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3/5/12 | Thierry Desjardins |
Sarkozy n’a pas gagné, donc il a perdu ! Tout le monde sait que ces fameux débats du second tour entre les finalistes de la présidentielle ne peuvent - au mieux - que déplacer 0,5% des intentions de vote. Les derniers sondages donnant François Hollande largement vainqueur avec 53% des voix, le débat d’hier soir était donc sans grand intérêt même si la France entière qui adore ce genre de spectacle rappelant davantage le combat de boxe, voire de catch, que la confrontation d’idées l’attendait avec impatience. Il aurait fallu que le président sortant soit époustouflant, qu’il démolisse totalement le programme du candidat de la gauche, qu’il ratatine son adversaire et qu’il parvienne à justifier ou du moins à faire oublier son quinquennat pour avoir une chance d’inverser les tendances en trois heures de débat et à quatre jours du scrutin. Or, ce ne fut pas le cas. Tout au long du combat, on a eu l’impression que le tenant du titre expliquait déjà les raisons de sa défaite. Il avait fait ce qu’il avait pu, il n’avait pas eu de chance, il y avait eu la crise, on l’avait mal compris, il avait été la victime de toutes les calomnies et l’autre n’était qu’un menteur. Même quand il fut agressif, il était sur la défensive. Et le challenger, lui, était déjà le vainqueur. D’habitude, on ne retient qu’une seule phrase de ces débats - « Le monopole du cœur », « Le passé et le passif », « Monsieur le Premier ministre » ou « Les yeux dans les yeux » - cette fois on se souviendra de la tirade finale de Hollande « Je serai un président qui… ». C’était savamment préparé et remarquablement interprété. Il n’escaladait pas les marches du pouvoir, il était déjà installé sur le trône. Naturellement, ce matin, Copé et ses amis trouvent que Sarkozy a été
excellent en jouant sur l’expérience (qu’il a et que l’autre n’a pas) et en
rappelant quelques réalités (que la crise impose). Et Moscovici et ses amis
affirment que Il faut encore attendre trois jours avant de savoir ce qu’en auront pensé
les électeurs qui n’ont sans doute été ni convaincus par le déluge de
chiffres que les deux protagonistes leur ont imposé ni séduits par les noms
d’oiseaux qu’ils se sont jetés au visage. Il n’a pas été mauvais mais il a radoté et à force de répéter les mêmes arguments (qui ne sont pas tous absurdes) il semblait à bout d’arguments alors que l’autre réussissait à être à la fois déjà président et encore nouveau. En 2007, Sarkozy a gagné en nous promettant « la rupture », cette fois-ci Hollande va gagner en nous annonçant « le changement ». En se vantant de son expérience, Sarkozy a oublié que, depuis des années, les Français voulaient rompre avec le passé et changer les têtes. Thierry Desjardins
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