www.claudereichman.com |
A la une |
18/2/12 | Thierry Desjardins |
Le prochain président le sera par défaut ! Personne ne peut reprocher à Nicolas Sarkozy d’être candidat à sa réélection. Tous nos présidents se sont toujours représentés. De Gaulle en 1965, Giscard en 1981, Mitterrand en 1988, Chirac en 2002. Tous ont voulu soit, pour de Gaulle et Giscard, poursuivre leur politique soit, dans les cas de cohabitation, pour Mitterrand et Chirac, corriger celle que leur avait imposée leur Premier ministre. Sarkozy se retrouve donc dans la situation de Giscard en 1981. Ce n’est pas de très bon augure pour lui. D’autant plus que son bilan est bien pire que ne l’était celui de Giscard et qu’il est rejeté « physiquement » par l’opinion beaucoup plus violemment que ne l’était ce même Giscard en 1981. Giscard avait évoqué le premier choc pétrolier pour expliquer ses échecs.
Sarkozy va nous répéter indéfiniment que la crise actuelle frappe la planète
toute entière, qu’elle est la pire qu’on ait jamais connue et que, grâce à
lui, la France s’en est plutôt mieux - ou plutôt moins mal - sortie que
beaucoup d’autres. A l’Elysée, on était persuadé que l’annonce officielle de la candidature provoquerait « un choc » dans l’opinion. Il semble bien que ce n’ait pas été le cas. D’après les tout premiers sondages, Sarkozy n’aurait gagné qu’un seul point en mettant fin à « l’énorme suspens ». Il faut d’ailleurs dire que cette intervention au journal télévisé de 20
heures a été décevante. Non seulement tout le monde s’attendait, bien sûr, à
ce qu’il annonce sa candidature, il n’y a donc eu aucun « effet de surprise
», mais surtout certains espéraient qu’il reconnaîtrait et expliquerait les
innombrables erreurs de son quinquennat, qu’il fixerait un cap fort pour
l’avenir, avec des idées vraiment neuves, avec « une vision », et que
l’ensemble serait animé d’« un souffle ». Cela dit, on sait maintenant sur quels thèmes va se jouer cette campagne. Au-delà des slogans - « Une France forte » pour Sarkozy, « Le changement maintenant » pour Hollande - qui sont aussi faiblards l’un que l’autre, Hollande va attaquer sur le bilan du président sortant, Sarkozy va riposter sur le programme de son adversaire. Le ton est déjà donné. Pour Hollande le bilan de Sarkozy est « un fiasco », pour Sarkozy le programme de Hollande « qui ment jour et nuit » n’est qu’un tissu de fausses promesses. L’ennui pour Sarkozy c’est que personne ne peut nier que son quinquennat ait été « un fiasco », alors qu’il est beaucoup plus difficile - jusqu’à preuve du contraire - d’affirmer que Hollande nous ment délibérément en nous promettant monts et merveilles. Entre un président qui nous a « plombés », même avec des circonstances atténuantes, et qui nous sort par les yeux et un candidat qui nous promet de nous raser gratis demain, le combat est évidemment inégal. Mais Sarkozy est un bon animal de campagne. Il va se battre et se débattre comme un fauve blessé dans son amour propre et qui tient à rester le roi des animaux. Il va donc, pendant ces deux mois à venir, nous sortir de son chapeau des gadgets alléchants. Les deux premiers - recourir aux référendums et transformer les allocations chômage en aides (forcées) à la formation - semblent déjà avoir fait flop. Il va falloir qu’il trouve autre chose. Hollande, lui, ressemble de plus en plus à un vieil éléphant qui regarde le fauve blessé s’agiter et essayer de lui mordiller les pattes. En fait, mais on le savait depuis longtemps, tout va se jouer, non pas sur l’adhésion et l’enthousiasme mais sur le rejet de l’un ou de l’autre. Quand les sondages donnaient 60% des voix à Hollande au deuxième tour, on savait que, sur ces 60%, 20% votaient Hollande par adhésion et 40% par rejet de Sarkozy. Ce sont ces 40% que Sarkozy doit « travailler ». Ce ne sera pas facile. Mais il peut toujours espérer qu’un certain nombre d’électeurs se mette, dans ces dernières semaines, à rejeter Holland en s’apercevant qu’il est socialiste et que son programme est tout de même terriblement utopique. Quel que soit le vainqueur, on sait déjà qu’il l’aura emporté par défaut. Ce n’est pas réjouissant. Thierry Desjardins
|