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23/1/12 Thierry Desjardins
              Monsieur Prudhomme au Bourget !

C’était donc hier le premier très grand meeting de campagne du candidat Hollande. 25.000 personnes se pressaient au Bourget pour l’entendre et l’acclamer. Des gens venus si ce n’est de tous les horizons du moins de toutes les fédérations socialistes de France et de Navarre.

Il n’y a aucun doute que l’artiste (qui succédait à Yannick Noah sur la scène) a remporté un franc succès. Les Français ne vont plus à l’église mais ils adorent les Grands messes électorales avec tam-tams, cornes de brume et calicots.

Visiblement, hier après-midi, « le peuple de gauche » était ravi de s’être retrouvé, enfin, un « Dieu » à honorer. Ca sentait un peu la nostalgie de 1981. D’ailleurs Mauroy, Fabius, Edith Cresson et quelques autres anciens combattants d’antan étaient au premier rang, histoire sans doute de rappeler que ce n’était pas parce que le PS avait perdu les trois dernières batailles qu’il n’avait jamais connu de victoires.

Il est évident que François Hollande a su convaincre les convaincus, passionner les passionnés, enthousiasmer les enthousiastes. Ces meetings ne sont pas faits pour recruter de nouveaux adeptes mais pour faire plaisir aux militants.

Certains s’imaginaient naïvement qu’Hollande profiterait de cette première grande occasion pour sortir du flou plus ou moins artistique derrière lequel il se terre prudemment depuis son triomphe aux primaires et qu’il dévoilerait, chiffres à l’appui, quelques précisions sur son programme. Ils en ont été, naturellement, pour leurs frais.

Hollande remonte dans les sondages (celui d’hier lui accorde 30% d’intentions de vote au premier tour, contre 23% à Sarkozy, 18% à Marine Le Pen et 13 à Bayrou) parce qu’il continue à jouer, avec un brio incontestable, les Monsieur Prudhomme, les Bouvard et Pécuchet, voire les Raffarin, en maniant de main de maître les lieux communs, les évidences et toutes les banalités du répertoire électoral.

Il nous a juré qu’il voulait « une France de la justice, de la solidarité, du civisme, de la diversité ». Qui pourrait ne pas être d’accord ? C’est en nous disant le contraire, en prônant l’injustice et l’égoïsme, qu’il aurait surpris son monde et se serait affirmé.

Dès hier soir, certains se sont amusés à lui faire dire le contraire de ce qu’il nous promet. L’effet est garanti : « L’immobilisme, le naufrage, le désespoir, c’est maintenant », « Le quinquennat doit s’ouvrir sur une absence de réformes », « Ce qui manque à l’Europe, c’est l’immobilisme, il faut une Europe de récession, d’égoïsme, ouverte à tous les vents », « Celui que vous voyez ici, ce n’est pas moi », « Je ne veux pas conquérir le pouvoir parce que je suis vorace », « Aujourd’hui, c’est moi qui porte votre désespoir » « Je suis totalement inconscient de la tâche qui est la mienne et je ne suis absolument pas prêt à assumer cette responsabilité », etc.

Ce petit jeu (de potache) n’est pas inutile. Il permet de voir à quel point François Hollande entend se présenter en candidat « normal », banal, insipide, sans saveurs ni couleurs. A voir les sondages, il a peut-être raison. C’est ce que les Français paraissent souhaiter. L’ennui c’est que la France, elle, a évidemment besoin d’autre chose. Mais les électeurs n’ont jamais que ce qu’ils méritent.

Thierry Desjardins


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