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12/12/12 Thierry Desjardins
     Depardieu n’a fait que déclamer la Déclaration
                        des Droits de l’Homme !

Une fois de plus, on doit se poser la même question : qui est « le mauvais Français » des deux, le chef de l’Etat qui après avoir déclaré qu’il n’aimait pas les riches et que son seul ennemi était la finance s’est mis à massacrer ceux qui avaient de l’argent, ou le type riche, voire richissime, qui en a marre d’être matraqué et qui décide d’aller vivre à l’étranger ?

L’annonce de l’exil en Belgique de Gérard Depardieu rouvre encore le débat.
Naturellement, il est facile de dire que l’acteur n’est qu’un salaud qui refuse de faire preuve d’un minimum de solidarité avec ses compatriotes les plus malheureux et que, comme Clavier parti à Londres, Arnault parti à Bruxelles et beaucoup d’autres partis vers des paradis, voire simplement des purgatoires fiscaux, il n’est plus digne d’être français. Un député aussi socialiste que ridicule vient d’ailleurs de demander le plus officiellement du monde que tous les exilés fiscaux soient déchus de la nationalité française. Comme si, pour être digne d’être français, il fallait payer des impôts. Il ignore sans doute que plus de la moitié des Français ne paie pas l’impôt sur le revenu…

En fait, il faudrait que chacun soit honnête avec lui-même. Combien d’entre nous ayant eu la chance de faire fortune accepteraient de gaité de cœur de se faire dépouiller par l’administration des Finances ?

On ne relit pas assez souvent la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 qui est notre texte fondateur. Les articles 13, 14 et 15 sont explicites. Article 13 : « Pour l’entretien de la force publique et pour les dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable. Elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés ». Tout le monde est d’accord même si, aujourd’hui, « tous les citoyens » ne participent pas à cette « contribution commune et indispensable ».

Mais les articles 14 et 15 sont plus intéressants encore. Article 14 : « Tous les citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes, ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée ». Article 15 : « La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration ».

Il n’est pas sûr que Gérard Depardieu connaisse ces articles de la Déclaration des Droits de l’Homme mais il est évident que si, entre deux cuites, il a tenté de « suivre l’emploi » de la contribution publique et qu’il a essayé de « demander compte à un agent public de son administration », on comprend qu’il ait pris ses cliques et ses claques et décidé de déposer ses baluchons de l’autre côté de la frontière.

C’est là l’argument essentiel et difficilement réfutable de tous nos exilés fiscaux. Ils ne refusent pas, disent-ils, de payer l’impôt mais ils ne supportent plus de voir ce que l’Etat en fait.

Quand on leur dit qu’il faut bien payer les fonctionnaires, ils répondent que 6,5 millions de salariés de la collectivité pour 60 millions d’habitants, c’est beaucoup trop et ils ont raison.

Quand on leur fait remarquer que c’est avec leurs impôts qu’on finance l’Ecole et les hôpitaux, ils rétorquent que, vu l’état de l’Ecole et de nos hôpitaux, c’est vraiment trop cher payer. Difficile de leur donner tort.

Et quand on leur affirme que, dans un pays comme la France, il est normal de venir en aide aux plus « défavorisés », ils rappellent, à juste titre, que ce système de généreuse solidarité et d’assistanat généralisé, unique au monde, nous dit-on, a produit, aujourd’hui, 8,5 millions de « pauvres » qui survivent avec moins de 964 € par mois et 800.000 personnes qui, pour manger, ont recours aux Restos du cœur ou à différentes soupes populaires. Notre système de protection sociale est devenu une usine à fabriquer de la misère.

Que les prélèvements obligatoires soient en France parmi les plus élevés du monde est une chose, mais le pire est que cet Etat soit à la fois en déficit chronique et incapable d’assumer ses responsabilités les plus élémentaires.
Tant que cet Etat ne fera pas un usage décent des sommes considérables qu’il confisque - car c’est bien le mot - aux plus riches, il ne pourra pas leur reprocher d’aller voir ailleurs.

Le Premier ministre vient d’annoncer, au cours d’un raout médiatique dont nos gouvernants ont le secret, la politique qu’il comptait mener pour lutter contre cette pauvreté qui s’accroît d’une manière dramatique à travers le pays.

Tout le monde sait que la pauvreté c’est le chômage et rien d’autre et que, pour lutter contre le chômage et donc la pauvreté, il faut simplement relancer l’économie, c’est-à-dire libérer les entreprises du poids des charges et des règlementations et permettre une reprise de la consommation.

Or, que propose Jean-Marc Ayrault pour lutter contre la pauvreté ? Une augmentation des allocations versées aux plus défavorisés. Au lieu de financer l’emploi, il subventionne le chômage !

Mais il y a beaucoup plus grave que la fuite des grands patrons et des acteurs célèbres, c’est l’exode massif des jeunes, diplômés ou non, qui ont compris qu’avec des dirigeants pareils, ils n’avaient plus d’avenir dans leur pays.

Thierry Desjardins

 

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