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22/3/12 | Thierry Desjardins |
Cette guerre qui surgit au coin de nos rues ! L’assassin des trois enfants et de l’enseignant de l’école juive de Toulouse et des trois militaires de Toulouse et de Montauban était-il un fou meurtrier ou un terroriste ? Il se revendiquait d’Al Qaïda, avait été en Afghanistan et au Pakistan et a massacré des enfants juifs pour venger des enfants palestiniens tués par l’armée israélienne et des soldats français pour punir l’armée française de sa présence en Afghanistan. Mais cela ne prouve pas pour autant qu’il ait réellement fait partie d’un groupe terroriste ou d’un réseau islamiste. Loubard de banlieue, d’origine algérienne, quinze fois condamné par la justice, ce petit délinquant avait tenté de s’engager dans l’armée puis dans la Légion. Rejeté par tous et devenu haineux de notre société, il a pensé trouver sa voie en rejoignant les fanatiques islamistes qui ont déclaré la guerre à l’Occident. Il a gagné par ses propres moyens (et non pas grâce à des filières traditionnelles) les zones contrôlées par les Talibans et Al Qaïda à la frontière pakistano-afghane et ne semble pas avoir été enrôlé dans les bandes rebelles de la région ni même avoir été affilié aux réseaux terroristes. Et il est rentré « bredouille » dans sa région toulousaine mais bien décidé à mener, seul, le « djihad ». Nos responsables ne semblent pas avoir compris ce qu’était cette « guerre
de civilisation » que nous ont déclarée ces radicaux de l’Islam. Ils ne
veulent pas seulement redonner l’Afghanistan aux Talibans, instaurer leur
loi dans tous les pays musulmans et rayer Israël de la carte. Ils veulent
aussi abattre la civilisation « judéo-chrétienne », la démocratie dans nos
pays, nous imposer la Charia et le califat, voiler nos femmes, couper la
main de nos voleurs. Ils se sont lancés, au nom d’Allah, dans une vaste
conquête, cette fois de la planète toute entière. Nous n’avons pas en face de nous une armée structurée mais une gigantesque foule parmi laquelle peuvent, à tout moment, jaillir des fanatiques prêts à tout pour répondre non pas à un ordre venu d’une grotte perdue au fin fond des montagnes afghanes mais à la haine qu’ils ont contractée en écoutant des prêches enflammés dans des mosquées plus ou moins clandestines de nos cités de non-droit ou simplement en ruminant leur rancœur contre notre société. On reproche déjà à nos services de police de ne pas avoir mieux surveillé Mohamed Merah qui était fiché à la fois comme délinquant et comme ayant séjourné en Afghanistan. Mais combien y a-t-il de jeunes musulmans, aujourd’hui sur notre territoire, ayant fait « le voyage initiatique » dans les montagnes afghanes ? Sans doute quelques centaines. Mais surtout combien y a-t-il de jeunes issus de l’immigration musulmane, sans formation, sans travail, sans espoir, pleins de haine contre « nous » et prêts à se transformer en « bénévoles du djihad » pour devenir les héros des médias pendant quelques heures et des martyrs d’Allah ? Nous avons, évidemment, sous-estimé ce terrible danger et les mesures annoncées à la va-vite par Nicolas Sarkozy semblent dérisoires et inapplicables. Poursuivre ceux qui se connectent à des sites islamistes ou ceux qui sont allés « en voyage » au Pakistan ou en Afghanistan serait une atteinte à la liberté et surtout impossible à faire. Tout comme il semble illusoire de vouloir contrôler le travail de propagande des islamistes au cœur de nos prisons. Ces drames de Montauban et de Toulouse risquent, bien sûr, de raviver l’islamophobie ambiante. C’est, évidemment, le souhait des islamistes. Vont-ils jouer un rôle dans la campagne électorale ? Tous les candidats ou presque se sont précipités sans pudeur à Toulouse et à Montauban, chacun reprochant aux autres de faire de la récupération. Si les Français ont été soulagés par l’efficacité de nos services de police, il n’est pas sûr qu’ils en sachent gré au candidat Sarkozy et ils pourraient bien reprocher aux autres ces tentatives de récupération. En fait, aucun de nos responsables politiques n’a la moindre idée de ce qu’il faudrait faire face à cette guerre dont les combattants peuvent surgir aux coins de nos rues. Les « bénévoles du djihad » sont aussi difficiles à détecter que les fous furieux pris soudain d’une rage de tuer. Ils leur ressemblent étrangement. Thierry Desjardins |