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26/5/11 Thierry Desjardins
         Affaire des radars : l’équipage d’un rafiot
                                   à la dérive !

Cette affaire de panneaux signalant la présence de radars sur nos routes est totalement absurde.

Tout le monde est d’accord pour dire et répéter qu’il faut tout faire pour tenter de réduire le nombre des morts sur les routes, pour reconnaître que la vitesse est l’une des causes principales des accidents et pour constater que les radars sont l’un des meilleurs moyens pour ramener les fous du volant à la raison.

On s’y était habitué, mais il faut bien avouer que ces panneaux qui prévenaient les conducteurs qu’ils allaient être contrôlés étaient parfaitement ridicules. Ils incitaient les chauffards impénitents à lever le pied pendant cinq cents mètres mais à accélérer de nouveau dès le radar dépassé. Par définition, on n’a pas à prévenir les délinquants qu’ils sont surveillés.

Mais au-delà du problème de ces panneaux - sont-ils dissuasifs ou incitatifs ? - la crise politique que vient de déclencher l’annonce par le gouvernement qu’on allait les supprimer est stupéfiante et étonnamment révélatrice de l’ambiance qui règne aujourd’hui aussi bien au gouvernement que parmi la majorité.

67 députés de l’UMP sont montés au créneau pour s’indigner de cette décision au nom des grands principes, de la liberté des citoyens, de la dignité de la personne humaine, etc.

Or, pas un seul de ces 67 parlementaires de base n’avait jusqu’à présent ouvert la bouche ni à propos du chômage, ni à propos de la présence des troupes françaises en Afghanistan, de la fermeture de nos usines, de la guerre que nous menons en Libye, de nos déficits ou de notre dette, de la situation de l’Ecole, des hôpitaux.

Jusqu’à présent, et depuis des années, au garde-à-vous et le petit doigt sur la couture du pantalon, ces 67 représentants du peuple s’étaient tous contentés d’opiner du bonnet et de voter comme un seul homme tous les textes qu’on leur faisait avaler et avaliser.

Cette soudaine mutinerie de la piétaille parlementaire sur un sujet indéfendable (prévenir les délinquants de la route qu’ils sont sous surveillance pendant cinq cents mètres) est pour le moins surprenante. A croire que ces pauvres types s’imaginent qu’en osant ainsi enfin relever la tête, ils vont sauver leur siège et faire oublier aux électeurs de juin 2012 le bilan de Sarkozy et le soutien docile, soumis et sans faille qu’ils ont apporté depuis 2007 à la politique du chef de l’Etat.

Mais plus étonnant encore est le spectacle que nous offre le gouvernement, avec un Premier ministre et un ministre de l’Intérieur qui, se détestant, se contredisent, se démentent, se désavouent, tentent de refiler le bébé à d’improbables commissions d’études ou parlementaires et donc se ridiculisent en donnant l’image déplorable de l’équipage d’un rafiot à la dérive.

Eux aussi, visiblement, ne pensent plus qu’aux prochaines élections. Mais le problème est délicat. L’Insee semble incapable pour l’instant de dire si le corps électoral compte davantage de chauffards que de veuves de tués sur les routes. On attend donc avec impatience le sondage qui permettra de savoir ce que les Français répondent à la question : « Si les élections présidentielles avaient lieu dimanche prochain, voteriez-vous pour un candidat prêt à faire n’importe quoi pour ne pas vous déplaire ou pour un candidat ayant le sens si ce n’est de l’Etat du moins de ses responsabilités ? »

On pourrait d’ailleurs imaginer une question annexe : « Quelle différence faites-vous entre la démocratie et la démagogie ? »

En voulant éviter le précipice, il semble que le char de l’Etat soit entré dans le panneau.

Thierry Desjardins

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