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23/1/12 | Thierry Desjardins |
Monsieur Prudhomme au Bourget ! C’était donc hier le premier très grand meeting de campagne du candidat Hollande. 25.000 personnes se pressaient au Bourget pour l’entendre et l’acclamer. Des gens venus si ce n’est de tous les horizons du moins de toutes les fédérations socialistes de France et de Navarre. Il n’y a aucun doute que l’artiste (qui succédait à Yannick Noah sur la
scène) a remporté un franc succès. Les Français ne vont plus à l’église mais
ils adorent les Grands messes électorales avec tam-tams, cornes de brume et
calicots. Il est évident que François Hollande a su convaincre les convaincus,
passionner les passionnés, enthousiasmer les enthousiastes. Ces meetings ne
sont pas faits pour recruter de nouveaux adeptes mais pour faire plaisir aux
militants. Hollande remonte dans les sondages (celui d’hier lui accorde 30% d’intentions de vote au premier tour, contre 23% à Sarkozy, 18% à Marine Le Pen et 13 à Bayrou) parce qu’il continue à jouer, avec un brio incontestable, les Monsieur Prudhomme, les Bouvard et Pécuchet, voire les Raffarin, en maniant de main de maître les lieux communs, les évidences et toutes les banalités du répertoire électoral. Il nous a juré qu’il voulait « une France de la justice, de la solidarité, du civisme, de la diversité ». Qui pourrait ne pas être d’accord ? C’est en nous disant le contraire, en prônant l’injustice et l’égoïsme, qu’il aurait surpris son monde et se serait affirmé. Dès hier soir, certains se sont amusés à lui faire dire le contraire de ce qu’il nous promet. L’effet est garanti : « L’immobilisme, le naufrage, le désespoir, c’est maintenant », « Le quinquennat doit s’ouvrir sur une absence de réformes », « Ce qui manque à l’Europe, c’est l’immobilisme, il faut une Europe de récession, d’égoïsme, ouverte à tous les vents », « Celui que vous voyez ici, ce n’est pas moi », « Je ne veux pas conquérir le pouvoir parce que je suis vorace », « Aujourd’hui, c’est moi qui porte votre désespoir » « Je suis totalement inconscient de la tâche qui est la mienne et je ne suis absolument pas prêt à assumer cette responsabilité », etc. Ce petit jeu (de potache) n’est pas inutile. Il permet de voir à quel
point François Hollande entend se présenter en
candidat « normal », banal, insipide, sans saveurs ni couleurs. A voir les
sondages, il a peut-être raison. C’est ce que les Français paraissent
souhaiter. L’ennui c’est que la France, elle, a évidemment besoin d’autre
chose. Mais les électeurs n’ont jamais que ce qu’ils méritent.
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