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6/7/11 Thierry Desjardins
                 Au Sénat, on affine le fromage !

Tout le monde le sait, il y a de plus en plus de Français qui ont des difficultés à « joindre les deux bouts », sans parler de tous ceux, de plus en plus nombreux eux aussi, qui sombrent dans ce qu’on appelle pudiquement « la précarité ». Mais il y en a tout de même qui savent s’en sortir mieux que les autres.

Les sénateurs viennent de s’attribuer - on n’est jamais mieux servi que par soi-même - une prime exceptionnelle de 3.531,61 €. De quoi s’agit-il ? D’un « rattrapage exceptionnel sur un complément d’indemnité représentative de frais de mandat » (sic !)

Tout augmente en ce moment et il n’y a aucun doute que bien des « rattrapages » s’imposent. Mais il faut savoir qu’un sénateur de base touche tous les mois une indemnité parlementaire de 5.487 €, une indemnité de résidence de 164 €, une indemnité de fonction de 1.412 € et des frais de mandat de 6.142 € ce qui fait tout de même la bagatelle de 13.205 € par mois. On ne peut donc pas dire que les membres de notre Haute Assemblée fassent partie des classes les plus défavorisées de la République.

Comment osent-ils s’attribuer, à l’unanimité, une prime exceptionnelle ? N’ont-ils pas lu les statistiques officielles qui révèlent que 8 millions de Français vivent sous la ligne de pauvreté ? Le président de la République, en pleine précampagne, avait annoncé que les salariés des grandes entreprises ayant fait davantage de bénéfices que par le passé auraient droit à des primes. On ne sait pas trop ce que cette promesse de Gascon est devenue. Le Sénat aurait-il fait « davantage de bénéfices » cette année ?

On s’étonne parfois de la montée de l’abstentionnisme, des votes extrêmes et du fossé qui sépare les élus et le peuple et qui s’élargit d’année en année. On a tort de s’étonner. Et ce n’est pas faire preuve d’un antiparlementarisme primaire que de s’indigner devant cette petite prime exceptionnelle votée en douce par nos sénateurs.

Mais il est vrai que ce sont des « grands électeurs » - et non pas « le peuple » - qui élisent les sénateurs. Or tout « grand électeur » n’a qu’un rêve : entrer un jour, à son tour, au Sénat. Il ne va donc pas gâcher le métier. Un fromage, ça s’affine.

Cela dit, on peut rêver. Un tiers des sénateurs va être renouvelé cet automne. Un grand coup de balai serait le bienvenu. Ils pourront d’ailleurs toujours attribuer une prime de départ aux sortants sortis.

Thierry Desjardins


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