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28/2/10 Thierry Desjardins
             Les derniers riches vont déménager !

Comme la plupart des Français, François Hollande n’a jamais aimé les riches. Il l’a répété à maintes reprises. N’étant pas lui-même un économiquement pauvre, cette détestation a quelque chose d’un peu masochiste. Mais étant socialiste, il est bien obligé de reprendre le refrain habituel de tous ses prédécesseurs : « Faisons payer les riches ». C’est évidemment plus facile que de faire payer les pauvres même si, hélas, les riches sont beaucoup moins nombreux que les pauvres. Notons d’ailleurs, au passage, que l’expérience souvent tentée n’a jamais été concluante.

La campagne présidentielle donnant lieu à toutes les surenchères, le candidat socialiste nous a annoncé, hier, que, s’il était élu, il instaurerait une tranche d’imposition de 75% pour les revenus supérieurs à 1 million d’euros par an. A ce rythme-là, il est vraisemblable qu’il aura imaginé une tranche à 110 ou 120% pour ces mêmes grosses fortunes avant le premier tour des élections.

Peu de Français ont de tels revenus. Et les derniers résidant encore dans le pays, ont dû, dès ce matin, à la lecture des sondages, téléphoner à des entreprises de déménagement et à quelques agences immobilières belges ou suisses.

Les autres ont sans doute été contents. Quand on sait que 8 millions de Français vivent sous la ligne de pauvreté et que les patrons du CAC 40 touchent, en moyenne, plus de 2 millions d’euros par an, il y a une certaine satisfaction à apprendre que ces « gros richards », sûrement ventripotents et fumant toujours le cigare, vont être matraqués.

Cela dit, il ne faut pas confondre justice sociale (ou fiscale) et démagogie. S’il est parfaitement normal que les plus favorisés participent davantage que les autres à l’effort commun (ce qui est déjà plus ou moins le cas dans un pays où moins de 50% des ménages paient l’impôt sur le revenu) le but d’une politique est d’améliorer le sort des plus pauvres, pas d’appauvrir (ou de faire fuir) les plus riches. Car, contrairement à ce que semblent penser nos braves socialistes, la société n’a rien à voir avec les vases communicants et ce n’est pas en accrochant les milliardaires à la lanterne qu’on donnera de la brioche aux affamés.

Nicolas Sarkozy a triomphé en 2007 en promettant aux Français qu’avec lui ils allaient « gagner plus ». La promesse n’a malheureusement pas été tenue, c’est le moins qu’on puisse dire. Hollande semble croire qu’en disant qu’avec lui les riches « gagneront moins », il plaît aux électeurs. Ce n’est pas sûr, en tous les cas ce n’est pas suffisant.

A moins de deux mois du scrutin, il faudrait que François Hollande change de registre, pour ne pas dire de braquet. Jusqu’à présent, il s’est présenté, avec succès, en opposant. Adversaire de Sarkozy, « le président des riches », ennemi du monde de la finance, responsable de tous nos maux. Mais s’il veut l’emporter au sprint final, il faut qu’il fasse autre chose que de « l’anti », que ce soit l’anti-sarkozisme ou l’anti-riches.

Il nous avait promis qu’il « enchanterait le rêve français ». Ce rêve français ne se limite pas à voir Sarkozy sortir de l’Elysée et les dernières grosses fortunes quitter le pays. Ou alors - et nous y allons tout droit - il ne sera élu que par défaut.

Les Français veulent toujours si ce n’est « gagner plus », du moins vivre un peu mieux. Or Hollande ne nous a toujours pas expliqué comment, après avoir chassé Sarkozy et terrassé les patrons du CAC 40, il transformerait le rêve en réalité.

Thierry Desjardins


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