www.claudereichman.com |
A la une |
8/7/14 | Thierry Desjardins |
Le grand congrès des fossoyeurs ! On a, d’un côté, un patronat qui a sans doute commis bien des erreurs mais qui, depuis des décennies, crève sous le poids d’une législation d’une autre époque et qui réclame à cor et à cri des réformes, des ruptures, des évolutions, une mise à jour de textes totalement obsolètes et liberticides qui l’oppressent, l’étranglent, l’asphyxient. Et, de l’autre côté, des syndicats qui, au lieu d’être, comme dans la plupart des autres pays industrialisés, à la recherche de solutions « consensuelles » pour tenter de sauver (et même de faire prospérer) les entreprises et donc l’emploi, s’arcboutent sur ce qu’ils appellent « la défense des avantages acquis », avantages qui ne sont que des privilèges accordés jadis à certains et alors que nous étions dans un autre monde, où l’univers se limitait pratiquement à la vieille Europe. Nos syndicats sont sans doute les derniers sur la planète à considérer les patrons comme des ennemis (de classe, bien sûr) dont le seul objectif serait d’augmenter davantage encore leurs bénéfices en pressurant toujours plus leurs salariés, en réduisant les salaires, voire en licenciant à tours de bras, pour le plaisir. Ils continuent à lire Marx et surtout Zola. Et la CGT reste la seule véritable organisation marxiste de ce début du XXIème siècle, si l’on met à part la Chine, la Corée du Nord, le Vietnam et Cuba. Personne ne veut voir que ces « partenaires sociaux » ne représentent plus personne depuis belle lurette. Moins de 8% des salariés français sont syndiqués. Plus de 92% ne le sont donc pas ! Et encore faut-il préciser qu’une écrasante majorité de ces 8% de syndiqués sont des fonctionnaires, c’est-à-dire des privilégiés qui ont la garantie de l’emploi (avantage suprême dans un pays qui compte plus de 5 millions de chômeurs) et pour lesquels les mots de « concurrence », « compétitivité », « rentabilité », « mondialisation », « faillite » et « licenciement » n’ont aucun sens. Se croyant encore à l’époque du Front Populaire et des « Deux cents familles », ces syndicalistes ne se demandent pas une seule seconde pourquoi la France s’est totalement effondrée, pourquoi des pans entiers de notre économie ont disparu, pourquoi la plupart de nos régions industrielles jadis prospères, comme le Nord ou la Lorraine, sont devenues des friches industrielles. Ils sont contents. Grâce à eux, la France est le pays où l’on travaille le moins, 35 heures par semaine, où l’on part le plus tôt à la retraite, 60/62 ans, et où les entreprises paient le plus d’impôts. Et qu’importe pour eux si nous avons beaucoup plus de 10% de chômeurs et si nos jeunes n’ont d’autre espoir que l’exil. Thierry Lepaon, de la CGT, Jean-Claude Mailly, de FO, et Laurent Berger,
de la CFDT, s’imaginaient, sans doute, qu’avec le retour de leurs amis
socialistes à la tête de l’Etat et un président qui déclarait que la finance
était son ennemie personnelle, ils allaient connaître un nouvel âge d’or et
pouvoir continuer à « plomber » le pays. Ils s’aperçoivent aujourd’hui que,
par la force des choses et sous la contrainte des chiffres, François
Hollande tente de devenir social-démocrate, que Valls « fait des cadeaux au
Medef » (en reportant partiellement le compte pénibilité) et que Sapin
annonce que la finance est son meilleur ami. Cette 3ème Grande conférence sociale qui s’est ouverte lundi montre à
l’évidence à quel point ce pays est en mauvais état, pourri de partout et
même ridicule.
|