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8/10/11 Thierry Desjardins
          Mou, insipide et fadasse, il s’appelle … ?

Même ceux qui, n’étant pas du « peuple de gauche », n’ont pas l’intention de dépenser, demain, un euro pour pouvoir désigner le candidat qui affrontera selon toute vraisemblance Sarkozy en avril prochain, attendent avec intérêt le résultat de ces fameuses primaires.

Comme depuis des mois on lui répète que le candidat du PS ne peut que l’emporter, le « peuple de droite », résigné, se demande lequel, de Hollande ou de Martine Aubry, les « autres » vont choisir pour être le président de tous les Français pendant ces cinq prochaines années qui ne s’annoncent guère paradisiaques.

Ces primaires de gauche ont, évidemment, changé bien des choses. D’abord, elles ont permis de faire oublier l’absence de Strauss-Kahn. Ensuite, grâce à elles, les socialistes ont pu faire la « une » de l’actualité durant des semaines.

Pendant que Sarkozy jouait les va-t-en-guerre triomphant en Libye, les chefs de gare au Maroc et provoquait pour pas cher les Turcs en Arménie, les socialistes, eux, discutaient, tout au long de soirées interminables et devant des millions de téléspectateurs, de la crise, du chômage, des prélèvements obligatoires, de l’école et d’un certain nombre d’autres problèmes de la vie quotidienne des Français. Enfin et surtout, ces primaires ont démontré que tous les socialistes reconnaissaient que le programme du PS était déjà obsolète et que personne, du moins parmi les favoris, n’avait l’intention de faire la révolution.

Tout le monde a d’ailleurs parfaitement compris que les quelques promesses un peu audacieuses faites par les candidats –le retour à la retraite à 60 ans, l’embauche de 60 à 70.000 enseignants, les contrats de génération, etc.- n’étaient que des paroles en l’air lancées non pas pour gagner la présidentielle mais pour l’emporter aux primaires et donc qu’elles n’engageaient en rien pour l’avenir.

On a l’impression que ces primaires de la gauche avaient pour seul but de rassurer l’électorat du centre et bien faire comprendre à tout le monde que leur vainqueur serait un social-démocrate de bon ton, bien modéré, qui tenterait comme il le pourrait de faire face à la situation catastrophique du pays pris dans la tempête mondiale.

On pourrait croire que ces primaires étaient faites pour démontrer à l’opinion que le PS n’avait plus grand-chose de socialiste puisque le seul « révolutionnaire » de la distribution, Montebourg, n’était qu’un outsider et que la « pasionaria » de la bande, Ségolène Royal, avait l’air d’une vieille actrice d’antan tentant un comeback un peu dérisoire. En trois jeux télévisés, le PS nous a fait la promotion de François Hollande, le candidat consensuel du socialisme « mou » et « normal ». On ne chante plus l’Internationale rue de Solferino, on est bien loin du « Grand soir » et des « Aubes prometteuses » et personne ne veut plus « changer le monde ». On veut juste gagner les élections.

Bien propre sur lui, François Hollande ne fait peur à personne, au point qu’en le regardant certains évoquent déjà Guy Mollet et la SFIO d’autrefois. Seuls les plus anciens se souviennent que cette SFIO-là fut catastrophique pour le pays et que Guy Mollet envoya le contingent en Algérie.

Cela dit, à force de se vouloir rassurant, Hollande est déjà décevant. Face à la crise, au chômage, aux déficits, à la désindustrialisation, à la dégringolade générale du pays, la France n’a pas besoin d’un président « normal », « mou », insipide et fadasse. Il lui faudrait, au contraire, un homme d’Etat capable de provoquer un sursaut, une renaissance, de redonner aux Français de l’espoir, de l’ambition et peut-être plus encore le goût d’être ensemble.

La droite ne veut plus de son candidat officiel et n’en a pas d’autre. La gauche qui a perdu sa star mais qui a compris que son heure était arrivée se rabat sur celui qu’elle pense le plus présentable. Et la France attend… Godiche.

Thierry Desjardins


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