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17/1/12 Thierry Desjardins
Qui pourra redresser un pays qui ne fout plus rien ?

Il est évident que ces présidentielles de 2012 vont se jouer « bilan contre promesses ». Le sortant, en piteuse situation, va devoir assumer les résultats de son quinquennat. Son challenger, encore donné grand vainqueur, va pouvoir nous faire miroiter des lendemains si ce n’est enchanteurs du moins meilleurs. C’est la règle du jeu.

Sarkozy est au pouvoir depuis cinq ans et la droite depuis dix ans. Le candidat du PS peut donc accuser le président et ses hommes de tous les malheurs qui frappent le pays, le chômage, la précarité, les déficits, la dette, la dégradation des services de l’Etat, le fossé qui s’est considérablement creusé entre riches et pauvres, etc.

La dégradation de la France par les agences de notation n’est que « la cerise sur le gâteau », le constat d’une situation que tout le monde connaissait. Notre pays a, évidemment, dégringolé au cours des dernières années. Il n’est plus compétitif sur le plan international, le déficit croissant de sa balance commerciale le prouve de mois en mois, et l’Etat dépense toujours davantage qu’il ne perçoit, nos déficits qui se creusent le démontrent.

Reste, bien sûr, à savoir « qui » est responsable de cette catastrophe. Ceux qui sont au pouvoir, évidemment. Mais on pourrait aussi se poser la question du « pourquoi ? »

Disons les choses crûment. La situation du pays est devenue épouvantable et plus personne ne fait confiance en la France parce que nous sommes le seul pays au monde à travailler 35 heures par semaine, à avoir abaissé l’âge de la retraite à 60 ans, parce que nous avons « le meilleur système de protection sociale au monde », parce que bien rares sont ceux qui ne bénéficient pas d’une allocation, d’une aide, d’une subvention de la collectivité, ce qui fait que nous sommes, en même temps, le pays où l’on paie le plus de prélèvements obligatoires.

Comment croire en l’avenir d’un pays qui « ne fout plus rien » et qui s’est confortablement endormi dans un système d’assistanat généralisé ?

Or, il faut bien reconnaitre que la plupart de ces « exceptions françaises », des 35 heures à l’âge de la retraite, en passant par un bon nombre de mesures dites « sociales », nous ont été offertes pour ne pas dire imposées par la gauche quand elle était au pouvoir. En clair, c’est beaucoup moins le gouvernement Fillon que le gouvernement Jospin (1997-2002) qui nous a fait perdre notre compétitivité et sombrer dans l’abîme. Mais c’était l’époque où la croissance internationale faisait encore croire à certains utopistes que nous pouvions tout nous offrir.

En dix ans, la droite aurait dû redresser la barre et redevenir réaliste. Chirac, échaudé par les malheurs de Juppé en 1995, n’a rien osé faire pendant son second mandat. Sarkozy arrivant au pouvoir en 2007 et Fillon déclarant, dès les premiers jours, que le pays était « en faillite » ont vaguement « détricoté » les 35 heures, reculé timidement (et maladroitement) l’âge de la retraite, réduit (un peu et, là encore, maladroitement) le nombre des fonctionnaires. Mais l’absence de vision d’ensemble, les passages en force, le manque de pédagogie et surtout d’équité ont braqué les Français contre toutes ces « mesurettes » qui pourtant s’imposaient.

Aujourd’hui, et sans parler de tout ce qu’on peut lui reprocher par ailleurs, Sarkozy paie à la fois la perte de notre triple A, c’est-à-dire la décadence de notre pays, et les mesures qu’il a essayées pour tenter d’endiguer la chute. C’est paradoxal mais, somme toute, mérité. Il voulait être jugé sur les résultats. Il va l’être.

Le problème est de savoir comment François Hollande qui a passé toutes ses années de premier secrétaire du PS à applaudir les 35 heures, la généralisation de l’assistanat et qui nous promet aujourd’hui l’embauche de dizaines de milliers de nouveaux fonctionnaires et de nouveaux contrats aidés, va pouvoir être un tant soit peu crédible quand il va nous parler du redressement du pays devant la crise.

On comprend les électeurs qui ne veulent ni de l’un ni de l’autre. L’un parce qu’il n’a pas su remettre le pays sur les rails, l’autre parce qu’avec ses amis il est en grande partie responsable du déraillement et qu’il ne semble toujours pas l’avoir compris.

Quand on observe les deux dernières décennies, on est obligé de reconnaître que ceux qui, reprenant la fameuse formule de Jacques Duclos en 1969, affirment que l’UMP et le PS c’est « bonnet blanc-blanc bonnet » n’ont pas totalement tort. Il faudrait sans doute autre chose au pays. Bayrou, Villepin, Mélenchon, Marine Le Pen ? Il pourrait y avoir des surprises…

Thierry Desjardins

 

 

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