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21/6/11 Thierry Desjardins
         Faut-il rouvrir les maisons de correction ?

Nos responsables politiques semblent découvrir aujourd’hui - à moins d’un an des présidentielles - que les sales gosses, les sauvageons, les loubards, les voyous, la racaille posent un problème. D’après des chiffres plus ou moins officiels, il y aurait en France 8.000 jeunes de 16 à 18 ans qui seraient entre la délinquance et la criminalité et dont on ne sait pas quoi faire puisqu’aux yeux de la loi ils sont considérés comme des… enfants.

Première question : à quel âge devient-on un adulte, c’est-à-dire un individu pleinement responsable de ses actes devant les tribunaux ? Il y a plus de 35 ans, conscient de l’évolution des choses, Giscard avait abaissé l’âge de la majorité légale de 21 à 18 ans. Il n’était pas absurde de donner le droit de vote à un jeune entré en faculté ou dans la vie active.

Mais notre société a fait des « progrès » depuis. Les pages des faits divers se sont remplies de vols, d’agressions, de viols et même de meurtres commis par des « gamins ». Ne faudrait-il pas alors abaisser l’âge de la majorité pénale de 18 à 16 ans ? Evidemment. Le « gosse » de 17 ans qui braque une vieille dame, trafique de la drogue ou tue un passant n’est plus un enfant. Et en tous les cas pas un enfant de chœur. Il n’a plus sa place devant un tribunal pour mineurs.

Deuxième question : que faut-il en faire ? Tous les experts sont d’accord pour affirmer que la prison n’est pas la bonne solution. Elle serait « criminogène ». Il est évident qu’un jeune délinquant ayant partagé pendant quelques mois sa cellule avec des truands chevronnés a peu de chances de trouver le droit chemin à sa sortie de prison.

Certains proposent alors des centres spécialisés avec même, comme Ségolène Royal, un encadrement militaire. L’armée a-t-elle pour vocation la réinsertion des délinquants et nos officiers ont-ils été préparés pour être des matons ? Non, bien sûr. Biribi n’est plus à l’ordre du jour.

Il faut rester simple. Comme tout travail mérite salaire, toute faute mérite sanction. Le châtiment est la meilleure réponse au délit et au crime. Ne serait-ce que parce que sa menace est (relativement) dissuasive. Qu’on ne nous raconte pas n’importe quoi, la crainte d’aller passer quelques mois derrière des barreaux est sûrement plus efficace que la perspective d’aller, éventuellement, dans un centre aéré, entouré de psychologues attentifs et d’éducateurs prévenants, plus ou moins spécialisés.

Si l’on veut éviter la promiscuité criminogène, il suffit de créer des prisons pour jeunes délinquants. Ca s’appelait les maisons de correction. Ce n’était pas réjouissant, ça créait évidemment des fortes têtes rebelles à la société, mais qui peut imaginer que les centres aérés vont transformer nos voyous délinquants en charmantes petites têtes blondes ?

Naturellement, avant de parler de répression il faut toujours parler de prévention. C’est évidemment la société, le chômage, l’école, l’immigration mal gérée, les cités de non-droit, l’absence d’avenir offert aux jeunes qui sont les premiers responsables de l’explosion de la délinquance et de la criminalité notamment dans cette tranche d’âge.

Mais avant de transformer tout cela - on peut rêver - il faudrait tout de même reconnaître qu’il y a, malheureusement, des jeunes, et des moins jeunes, qui préféreront toujours s’attaquer à une banque plutôt que d’aller pointer aux allocations chômage. Une société, toute angélique qu’elle soit, doit, d’abord, se défendre et mettre hors d’état de nuire certains individus avant de se préoccuper de leurs antécédents et de leur mal de vivre.

Oui, il faut abaisser l’âge de la majorité pénale, oui il faut adapter nos prisons à cette nouvelle « clientèle ».

Mais, comme le mariage des homosexuels ou la libéralisation du cannabis, il n’est sûrement pas souhaitable de n’aborder ce sujet qu’en période préélectorale. Or, on a, hélas, l’impression que cette campagne qui commence va se placer sous le thème des peurs. Il n’y a rien de pire.

Thierry Desjardins


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