a décidé de prendre son bâton de pèlerin et d’aller, toutes les six ou huit semaines, passer deux jours dans une ville de province pour rencontrer les Français, les écouter et surtout leur faire comprendre qu’un « cap » était désormais fixé et que les mesures adoptées ou sur le point de l’être allaient sortir le pays de la récession, du chômage et du marasme dans lequel il sombre depuis si longtemps.

En fait, Hollande repart en campagne, comme un vulgaire candidat, avec l’espoir de regagner quelques points dans les sondages. Il va donc tenir des réunions, serrer des mains, faire des promesses et assurer tout le monde qu’avec lui au pouvoir tout va aller beaucoup mieux.

L’ennui c’est qu’il n’est plus candidat mais président de la République. Et qu’il l’est depuis dix mois. Le temps des discours enflammés et prometteurs, des effets d’estrade et de manche et des « demain on rasera gratis » est donc terminé pour lui. Il ne peut plus vendre le programme dans le hall du théâtre car la représentation a bel et bien commencé et les spectateurs commencent à s’impatienter, voire à siffler devant le spectacle qu’il leur offre.

Soyons justes. Tous les présidents ont pratiqué le bain de foule provincial. Chacun à sa façon. De Gaulle avec majesté, Pompidou sans conviction, Giscard avec ennui, Mitterrand avec détachement, Chirac en adorant cela, Sarkozy entouré de CRS. Tous pensaient que Zeus devait parfois descendre de l’Olympe et aller se faire acclamer par la plèbe puisqu’elle avait le droit de vote. La plèbe en question était d’ailleurs, le plus souvent, ravie de voir de ses propres yeux le successeur si ce n’est l’héritier de Saint Louis, de Louis XIV et de Napoléon. On le sait, tout républicains qu’ils soient, les Français sont encore royalistes.

Mais cela ne marche pas avec Hollande. A force de découvrir ce président qui se voulait « normal », les Français ont fini par le trouver plus que « normal », autant dire médiocre. Il n’est pas le souverain qui parcourt son royaume, applaudi par ses sujets. Il a l’air d’un VRP, d’un représentant de commerce qui tente de vendre sa camelote de bourgade en bourgade.

On reprochait (à juste titre) à Sarkozy de ne pas « faire » président parce qu’il « dégottait » mal avec ses tics et son déhanchement. On reproche à Hollande de ne pas « être » président parce qu’il a l’air d’un plouc avec son sourire benêt et ses fameuses « blagues à deux balles ».

Mais il y a, bien sûr, pire encore. Les Français ne vont plus écouter Hollande pour savoir ce qu’il aurait éventuellement l’intention de faire pour tenter de sauver le pays. Neuf mois après sa prise du pouvoir, ils lui demandent des comptes, ils lui rappellent ses engagements, ils l’interpellent sur le changement, le chômage, la justice sociale, la croissance. Et il n’a rien d’autre à leur répondre que de nouvelles promesses balbutiantes. C’est déjà l’heure d’un premier bilan et il est épouvantable.

Comment s’étonner qu’à la cité des Grésilles qui compte 32% de chômeurs, la petite fête ait été perturbée par quelques manifestants qui lui ont demandé un peu vertement : « Où en sont les promesses ? » Les policiers se sont aussitôt jetés sur eux et Rebsamen, sénateur-maire de Dijon, partisan inconditionnel du cumul des mandats et organisateur du voyage, les a qualifiés d’« olibrius ».

Combien y a-t-il aujourd’hui en France d’« olibrius » qui ne voient pas le chômage baisser, la croissance redémarrer, les investissements ou la consommation reprendre, la dette diminuer, l’avenir s’éclaircir ?

D’après les derniers sondages, nous sommes environ 70% d’« olibrius » dans le pays. Une écrasante majorité d’« olibrius » !

Pour sa seconde journée en Bourgogne, Hollande a de la chance. On ne parle plus que de la neige et du Conclave. On ne parlera donc pas des « olibrius » du jour.

Mais attention quand même. L’Histoire prouve qu’il arrive parfois que les « olibrius » finissent par se fâcher…

Thierry Desjardins


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